Campagne de cacao dans le Guémon : Voici  l’enfer que vivent les producteurs.

Par Haidmond Kaunan/afriquematin.net, envoyé spécial

Il n’est pas vraiment pas facile d’être producteur de cacao dans la région du Guémon, qui constitue la nouvelle boucle. A voir les vastes et belles plantations de cacao qui partent de Duékoué à Kanhin,  Zarabahon  en passant par Zou,  Béhouo  Ziabao et Diéouzon , on pourrait déduire que les producteurs sont vachement riches. Et pourtant, il n’en est rien.  Il faut  visiter ces vergers et leurs propriétaires pour  découvrir  l’ampleur des difficultés auxquelles est  confrontée la masse paysanne. C’est ce qui nous été donné de constater durant deux semaines,  de Duékoué à Bangolo .

Dans le Gomont, il n’est pas rare de voir à perte de vue de  jeunes plantations de cacao dont l’âge varie entre quinze et vingt ans, avec une très bonne  production. Cependant  la présence de la maladie de la pourriture brune constitue une épine dans le  dos de la plupart des producteurs .D’où la nécessité de lutter contre cette pandémie liée à l’humidité des sols. Mais surtout l’obligation pour les producteurs d’acheter les produits phytosanitaires pour l’entretien de ces jeunes plantations. Une autre difficulté pour les producteurs , c’est  l’acheminement  des fèves de cacao vers les séchoirs et les magasins de stockage, faute de piste. Ce qui les pousse à dire qu’ils produisent à perte. Aussi , trouver un partenaire, c’est à dire une  structure pour financer les coopératives, c’est un véritable casse tête. Voici pourquoi les exportateurs sont vénérés comme des dieux  dans la région du Guémon. A cela s’ajoute l’indiscipline et le désordre mis en place.

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LA POURRITURE BRUNE EST INVINCIBLE A CAUSE DE L’HUMIDITE

« De Mai à Juillet il pleut ici sans trêve, le sol est toujours humide.Nous n’avons rien qui puisse lutter véritablement contre la pourriture brune. J’achète un carton d’une poudre que j’utilise en pompant les cacaoyers mais c’est  juste un calmant. Cette maladie  ne peut s’arrêter que s’il y a un changement climatique or nous nous retrouvons dans une zone véritablement humide. Le gouvernement n’a pas encore pu faire face à la maladie. » explique  Tao Kévin, producteur à Kahin Zarabahon dans le département de Bangolo. Inquiétude confirmée par Ouédraogo Yassia dont nous avons également visité la plantation à  Troa Zéo, dans la commune de Duékoué. » Le carton de la poudre utilisée pour pomper juste quatre hectares nous coûte la somme 100.000 francs CFA. Combien faut -il acheter pour traiter une plantation de plus de dix hectares ? » s’interroge-t-il tristement avant d’ajouter que pour encaisser un million de francs de la vente de fèves de cacao,  il faut avoir dépensé plus que cette somme.

ON GAGNE PLUS QU’ON DEPENSE DANS LA CACAOCULTURE

 Les plantations qui n’ont que cinq ans  d’âge ont  déjà besoin d’être traitées, si vous n’y mettez  pas d’engrais,  vous ne pouvez pas compter avec elle. Non seulement il faut traiter la pourriture brune mais pour que votre plantation puisse produire il faut de l’engrais. Moi, avec seulement quatre hectares je dépense 800.000 francs, soit 200.0000 francs d’engrais par hectare. » confie Ado Kassi qui dit déplorer le fait que le producteur ne reçoit moins que ce qu’il dépense. Malheureusement des producteurs ou coopératives sans financement ne représentent rien même à mille.

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LES EXPORTATEURS VENERES COMME DES DIEUX.

Le constat est bien triste mais c’est ce qui se constate. L’exportateur que les coopérative appellent affectueusement le « partenaire » est trop puisant face aux producteurs trop impuissants. Un PCA de coopérative ne peut répondre à la question d’un journaliste sans qu’il ne se réfère à lui. Tout simplement de peur de le perdre. » Nous ne sommes rien sans eux, sans leur financement on ne peut consommer ce que nous produisons. Ce sont donc nos patrons. » confient-ils. Des coopératives n’ont pas voulu nous parler ou nous conduire dans leur verger, chose si facile dans les régions de l’Indénié-Djuablin , de la Mé et de  l’Agnéby.

Vraiment triste cette situation que vivent  les artisans de la prospérité de la Côte d’Ivoire.