Coulibaly Karidja (Pdte de la Coopérative des potières Mangoro de Katiola) : « Ce que nous demandons aux autorités pour augmenter notre chiffre d’affaires… »
Réalisé à Katiola par Nadège Kondo/afriquematin.net
Fleuron de l’industrie touristique de la région du Hambol, la poterie, encore à l’état artisanal, est une activité qui occupe la majorité des femmes. Coulibaly Karidja, est l’une d’entre elles. Présidente de la coopérative des potières Mangoro de Katiola, elle s’est ouverte à Afriquematin, dans cet entretien que nous vous proposons. Entretien.
Vous êtes présidente de la coopérative des potières Mangoro de Katiola. Parlez-nous de cette activité.
J’exerce dans le métier de la poterie il y a environ 50 ans. Nous avons toutes appris la poterie auprès de nos parents à bas-âge. Au départ, nous étions d’abord une association et nous nous sommes débrouillées pour devenir une coopérative. Cela a été effectif suite à la visite du ministre du tourisme en 2012 dans le cadre du projet de protection, promotion et autonomisation de la femme en milieu rural. Ensuite, la coopérative a été créée en 2014. Pour mettre en œuvre cette initiative du gouvernement, le chef mangoro nous a réunis chez lui pour une élection. Après les échanges, il a préféré me nommer que de procéder à un vote. Car, pour lui je suis la seule personne capable à diriger notre coopérative. Au départ, j’ai refusé cette proposition du chef pour la simple raison que la gestion des Hommes n’est pas facile. Mais, j’ai fini par accepter cette idée du chef. Alors depuis 2014, je suis à la tête de cette coopérative. Aujourd’hui, nous sommes environ 300 potières.
Comment parvenez-vous à gérer toutes ces femmes ?
Ce n’est pas facile, mais je fais de mon mieux pour diriger cette coopérative. La preuve, la coopérative existe toujours. Il arrive parfois que d’autres femmes boycottent les réunions que je convoque. Mais par le dialogue, on finit par s’entendre.
Quelles sont les actions concrètes que le gouvernement a menées pour vous?
Grâce à Anne Ouloto, ancienne ministre de la Solidarité, de Famille, de la Femme et de l’Enfant et la première dame, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, (Onuci) nous a aidées à construire un centre commercial dénommé la Maison des potières inaugurée en 2014 par Anne Ouloto. Nous avons également reçu du matériel à travailler offert par l’Onuci. Je profite de cet entretien pour leur dire merci à ces autorités.
Au regard des dons que vous avez, on peut déduire que vous ne travaillez plus de façon artisanale ?
Nous travaillons toujours avec la main, car nous ne voulons pas perdre notre tradition. Il y a une école islamiste qui fait de la poterie moderne. C’est bon, mais nous préférons conserver la richesse que nos ancêtres nous ont laissée.
La poterie nourrit-elle son homme ?
Oui, la poterie nourrit son homme. Nous avons connu nos mamans dans la poterie et nos papas étaient cultivateurs. Elles géraient les dépenses familiales avec l’argent de la poterie sans demander l’argent de popote à nos papas. Aujourd’hui, nous faisons de même. Nos maris ne nous donnent pas de l’argent sauf s’ils le jugent opportun ou nécessaire. Sinon au préalable, la potière ‘’Mangoro’’ n’attend pas une aide financière venant de son mari. Cela est une fierté pour nous.
Votre coopérative est composée seulement de femmes Mangoro. Pourquoi ?
La poterie est notre héritage. Les femmes Tagbana se sont spécialisées dans la préparation du tchapalo (mixture alcoolisée à base de maïs et de Sorgho, Ndlr). Quant à la femme Mangoro, la poterie est son savoir-faire. Elle nous a été léguée de mère en fille.
Quels sont vos difficultés ?
Nous avons certes une maison de la poterie, mais nous souhaitons avoir une place à l’entrée de Korogho comme à Abidjan pour être plus accessibles des clients qui traversent la ville et augmenter nos chiffres d’affaires. La plus part des voyageurs souhaitent acheter des pots. Malheureusement, ils n’y a pas de vendeuses sur la route. Cela va faciliter la tâche aux clients qui sont de passage et pressés.