Aboisso/Jean-Paul Bénié, 2ème adjoint au maire « Notre chef-lieu de département est lésé »

Interview réalisée par Yann Dominique N’guessan/afriquematin.net : coll : RMK et L.J

Chef-lieu de département, la commune d’Aboisso est en proie à des difficultés d’ordre politico-socio- économique depuis quelques années et le développement de cette localité proche de la frontière du Ghana est dans un état de sommeil presque profond. Qu’en est-il exactement ? Le deuxième adjoint au maire Jean-Paul Bénié donne ici quelques éléments de réponses… 

 Aboisso reste une vitrine du pôle économique de la Côte d’Ivoire, votre ville souffre. Et cette souffrance est spécifiquement tournée vers la voirie qui est dans un état de dégradation avancée, alors qu’en est-il exactement ?

Pour rappel, le 13 mars 2019, nous avons reçu la visite à Aboisso de l’ancien député de Korhogo, Abou Nibi, à l’époque conseiller spécial du ministre des infrastructures d’alors Amédée Kouakou. Au terme d’une réunion avec l’ex- préfet Boni Kouassi, à la salle des mariages de la mairie, l’envoyé du ministre nous a instruit qu’il était porteur d’un message relatif à un don de cinq kilomètres de bitume qu’il venait offrir à Aboisso, Ayamé et Noé.

« Aboisso fait partie des villes et communes de la république de Côte d’Ivoire, le développement ne s’apparente pas à un individu, encore moins à des militants d’un parti politique, mais à toute une population, une communauté », souligne Jean Paul Bénié.

Lors des échanges, je lui ai fait savoir que cinq km de bitume pour la ville d’Aboisso sont insignifiants. Et comme par hasard, au cours de cette séance de travail j’avais sur moi un document en ma possession dans lequel étaient paraphés tous les besoins concernant la voirie. Ainsi, lui ai-je signifié qu’il revenait à Aboisso de bénéficier de 14,700Km au lieu de cinq Kms de prévus, pour réhabiliter des voies dégradées et le bitumage d’autres voies. Et le préfet d’alors Boni Kouassi nous a aidé à négocier et le conseiller nous a attribué entre autres 8, 700Km.

À la suite, une autre promesse nous a été faite en vue d’octroyer 20Km de bitume pour chaque chef-lieu de région en 2020, cette promesse, si j’en doute fort bien, est restée dans les oubliettes. À notre grand désarroi, nous constatons, qu’en dehors de notre commune Ayamé et Noé ont déjà bénéficié du financement de ce projet.  Je ne l’explique pas, qu’on nous fasse des promesses et qu’elles ne sont pas tenues, nous sommes lésés.

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 Ce regard sommeillant des autorités étatiques envers la commune, voire le chef-lieu de département n’est-il pas politique ?

Aboisso n’a pas bénéficié de la fête tournante de l’indépendance sous le président Houphouët-Boigny, donc elle traine un retard considérable sur le plan du développement. Il y a des infrastructures qui ne répondent plus aux normes actuelles, notamment les locaux de la préfecture. Mais qu’avons-nous fait pour subir de tels traitements ! Au niveau des impôts, après Abidjan et San-Pedro, c’est Aboisso, alors pourquoi ce délaissement.

Aboisso fait partie des villes et communes de la république de Côte d’Ivoire, le développement ne s’apparente pas à un individu, encore moins à des militants d’un parti politique, mais à toute une population, une communauté. Cela fait froid dans le dos, et c’est révoltant. La localité  donne beaucoup à la Côte d’Ivoire, mais reçoit très peu et le constat est très amer. Nous sommes en démocratie, que les uns et les autres sachent qu’il y a une alternance, le développement d’une région revient d’abord aux fils et filles d’une région, avant de lorgner les caisses de l’Etat. Chacun doit apporter sa contribution pour le bien-être de la communauté et des concitoyens.

En dehors du bitume, il y a d’autres aspects de développement qui sont visibles, notamment la construction des centres de santé, des établissements scolaires qui sont sortis de terre, en dépit des maigres moyens, dont disposent les caisses de la mairie, quelle est la méthode que vous pratiquez pour réaliser ces projets d’envergure ?

 Au niveau du programme triennal, nous votons un budget et en fonction de ce programme nous réalisons les actions ou les opérations qui y sont inscrites. Si vous voyez que nous avons beaucoup mis l’accent dans les réalisations au niveau de la santé, une vision du maire et du conseil municipal, c’est pour sécuriser l’hygiène de nos administrés. Nous nous appuyons sur nos recettes propres et sur les subventions que l’Etat nous octroie, c’est avec ça que nous réalisons quelques infrastructures au bénéfice de nos populations.

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Faut-il d’abord rappeler que dès notre arrivée à la tête de la mairie, la première action que nous avons menée a été de répertorier et réhabiliter par la suite certains projets qui n’ont pas pu être achevés, car l’administration étant une continuité.  Au nombre desquels figurent l’achèvement des locaux du centre de santé du quartier « Rive gauche », qui est actuellement fonctionnel, la réhabilitation de ceux des quartiers TP et Sokoura, Bakro déjà équipés et qui vont bientôt ouvrir leurs portes. Il y a les travaux du centre de santé d’Ayébo qui ont démarré qui sera fonctionnel en début de l’année prochaine.

Au niveau de l’éducation, plusieurs infrastructures ont été réalisées et d’autres sont en voie de réalisation. Nous avons une école primaire de six classes et une maternelle en construction au CAFOP, qui va désengorger le groupe scolaire de la municipalité, mais en même temps, ce projet qui est une première en Côte d’Ivoire, servira d’école-pilote aux élèves qui sont en formation, tout ceci obéit à la politique de scolarisation suscitée par l’Unesco.

Ensuite, nous avons fait violence sur nous-mêmes en nous attaquant à d’autres projets d’utilité sociale, notamment la construction de plusieurs établissements scolaires-primaires à Bétiabo, à Ninguê, Eholié, Ebokoffi, Kongodjan, une école de six classes avec bureau au quartier TP Extension et à Ayébo. Sans oublier la réhabilitation de l’école d’Eboakro, une école maternelle située derrière l’hôpital, l’ancienne école TP, et la salle des Fêtes, ajoutés à celle-ci, la construction de deux stades modulables à Sokoura et au quartier « Quatre palmiers » qui seront opérationnels avant la fin de l’année.

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En dépit de tous ces obstacles, que rencontre le développement d’Aboisso, nourrissez- vous un optimisme ?

Evidemment je reste optimiste, je sais qu’on peut retarder un développement, mais on ne peut pas l’empêcher. Quoi qu’en soit, Aboisso se développera. C’est une œuvre de longue haleine et il faut de la patience.

 « Aboisso donne beaucoup à la Côte d’Ivoire, mais reçoit très peu et le constat est très amer », selon le 2ème adjoint au maire.

Sur le plan de l’électrification et de l’adduction d’eau potable, qu’en est -il exactement ?

Nonobstant ces difficultés que j’ai énumérées tantôt, plusieurs efforts sont entrepris cette année par le conseil municipal pour renforcer et satisfaire ses administrés de certains quartiers, tant au niveau de l’électrification que de l’adduction d’eau. L’ONEP est également à la tâche pour accroître la capacité en eau potable avec la construction d’une nouvelle station de traitement et d’un château pour renforcer l’existant afin de permettre aux populations de notre commune d’être alimentées.

Au sortir de toutes ces difficultés que vous avez rencontrées ou vous rencontrez, peut-on qualifier votre bilan de positif ? Et aussi, très bientôt il y a le renouvellement des élections, est ce que vous êtes partants pour une nouvelle aventure ?

On ne peut pas s’auto satisfaire, j’aurais voulu voir mieux que ce que nous sommes en train de vivre, malheureusement les moyens qui sont limités ne nous permettent pas de voir grand, mais nous sommes optimistes. Donc, je conviens que notre bilan est largement positif.

 Concernant le volet élection, je peux vous assurer que nous sommes partants, à moins que nous refusions d’être candidat. Je vous confirme que N’Gouan Jérémie est candidat aux prochaines élections municipales. Et à cet effet, je voudrais dire merci à la population pour le soutien qu’elle nous apporte dans l’exercice de cette fonction difficile, mais exaltante, tout en les rassurant pour leur dire que nous sommes à la tâche