La Chronique de Kobenan Tah Thomas/ Et s’il m’était donné l’honneur d’un entretien avec son Excellence Monsieur Laurent Gbagbo…
La Chronique ‘’Les Actualités Politiques Ivoiriennes’’, numéro 26 du mercredi 23 Mars 2022, du vice-président du PDCI-RDA, Kobenan Tah Thomas.
Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.
Cette semaine, les attentions sont encore restées crispées sur le développement de la guerre en Ukraine. Au point que d’importants évènements sont passés inaperçus. Toutefois, certains points de l’actualité ont retenus l’attention des médias. C’est le cas pour la visite de SEM Laurent Gbagbo à Songon dans le Grand Abidjan.
Nous avons pris plaisir à écouter le Président Laurent Gbagbo lors de cette visite aux populations Atchans le 19 Mars à Songon. Une réussite en termes de mobilisation et de communion entre l’homme d’Etat et les propriétaires des terres qui abritent le cœur des pouvoirs ivoiriens les plus en vue. A bon escient d’ailleurs, les régimes politiques qui se sont succédé au Palais du Plateau ont toujours su trouver l’angle par lequel il a fallu collaborer avec nos vaillants Ebriés en tant que propriétaires terriens d’Abidjan.
Il faut reconnaitre à SEM Laurent Gbagbo toute la saveur du rappel de faits souvent anecdotiques et croustillants, souvent douloureux aussi, du début des développements de la mégalopole d’Abidjan. C’est le propre des mégalopoles que d’avaler des espaces de vie, de chambouler des histoires et des lieux chargés de souvenirs, etc…. Et Abidjan n’a pas dérogé à cette tradition. Il nous a semblé cependant que le discours du Président Laurent Gbagbo a eu tendance à formuler un genre de reproche aux décideurs qui ont fait d’Abidjan un grand centre urbain.
Il est vrai que ni Gbagbo ni les organisateurs de sa visite aux Atchans n’ont mis en avant les aspects politiques de cette visite mais, même le nom Gbagbo est politique et plus encore, une parole publique de Gbagbo ! Tout est politiquement motivé chez lui et admettons donc que les faits étant politique. Et s’il m’était donné le privilège d’un entretien avec lui, je reviendrais sur certains points de son intervention. Dans le seul but d’approfondir ma compréhension sur lesdits points.
Le premier de ces points porte sur l’avis de l’historien et du politologue Laurent Gbagbo sur la conduite à tenir pour un gouvernant quand toutes les conditions sont spontanément réunies pour créer une ville moderne, qui favorisent le développement d’activités économiques importantes. Entre le choix de privilégier ce développement et conserver les droits coutumiers des populations qui habitent le site, qu’est-il plus juste de faire ? Je crois savoir que les projets d’Etat ont toujours procédé par une estimation et une liquidation des purges coutumières. J’avoue qu’il a été difficile de suivre la logique du président sur ce sujet.
Deuxième point. Que fait-on quand la ville d’Abidjan totalise plus de 42% de la population ivoirienne. Quand autour de l’an 2000 le groupe des populations urbaines défavorisées connait une augmentation considérable et que la zone urbaine s’agrandit de manière désorganisée (de 500 km2 à 750 km2), on fait quoi ? Il nous a semblé pourtant qu’au cours de la décennie 2000 à 2010, un Schéma Directeur Urbain avait été validé avant de connaitre une nouvelle formulation après 2011. Je demanderais à comprendre ce que les cadres Atchans ont porté comme correction aux différentes injustices que les propriétaires terriens d’Abidjan ont subies. Puisque le président affirme qu’il avait placé à des postes stratégiques quelques cadres Ebriés pour cette fin. Je devine que rien de satisfaisant n’a été fait puisqu’il suggère la tenue d’un colloque pour évaluer le drame des Ebriés et pour réinventer un plan de salut pour la cause des Atchans.
Autres points. Bien évidemment, j’interrogerais le président Laurent Gbagbo sur la transition malienne, son pronostic sur la guerre de M. Poutine contre l’Otan en Ukraine, l’élection en France…
Merci et à mercredi prochain.