Femmes victimes des violences sexuelles basées sur le genre : bientôt des tribunaux criminels à la place des cours d’Assises
Aka Jean Mari – Afrique Matin.Net
Dr Coulibaly Ghislain, consultant-sociologue a appelé ce jeudi 28 février les femmes victimes de violences sexuelles à sortir de leur peur, de leur prison pour dénoncer ces violences basées sur le genre (VBG). Le consultant-sociologue s’exprimait à l’Institut Goethe sis à Cocody lors d’un panel organisé par le réseau Paix et Sécurité des femmes dans l’espace Cedeao-section Côte d’Ivoire (REPSFECOCI) et le Groupe de Travail femmes, jeunes, paix et sécurité en Afrique de l’Ouest et le sahel (GTFJPS-AOS)-Côte d’Ivoire avec l’appui de l’ambassade du Canada.
Le panéliste exposait sur le thème, ‘’ la Protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles et violences basées sur le genre, notamment dans les situations d’urgence et humanitaires’’. Présentant le tableau des VBG Dr Coulibaly Ghislain a indiqué qu’entre 2010-2016 plus de 70 localités du pays ont été touchées par des cas de viol. De 2011-2013, il ya eu assez de dénonciations à cause de la forte mobilisation des organisations de la société civile. Mais, ces dénonciations, dira-t-il vont connaître une baisse en 2014, alors qu’entre 2015 et 2016 l’on assistera à une augmentation des VBG.
En vue de freiner ce fléau, l’Etat ivoirien a mis en place des juridictions compétentes, a installé des points focaux dans certains commissariats en vue de mieux accueillir les victimes et les accompagner.
Outre l’intervention du Dr Coulibaly Ghislain, les participants à cette rencontre ont été instruits sur deux autres communications prononcées par Traoré Drissa, vice-président de la fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et Anita Traoré du WANEP-CI.
Traoré Drissa a mis l’accent sur les mesures préventives mises en place en vue d’assurer la sécurité et le droit du genre féminin, mais il a également parlé de sanctions prévues pour punir tout contrevenant à ces lois.
Anita Traoré a déploré la faible, sinon la quasi-absence des femmes dans les instances décisionnelles, avant d’appeler les gouvernants, mais aussi les femmes à sa battre pour inverser la tendance.
Lors des échanges, Mme Akoilo, une participante, représente le ministère de la Justice est revenue sur les mesures engagées par l’Etat ivoirien en vue d’accélérer les procédures pénales pour sanctionner les auteurs des violences faites aux femmes. A ce propos, elle a affirmé ‘’ des réformes sont en cours en vue de remplacer les Cours d’Assises en tribunal criminelle vue que les Cours d’assises reviennent plus chères et les magistrats ne veulent même pas y siéger. Les tribunaux criminels fonctionneront comme un tribunal normal’’. Pour la fonctionnaire dudit ministère cette mesure pourra accélérer la délibération de plusieurs affaires dans ce domaine et favorisera le soulagement de plusieurs victimes.
Créé en 2009 par la CEDEAO, le REPSFECO-CI qui est dirigé par Me Diallo Geneviève coordonne les initiatives en matière de paix, de sécurité, d’égalité des chances, mais également en matière de violence. C’est d’ailleurs dans ce cadre que se situe cette rencontre qui avait pour thème général, ‘’ Regard de la société civile dans la mise en œuvre de la résolution 1325 en Côte d’Ivoire, à travers ses 4 « P ».
Pour les initiateurs, il s’agissait d’instruire l’opinion et en particulier les femmes sur cette résolution prise par l’ONU en 2000 pour protéger les femmes à travers (4) axes qui sont la Prévention, la Participation, la Protection et la Poursuite.
A la fin de la rencontre, la présidente du REPSFECO-CI Me Diallo Geneviève s’est réjoui de la qualité des échanges qui a marqué ses travaux, cela dénoté selon elle, que les participants se sont vraiment appropriés la résolution et sont prêts à travailler pour sa mise en œuvre dans la société.