Charles Aznavour a rendu le micro

Charles Aznavour s’est éteint ce lundi 1er octobre. Acteur, mais surtout monument de la chanson française, le musicien d’origine arménienne était âgé de 94 ans.

Il a composé quelques-unes des plus belles chansons du répertoire français. Charles Aznanour, l’auteur de La BohèmeEmmenez-moi ou Hier encore est mort ce lundi 1er octobre. Il avait 94 ans. Né Chachnour Varinag Aznavourian, le 22 mai 1924, dans le 6e arrondissement à Paris, dans une famille d’Arméniens exilés, Charles Aznavour était un artiste complet.

Formé à l’Ecole des enfants du spectacle, il apprend le chant, la danse, le maquillage, la mise en scène et la comédie. C’est à la fin des années 40, que sa carrière démarre vraiment, après des années de galère. Depuis ses 9 ans

il tente de percer, faisant de la figuration, des cabarets et bals de banlieue. Le duo qu’il forme avec son comparse Pierre Roche séduit Edith Piaf. Elle leur ouvre les portes de l’Amérique. Piaf lui offre même une opération esthétique du nez.

En 1952, il revient en France et y lance péniblement sa carrière. Les radios le boycottent, les médias le cataloguent chanteur à bides. On critique beaucoup sa voix. Il se fait alors reconnaître comme auteur pour Juliette Gréco (Je hais les dimanches), Mistinguett ou Patachou.

J’avais tout contre moi, la voix, les chansons – on disait que ce n’était pas populaire, et quand c’est devenu populaire, on disait que c’était trop commercial, j’ai eu droit à tout”, évoquait-t-il en 2004 sur le plateau de Thierry Ardisson.

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Il finit par s’imposer en 1957, avec des concerts en tant que tête d’affiche à l’Alhambra et à l’Olympia. C’est aussi à ce moment là que sa carrière au cinéma explose. Il tourne pour les plus grands. La tête contre les murs, de Georges Franju en 1959, Tirez sur le pianiste de François Truffaut en 1960, Un taxi pour Tobrouk de Denis de La Patellière en 1961.

“Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais là où j’avais eu des articles affreux du point de vue chanteur, du point de vue acteur on m’a toujours un peu encensé, peut-être un peu trop”, disait-il dans une interview télévisée en 1963.

Il disait avoir pour moteur la colère “Je suis une colère ambulante. Je suis toujours en colère. Quand ce n’est pas après quelqu’un, quand ce n’est pas après une chose qui me déplaît, c’est après moi-même. J’ai besoin de me sentir en colère pour avoir la force de continuer”, confiait-il en 1963

Il lance alors une grande tournée mondiale portée par des tubes comme La Mamma. En 1965, il écrit La Bohème, l’une de ses chansons les plus célèbres. Dans les années 70 ses chansons s’ancrent dans l’actualité et traitent de faits de société. « Chaque fois qu’il y a un fait difficile, je suis là », disait-il.

C’est l’époque des chansons comme Comme ils disent, sur l’homosexualité ou Mourir d’aimer, sur le suicide de Gabrielle Russier, une enseignante qui avait aimé un lycéen et qui, accusée de détournement de mineur, s’était suicidée. « Je voulais m’insurger contre la bêtise et les esprits bourgeois », a-t-il expliqué à l’Express.

Il poursuit une carrière au cinéma, en parallèle de la chanson. En 1979, Charles Aznavour tourne dans Le Tambour de Volker Schlöndorff (palme d’or à Cannes) et le Fantôme du Chapelier de Claude Chabrol, en 1982.

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En décembre 1988, il réunit autour de lui 80 artistes pour chanter Pour toi Arménie et lever des fonds pour le pays, victime d’un tremblement de terre particulièrement meurtrier.

Dans les années 70, bien avant Gérard Depardieu, il avait eu maille à partir avec le fisc et s’était exilé en Suisse. « J’avais les médias contre moi, l’administration contre moi. Je ne trouvais plus de travail, je suis parti », résumait-il avec une certaine partialité, sur TV5 Monde. En 2008, le président arménien lui accorde la nationalité arménienne. Et en 2009, Charles Aznavour accepte le poste d’ambassadeur de l’Arménie en Suisse.

Son dernier album, Encores, sorti en mars 2015, témoigne, de son intérêt, toujours aussi vif pour la société. En septembre dernier, il s’était engagé pour les migrants, proposant d’accueillir des migrants dans les villages français dépeuplés, pour « construire leur future existence« .

“Je n’ai jamais arrêté de travailler. Je ne peux pas passer une journée sans rien faire”, déclarait celui qui a écrit plus de 800 chansons. Et si en 2015, à 91 ans, il chantait: « Je n’attends plus rien de la vie et je la vis au jour le jour », il s’empressait de préciser en souriant: « C’est une bonne rime, rien de plus »