Délestage, pénurie d’eau/Rhdp, gérer, c’est prévoir

Par Nazaire Kadia*

Depuis quelques temps, la Côte d’Ivoire émergente vit au rythme des coupures intempestives d’électricité et d’eau. Il ne se passe pas de jour sans qu’il n’y ait d’interruption de fourniture de l’une ou de l’autre de ces deux matières, si nécessaires à la vie. Aucun quartier d’Abidjan, aucune ville de l’intérieur n’est épargné(e).

Les populations d’Abobo sont descendues dans la rue pour crier leur ras-le-bol de devoir vivre plusieurs jours sans eau. Dans certains quartiers de Yopougon la pénurie d’eau est le quotidien des habitants et quand il y en a, la qualité laisse à désirer.

Le délestage que vit le pays, commence à avoir des répercussions sur des pans entiers de l’économie, et le prix de certaines matières a commencé à prendre l’ascenseur. Des entreprises des zones industrielles connaissent déjà un ralentissement de leurs activités et il est à craindre des lendemains qui ne chantent pas si la situation demeure en l’état ou s’empire.

Les explications sur la situation de délestage et de pénurie d’eau que vit le pays, entendues à la RTI, laissent songeur, et sont à la fois inquiétantes. On retient que la baisse du niveau d’eau dans les lacs des barrages hydroélectriques, est à la base des difficultés d’approvisionnement en électricité que connait le pays.

Dans certains quartiers – la pénurie d’eau est le quotidien des habitants.

Comment un pays émergent peut-il laisser son approvisionnement en électricité  à la discrétion et aux vicissitudes de la pluviométrie et des aléas climatiques dont il n’a pas la maîtrise ?

Et pourtant, lors de l‘inauguration du barrage de Soubré, le plus grand d’Afrique, assurance avait été donnée aux Ivoiriens que plus rien ne sera comme avant et même que le pays allait accroître la fourniture de l’électricité aux pays voisins frères.

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Fort de l’existant en matière de barrages hydroélectriques et de quelques centrales thermiques, le pays n’a guère envisagé explorer d’autres horizons pour venir en complément de ce dont il dispose. L’énergie solaire chez nous est encore à l’état embryonnaire, là où elle aurait pu être un appoint important au moment où les barrages subissent les aléas climatiques. Le soleil est notre quotidien et actuellement sa présence est même gênante !

Des pays plus développés que le nôtre, moins ensoleillés que le nôtre mettent un point d’honneur à développer de nouvelles énergies dont l’énergie solaire,  afin de se passer de l’énergie fossile et être à l’abri d’éventuels retombées des aléas climatiques, nous passons notre temps à nous enorgueillir de posséder le plus grand barrage d’Afrique ! Et notre grande innovation, est la construction  d’une centrale marchant au charbon, décriée partout ailleurs car représentant une catastrophe écologique.

Et pourtant, On a vu le Rdr devenu Rhdp alors dans l’opposition, tout feu tout flamme traiter le pouvoir Gbagbo de corrompu, d’incapable de trouver des solutions aux problèmes d’eau et d’électricité qui se posaient dans le pays. Pour ce parti, la guerre ne saurait expliquer l’incurie du pouvoir Gbagbo face à ces problèmes.

Dix ans après,  voilà le pays confronté aux mêmes problèmes. Quelles solutions avait envisagé ce parti à cette époque-là ? C’est le moment de les mettre en pratique pour le bien-être des Ivoiriens. Donner les mêmes explications que le gouvernement précédent qu’on a combattu, même au travers d’une rébellion armée, n’est ni convainquant ni responsable  et absolument indécent! Car gérer,  c’est prévoir.

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On se souvient également que la cellule du Rdr chargée des mines et de l’énergie, avait, dans des critiques acerbes, accusé le gouvernement de Gbagbo de cacher aux Ivoiriens la quantité  de pétrole et de gaz que produit le pays et surtout de s’enrichir avec. Elle avait également mis en exergue les nombreuses taxes prélevées sur le carburant qui expliquaient la hausse des prix.

Le moment est donc venu de renvoyer l’ascenseur au Rdr-Rhdp, à l’effet de  rendre compte aux ivoiriens de la gestion de leur  pétrole et lui demander ce que devient leur gaz, car le pays en a besoin pour produire de l’électricité.

En réalité, fort des acquis précédents en matière d’électricité, aucune projection sérieuse n’a été faite pour trouver une alternative à l’énergie hydroélectrique ou à l’énergie fossile. Le faire et le mettre en pratique heurteraient certainement beaucoup d’intérêts fondés sur des monopoles qu’on doit absolument préserver, sinon…

Assurément « la coupe d’Afrique brûle… » Dixit Simplice Zinsou, mais s’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai !

Analyste politique*