La chronique du vice-président du Pdci-Rda Kobenan Tah Thomas « Y a-t-il un problème ivoiro-malien ? »
La Chronique ‘’Les Actualités Politiques Ivoiriennes’’, numéro 44 du mercredi 21 Septembre 2022, du vice-président du Pdci-Rda Kobenan Tah Thomas .
Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.
La dépouille d’Elisabeth 2 repose depuis ce 19 septembre auprès de ses paires au palais de Windsor. Adieu la reine et vive le roi Charles 3. Il n’y a rien d’anachronique dans cette soft succession au Royaume Uni et notre actualité africaine. C’est une affaire de succession et l’un des maux de notre continent porte justement sur les transitions politiques entre les régimes. Pour ce qui est du Royaume-Uni, il faut craindre, peut-être, quelques réclamations de certains Etats membres du Commonwealth qui voudront plus d’indépendance vis-à-vis de la couronne britannique ou encore le rapatriement de certains trésors comme le fameux diamant de plus de 500 carats de la République d’Afrique du Sud. En dehors de ces épisodes qui vont meubler les débuts de règne de Charles 3, il faut retenir de cette succession que quand la loi, sa lettre et son esprit, est appliquée dans sa simplicité, on préserve des vies ; même quand les enjeux et les intérêts sont énormes.
Dans la sphère du Commonwealth, il n’y a pas eu que le Royaume Uni dans la question des transitions sans heurts ! William RUTO, le successeur d’Uhuru KENYATTA a prêté serment le mardi 13 septembre 2022 dans un stade de Nairobi. Et comme on le dit en Nouchi, « ça chauffe pas ! ».
Cette transition pacifique kenyane marque un petit pas mais un autre pas important en faveur du recul des présidences à vie avec des faux héros qui manipulent grossièrement ou subtilement les lois pour s’imposer. Monsieur Kenyatta s’est préservé du chant idiot des sirènes de « l’anti-démocrate » ; il s’en va le cœur léger comme l’ont fait avant lui, des hommes de renom dont Nelson MANDELA, Julius NYERERE, Ahmadou AHIDJO, Léopold Sédar SENGHOR…Bref, bienheureux ceux qui, comme ces quelques rares Africains, sauront partir du pouvoir avec la simplicité du cœur d’avoir servi leur peuple. Et de s’être préservé du sentiment outrageant qu’à part eux, la république s’écroulerait.
Autre sphère, autre sujet. Le Secrétaire Général de l’ONU, M. Antonio GUTERRES a jeté un gros pavé dans la marre de l’affaire des 46 soldats ivoiriens en détention au Mali. Une seule phrase aura suffi pour lui pour flouer davantage une question qui était déjà scabreuse. « Non, ce ne sont pas des mercenaires ». L’on note avec étonnement que cette déclaration univoque contredit beaucoup les réponses antérieures de la MINUSMA, celles de la société allemande SAS. Tous sans exclusive avaient nié avoir connaissance de l’arrivée du contingent de 49 soldats ivoiriens et de leurs équipements militaires non homologués avec l’Etat malien. Au surplus, des soldats ivoiriens portaient des identités camouflées. Il y a fort à parier que cette nouvelle position de monsieur GUTERRES n’est moins qu’une opinion personnelle puisque depuis juillet 2022, l’ONU avait tenu une ligne claire et précise sur l’affaire.
Cependant, il ne serait pas exclu que devant le danger d’une escalade plus dangereuse entre la Côte d’Ivoire et son voisin malien, le moindre mal serait de faire des choix sur certaines terminologies dans l’affaire. Car, autant pour le système des Nations Unies que pour les usages du langage de la diplomatie, l’admission du terme mercenaire ruinerait à n’en point douter, toute possibilité d’une médiation fructueuse en faveur de la paix.
Par ailleurs, il conviendra, dans la logique de l’implication onusienne dans la résolution du différend, si bien-sûr cette déclaration du SG en est une preuve, de travailler pour retirer l’affaire du domaine public, où les passions des populations l’emportent très souvent sur les bonnes convenances de discrétion et de retenue de la diplomatie.
L’on retiendra qu’il est légitime que les concitoyens des 46 soldats ivoiriens encore en détention au Mali prennent fait et cause pour ceux-ci. Il est très probablement maladroit que la junte malienne ait proposé d’échanger les 46 soldats ivoiriens contre les opposants vivant sur le sol ivoirien en situation d’asile politique. Personne ne pourra nier que cette proposition s’apparente plus à un chantage qu’à une solution négociée.
Dans tous les cas de figure, il est bon de ne retenir que le Mali est déchiré par un phénomène qui est commun à bon nombre d’Etats de l’Afrique de l’Ouest ; c’est celui du terrorisme. Personne, jusque-là, n’est parvenu à calmer les foyers de terrorisme au Mali, au Burkina Faso…. Personne n’a offert une aide efficace au Mali. Toutes les interventions sont onéreuses et il est de la responsabilité des autorités nationales du Mali de trouver les ressources pour faire face aux besoins de sécurité des populations. Couler au pilori ceux qui gèrent la transition malienne, c’est faire le lit de la faillite institutionnelle de cet Etat. et ça, personne ne le souhaite !
Alors, y a-t-il un problème ivoiro-malien ? Certainement non ! Il n’y a qu’un problème transnational, mondial même qui est le terrorisme. Nos querelles internes ne pourront que nourrir la bonne progression des terroristes.
Merci et à la semaine prochaine.