Côte d’Ivoire/ La COP26 au cœur d’un atelier de réflexion
Une trentaine de membres d’OSC rassemblés à Abidjan pour débriefer de la COP26 et élaborer leurs propositions pour une meilleure prise en compte des enjeux du changement climatique en Côte d’Ivoire
Le jeudi 25 novembre 2021, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Abidjan a accueilli un atelier organisé par Makesense Africa pour débriefer de la COP26 entre représentants d’organisations de la société civile (OSC) en Côte d’Ivoire. Dans le cadre de sa campagne internationale « #TheDaysAfter » [1], le réseau Makesense[2], rassemblant plus de 200 000 citoyens.nes engagé.ées et 200 partenaires institutionnels dans 45 pays à travers le monde, a organisé plus d’une centaine d’événements depuis la fin de la COP26. L’objectif est de continuer d’encourager la mobilisation citoyenne pour le climat. Ces événements sont l’occasion d’informer, de sensibiliser et de s’activer en communauté ! Comme la représentante du directeur de l’IRD en Côte d’Ivoire, partenaire de l’événement à Abidjan, Madame Stéphanie DOS SANTOS l’a dit : « seul, nous allons plus vite, ensemble nous allons plus loin ».
En Côte d’Ivoire, l’équipe de Makesense a proposé un atelier visant à informer des principaux résultats de la COP26 et échanger entre représentants d’OSC pour définir des pistes de renforcement des actions dans le but de mieux appréhender les conséquences du changement climatique et y remédier en Côte d’Ivoire. Rappelons en effet qu’en Côte d’Ivoire, l’enjeu est de taille : le pays fait partie des plus exposés en se classant notamment 136ème sur 182 selon l’indice de vulnérabilité pris en compte par l’index de référence ND-GAIN[3]. La Banque Mondiale, dans son rapport de 2018 sur la situation économique en Côte d’Ivoire[4], a largement développé les menaces extrêmement inquiétantes que fait peser le changement climatique sur l’avenir du pays : hausse du niveau de la mer et érosion côtière pour un pays où 80% de l’économie se fait sur la zone littorale et où 30% de la population réside, variabilité accrue des températures et des précipitations perturbant la production agricole dont des millions de personnes sont dépendantes, insécurité alimentaire, appauvrissement de la population, recrudescence de maladies comme le paludisme ou la méningite, tensions et conflits migratoires liés aux déplacements de population…
La mobilisation d’une trentaine de participants à cet atelier témoigne de la volonté d’agir des OSC. A cette occasion, Monsieur Alban Kouassi de l’ONG Page verte[5] qui était présent à Glasgow, ainsi que Messieurs Diakalia Ouattara et Souleymane Cissé de la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI)[6], qui a conduit une COP alternative pour la résilience des populations vulnérables aux effets de l’érosion côtière et de la dégradation des aires protégées en Côte d’Ivoire, ont pu partager leur expérience dans le cadre d’un panel.
Ensuite, les participants ont travaillé en collaboration pour trouver des pistes aux problématiques suivantes :
- Mobilisation des financements, résolution de la “dette climatique” Nord/Sud: Comment contribuer à assurer la mobilisation de la totalité des 100 Mds USD promis par les pays développés envers les pays en développement pour le financement des actions d’atténuation et d’adaptation et veiller à l’actualisation de ce montant compte tenu de l’évolution observée ou future des effets du changement climatique en Afrique et en Côte d’Ivoire en particulier?
- Transparence et respect des engagements pour le climat: Comment contribuer à l’exigence de transparence et de redevabilité des Etats sur le respect de leurs engagements pour le climat et s’assurer de la soutenabilité de l’objectif global de contenir la hausse de la température à 1,5 ou 2°?
- Sensibilisation et mobilisation des populations face au changement climatique en Côte d’Ivoire: Comment contribuer à la compréhension des enjeux du changement climatique par les populations en Côte d’Ivoire, à les mobiliser et faire entendre leur voix à l’occasion d’événements tels que les COPs?
A l’issue des travaux, les pistes suivantes sont ressorties :
- Concernant la mobilisation des financements, puisque la promesse des pays développés semble difficile à assumer pleinement, pourquoi ne pas se tourner vers la mobilisation de ressources en interne en Côte d’Ivoire ? Ainsi, il a été proposé de mettre en place un fonds national pour l’action climatique.
- Concernant la transparence et le respect des engagements pour le climat, il a été proposé de mettre en place un mécanisme de suivi et de contrôle indépendant au niveau national qui pourrait s’intégrer dans une démarche de veille internationale. Il conviendrait d’inviter toutes les OSC souhaitant contribuer au suivi des engagements pour le climat à se manifester et être recensées auprès d’une organisation centrale. Celle-ci pourrait incarner le point focal national sur le sujet du changement climatique pour le Gouvernement, les bailleurs et autres parties prenantes agissant sur le sujet. L’objectif est en effet de gagner en efficacité en assurant la diffusion de l’information pertinente sur le sujet à toutes les OSC intéressées (documentation, formations, ateliers et événements…) et en favorisant plus de synergie dans les actions. Les OSC pourraient se positionner sur le suivi des engagements climatiques selon leur domaine d’expertise (foresterie, agriculture responsable, secteurs énergie, transport…) et remonter le résultat de leurs observations à l’organisation centrale qui assurerait la communication en externe. L’organisation centrale devrait rejoindre d’autres réseaux internationaux tels que le Climate Action Tracker [7] ou encore Climate Watch [8] afin de capitaliser sur l’expertise de ces organisations et partager les analyses réalisées en Côte d’Ivoire.
- Concernant la sensibilisation et la mobilisation des populations face au changement climatique en Côte d’Ivoire, il a été recommandé que les actions se concentrent dans un premier temps sur la sensibilisation en langues locales dès le bas âge dans les écoles primaires. La sensibilisation pourrait être menée par la recherche de partenaires, la création de collaborations avec les établissements scolaires et les groupes de femmes, ainsi que relayée par des points focaux dans les communautés.
Ce fut un atelier riche duquel les participants sont ressortis satisfaits de l’aspect collaboratif et avec l’espoir que les solutions mises en avant puissent voir le jour. Parmi les OSC présentes, se trouvaient Africa Innovation Network 4 climate and education, Collectif des Leaders pour le Développement durable en Afrique, Club Développement Durable, Club Union Africaine Côte d’Ivoire, ENVI-CO SARL, Green Student, INADES, Institut de l’Économie Circulaire d’Abidjan (IECA), Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), Lead Côte d’Ivoire, Nitidae, ONG Encore, Youth space… Ont également participé plusieurs journalistes (Ose TV, Records TV) ainsi que des Docteurs et étudiants de l’Université Félix Houphouët Boigny spécialisés sur les enjeux du changement climatique.
Si vous êtes intéressé d’en savoir plus et de soutenir ces initiatives, n’hésitez pas à prendre contact avec Bobo Jean-brice Gnahore, Coordinateur Pays de Makesense Côte d’Ivoire (brice.gnahore@makesense.org) et Agboola Shakira Keita, Community developer chargé de l’engagement citoyen (shakira.agbola@makesense.org).
L’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) est un organisme pluridisciplinaire reconnu internationalement, L’IRD est un établissement public français placé sous la double tutelle du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et de celui de l’Europe et des affaires étrangères. Chef de file d’une « science de la durabilité », l’IRD porte une démarche originale de recherche, d’expertise, de formation et de partage des savoirs au bénéfice des territoires et pays qui font de la science et de l’innovation un des premiers leviers de leur développement. Présent en Côte d’Ivoire depuis 1946, l’IRD est un acteur majeur de la recherche scientifique sur tout le territoire ivoirien, pour répondre aux besoins de recherche de toutes les composantes de la société ivoirienne, au travers de ses 24 Programmes Nationaux de Recherche. Pour plus d’informations : https://www.ird.fr/cote-ivoire
Makesense Africa forme et accompagne les citoyens.nes, entrepreneurs.es et organisations pour construire ensemble l’Afrique de demain : innovante, collaborative et inclusive. Depuis 2015, l’organisation s’est déployée dans 10 villes africaines, a déjà touché plus de 10.000 citoyens et soutenu plus de 500 entrepreneurs et 500 organisations. Makesense Africa dispose d’une représentation permanente en Côte d’Ivoire depuis 2017 et déploie trois grandes activités : (i) la formation à la créativité, la collaboration et l’esprit d’initiative en proposant des ateliers de Design Thinking pour le développement durable, (ii) l’accompagnement de projets “à impact” (incubation et accélération de start-ups, projets entrepreneuriaux de citoyens et projets multi-acteurs à fort impact) et (iii) le développement de communautés et écosystèmes pour créer des dynamiques d’innovation collective contribuant au développement durable. Dans ce cadre, Makesense Côte d’Ivoire a contribué à mobiliser 500 personnes et à accompagner 10 entreprises et projets à impact. Parmi ces entreprises, il y a par exemple l’entreprise Ju’cao qui fait des fruits secs à base de fève de cacao cru. Notre accompagnement a permis à l’entreprise Ju’cao de collaborer avec des acteurs de la recherche dans le cadre du projet « Colab » et de définir des stratégies de communication pour une meilleure visibilité. Pour plus d’informations : https://africa.makesense.org/
[2] https://makesense.org/notre-vision/
[3] https://gain-new.crc.nd.edu/ranking/vulnerability – L’index pays ND-GAIN est développé par l’Université de Notre Dame (Notre Dame Global Adaptation Initiative ; ND-GAIN) – https://gain.nd.edu/about/
[5] https://www.ongpageverte.org/
[7] https://climateactiontracker.org/
[8] https://www.climatewatchdata.org/
Pauline MOCCHI,
Membre de Makesense Côte d’Ivoire,
Consultante en développement durable