Ce que l’on sait du coronavirus de Wuhan, officiellement nommé Covid-19
Vaccin, taux de mortalité, mode de transmission, origine… France 24 fait le point sur les informations disponibles sur le coronavirus de Wuhan, désormais officiellement nommé Covid-19.
Selon un dernier bilan émis par les autorités chinoises, jeudi 13 février, le coronavirus – officiellement appelé Covid-19 par l’OMS – a fait plus de 1 300 morts et contaminé près de 60 000 personnes en Chine depuis le début de l’épidémie, en décembre. Une épidémie qui inquiète et qui est propice à la propagation d’intox sur le sujet. France 24 fait le point sur les informations existantes sur le mode d’action du virus et les données disponibles à son sujet.
- Quel taux de contagion ?
Dans une étude publiée par la revue américaine NEJM, des chercheurs chinois ont estimé que chaque malade infectait en moyenne 2,2 personnes (c’est le « taux de reproduction de base » de la maladie, ou R0). C’est plus que la grippe (1,3), nettement moins que la rougeole (plus de 12), et comparable au Sras (3).
Cependant, « un petit nombre de cas pourrait être l’étincelle à l’origine d’un plus grand incendie », a averti lundi le N.1 de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le directeur faisait ici référence au cas d’un Britannique qui a fait figure de « super propagateur ». Contaminé à Singapour, il a transmis le virus à une dizaine de personnes au total, en France puis en Grande-Bretagne.
La perspective d’une multiplication de ce genre de cas inquiète. Car pour chaque patient infecté, les autorités sanitaires du pays concerné doivent retrouver les personnes avec lesquelles il est entré en contact et s’assurer qu’elles n’en contamineront pas d’autres à leur tour. Or, si les contaminations hors de Chine se multiplient, cette procédure appelée « contact tracing » sera de plus en plus compliquée à mettre en œuvre.
- Quelle durée d’incubation ?
En analysant les données des cas en Chine, une équipe de chercheurs chinois évalue la durée d’incubation médiane à trois jours, selon leur article mis en ligne lundi. Ces estimations préliminaires ont conduit à fixer à 14 jours la période d’observation ou de quarantaine pour les cas suspects et les personnes rapatriées.
Cependant, selon les données des experts chinois publiées lundi, le délai d’incubation pourrait aller jusqu’à 24 jours dans de rares cas.
- Quels sont les symptômes ?
La plupart des malades ont eu de la fièvre et les deux tiers toussaient, mais les cas de diarrhée ou de vomissements restaient rares. Un quart d’entre eux avait au moins une maladie pré-existante (hypertension, maladie des poumons…)
Comment se transmet le virus ?
Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée, d’environ un mètre. Par ailleurs, la diarrhée pourrait être une voie secondaire de transmission.
Pour se prémunir d’une contamination, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des mesures-barrières : se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade…
- Quel taux de mortalité ?
Plus mortel que la grippe saisonnière mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus : voilà où semble se situer la dangerosité du Covid-19, même si l’on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.
En date du jeudi 13 février, 1 367 décès ont été recensés et près de 60 000 personnes ont été officiellement contaminées en Chine continentale. Hors de ce pays, le virus a tué deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong, et plus de 400 cas de contamination ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires.
Dans une étude rendue publique lundi, des chercheurs de l’Imperial College de Londres estiment le taux de mortalité à 18 % parmi les cas détectés dans la province de Hubei, épicentre de l’épidémie. En revanche, au niveau mondial, ils l’évaluent à « environ 1 % », avec une fourchette d’incertitude allant de 0,5 % à 4 %. Pour cela, ils se basent sur la proportion de cas positifs parmi les passagers rapatriés vers le Japon et l’Allemagne, en intégrant une estimation des cas qui ne présentent pas de symptômes.
Les estimations de taux de mortalité doivent être prises avec prudence car on ignore combien de personnes sont réellement infectées.
- Quel est le profil des malades ?
L’âge médian de ces malades est de 47 ans (seuls 0,9 % ont moins de 15 ans), 58 % sont des hommes et un peu plus de 2 % sont des professionnels de santé.
Sur les 173 patients considérés comme des cas graves lors de leur admission à l’hôpital, l’âge médian était plus élevé de 7 ans et plus du tiers avait déjà une autre maladie.
- Où en est le vaccin ?
Il n’existe ni vaccin ni médicament contre le Covid-19, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux, dont l’efficacité est en cours d’évaluation.
Plusieurs laboratoires pharmaceutiques et instituts se sont cependant engagés dans la recherche d’un vaccin – aux États-Unis, en Chine, en France, en Allemagne ou encore en Australie – mais sa mise au point et sa diffusion pourraient prendre plusieurs années.
Fin janvier, une première étape importante a été franchie. Les chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris sont parvenus à isoler et à mettre en culture des souches du nouveau coronavirus, une première en Europe.
« Toute une gamme de recherches sont rendues possibles » par le franchissement de cette étape, avait alors affirmé Arnaud Fontanet, directeur du département de Santé globale de l’Institut Pasteur.
- Avec les beaux jours, la fin de l’épidémie ?
Le président américain Donald Trump avait affirmé que « d’ici avril, ou au cours du mois d’avril, la chaleur en général tue ce genre de virus », laissant entendre que cela pourrait signifier la fin de l’épidémie du nouveau coronavirus, qui est une variété de virus.
L’affirmation du président américain a été accueillie avec beaucoup de réserve par les scientifiques. Pour Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses et directeur de l’IHU Méditerranée Infection, interrogé par 20 Minutes, les remarques de Donald Trump partent d’une « réflexion intelligente ». Et il explique : « Presque tous les virus respiratoires ont une saisonnalité donc on peut imaginer que c’est le cas du coronavirus. Il est, en tout cas, raisonnable de l’envisager pour une maladie respiratoire. »
Cependant, selon le spécialiste, « la saisonnalité est un phénomène complexe que personne ne comprend. À titre d’exemple, les parvovirus, qui sont proches de la grippe, sont, pour certains, plus fréquents en automne et, pour d’autres, plus présents en hiver dans les pays tempérés. Le Sras, lui, s’est arrêté d’un coup à l’été [en juillet 2003] et pour le H1N1, j’étais extrêmement attentif, au début, car l’épidémie a commencé au printemps [2009] et culminé en octobre, ce qui n’arrive jamais avec la grippe. Dès l’arrivée du froid, le 25 décembre, il n’y a plus eu de cas, alors qu’on s’attendait à quelque chose d’explosif. On ne sait pas pourquoi, ça reste mystérieux », préfère nuancer le chercheur.
- D’où vient le virus ?
Le nouveau coronavirus est sans doute né chez la chauve-souris, mais les scientifiques pensent qu’il est passé par une autre espèce avant de se transmettre à l’homme.
Des chercheurs chinois ont affirmé que cet animal intermédiaire pourrait être le pangolin, petit mammifère à écailles menacé d’extinction. La communauté scientifique internationale a jugé cette hypothèse plausible, en ajoutant toutefois qu’elle devait être vérifiée.
Avec AFP