La société civile ivoirienne: « le discours du Chef de l’Etat est flou… » / Voici ses propositions.

Par OBIANG N – Afrique Matin.Net 

Le Président ivoirien, Alassane Ouattara, dans son adresse à la nation du lundi 23 mars 2020, a pris un ensemble de mesures visant à endiguer voire stopper la propagation du COVID-19 en Côte d’Ivoire comptée désormais au nombre des pays infectés par le virus mortel. Ces mesures considérées comme sévères et contraignantes mais saluées par beaucoup paraissent aux yeux de la société civile comme flou. Dans une déclaration rendue publique le mardi 24 mars 2020, Pulcherie Edith Gbalet, leader de l’ACI et de la société civile ivoirienne, en donne les raisons. 

L’intégralité!

DÉCLARATION DE ALTERNATIVE CITOYENNE IVOIRIENNE (ACI) RELATIVE À L’ADRESSE DU CHEF DE L’ETAT DU LUNDI 23 MARS 2020 SUR LE COVID-19
LES FAITS
Le bilan du coronavirus dans le monde faisait état, le lundi 23 mars 2020 de plus de 1,7 milliard d’habitants confinés et plus de 16 000 morts, dont plus de 10 000 en Europe et 1397 en Afrique. Les systèmes économiques et financiers de plusieurs pays développés sont au bord de l’asphyxie. Lundi, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a appelé les pays à passer à l’attaque en testant tous les cas et en plaçant en quarantaine leurs proches contacts.
En Côte d’Ivoire, le Gouvernement a pris les premières mesures le 16 mars 2020 et celles-ci ne sont pas respectées par les transporteurs particulièrement qui augmentent le nombre de passagers là où il n’y a pas de forces de l’ordre, et la majorité des populations qui ne portent pas les équipements de sécurité sur lesquels est pratiquée la surenchère. Le masque qui coûtait 100 F CFA est passé à 500 F et l’augmentation pour les gels hydro-alcoolique est pire et très anarchique.
Ce lundi 23 mars, dans une adresse au peuple, le Chef de l’Etat a annoncé de nouvelles mesures que sont :
1- La fermeture de tous les maquis et restaurants à compter de ce lundi 23 mars 2020 à minuit, après celle des bars, des boîtes de nuit, des cinémas et des lieux de spectacle ;
2- L’instauration d’un couvre-feu de 21h 00 à 5h 00 du matin, à compter du mardi 24 mars ;
3- La régulation des transports interurbains, intercommunaux, intra-communaux et l’interdiction des déplacements non autorisés entre Abidjan et l’intérieur du pays ;
4- Le confinement progressif des populations par aire géographique, en fonction de l’évolution de la pandémie ;
5- La création de couloirs humanitaires pour venir en aide aux personnes ou aux communautés ayant un besoin urgent d’assistance ;
6- Le renforcement des capacités des industries pharmaceutiques, des laboratoires et des structures de diagnostic et de prise en charge sur l’ensemble du territoire national ;
7- La détection précoce, la prise en charge rapide et l’isolement en toute confidentialité des malades ;
8- La mise en place d’un centre d’appels dédié au Covid-19 et d’un système d’alerte et de suivi utilisant notamment les nouvelles technologies de la communication.

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NOTRE ANALYSE

Soucieux d’une bonne prise en charge des populations démunies, des travailleurs du secteur informel et des populations rurales, nous pensons que le discours du Chef de l’Etat est flou sur plusieurs points.

Ses mesures :
1- Ne prennent pas suffisamment en compte la sensibilisation à grande échelle car ce n’est pas tout monde qui regarde la TV et qui lit les journaux et la durée de l’état d’urgence n’a pas été précisée,
2- Il n’y a pas de précisions sur les couloirs humanitaires pour mieux comprendre et aider à la sensibilisation. De quoi s’agit-il concrètement et comment cela va s’exécuter sur le terrain ?
3- la détection précoce se fait dans quel cadre ? Nous souhaitons avoir une liste des centres de dépistage,
4- Quelles sont les mesures d’accompagnement pour tous ces restaurants, boîtes de nuit et autres établissements qui seront fermés ?
5- le Premier Ministre a été instruit pour faire une évaluation du secteur privé. Et le secteur informel dont la majorité des acteurs vivent au jour le jour ?
6- le Ministre de la solidarité a lancé un appel à la solidarité aux footballeurs, aux artistes et à toutes les bonnes volontés. Ne serait-il pas préférable que le Gouvernement ait son programme social, en attendant les bonnes volontés ?
7- le Président a parlé d’un plan de riposte d’un montant de 95 Milliards 880 millions. Pouvons-nous savoir la description de ce plan et la part du social dans ce plan ? La pulvérisation des espaces publics et la distribution d’équipements de protection sont-elles inclues dans ce plan ?
8- le confinement sera-t-il progressif parce qu’il va être précédé de mesures d’accompagnement ?
9- le discours ne précise pas qui donne les autorisations de sortie d’Abidjan, la procédure d’obtention de ces autorisations, les caractéristiques des bénéficiaires ou les motifs valables et le coût,
10- Enfin, comment le Gouvernement implique la société civile dans la lutte contre cette pandémie ?
Il y a donc d’urgentes clarifications pour éviter le désordre.

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NOTRE POSITION
Il est souhaitable que tous les points évoqués ci-dessus soient éclaircis et renforcés par :
1- la mise en place d’un comité technique qui va y travailler et communiquer sur tous les points à éclaircir,
2- l’organisation d’une rencontre avec les organisations de la société civile pour leur expliquer le contenu de ce plan de riposte et leur dire comment ce plan implique la société civile pour la sensibilisation et l’appui aux populations,
3- La mise en place de centres de dépistage dans toutes les communes,
4- le dépôt dans toutes les communes du pays de seaux et gels avec un bénévole tous les 50 ou 100 m dans les lieux publics,
5- la distribution d’équipements de protection dans les ménages et penser à des dispositions pour les populations du milieu carcéral ;
6- le confinement précédé de la mise en place d’un fonds d’appui aux populations démunies, au secteur informel, aux salariés des PME qui souffrent déjà d’arriérés de salaire, etc.
7- l’exonérations des impôts ou taxes communales et le contrôle de la flambée des prix des denrées de première nécessité et des équipements de sécurité ;
8- la pulvérisation de tous les espaces publics et renforcer le contrôle du transport en commun ;
9- la création d’un fonds de soutien aux populations vulnérables et la création d’une banque alimentaire pour le don de produits alimentaires aux populations démunies,
10- une campagne de proximité pour informer et sensibiliser les populations sur les mesures et par exemple utiliser des camions mobiles pour véhiculer des messages d’appels à la responsabilité civile en français et dans les langues locales.

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Fait à Abidjan, le mardi 24 mars
Pour ACI,
La Présidente,
Pulchérie GBALET.