Paris St Germain-Real de Madrid/ Serges Aurier, l’Empereur d’un soir     

Par Iris Fabiola Yaëlle/afriquematin.net : source : France 24.com

La valeur montante du Paris St Germain, Serge Aurier est en train de gagner les cœurs des supporters Ivoiriens. À Abidjan, où il a grandi, ses fans lui prédisent même un destin à la Didier Drogba, icône des Eléphants et faiseur de paix.

Contrairement au Parc des Princes, le match débute sans provoquer d’effusion démesurée. Au Grenier d’or, au cœur de la commune abidjanaise de Yopougon, pas de banderoles ni de maillots aux couleurs de son club. Ici, on est venu avant tout pour voir jouer Serge Aurier, l’enfant du pays qui a grandi dans la capitale économique ivoirienne. « Peu importe pour qui il joue. Nous, c’est sa présence dans le match qu’on vient voir », affirme Guy, informaticien de profession.

En cette soirée du mercredi 21 octobre, ils sont une vingtaine de supporters du joueur ivoirien à s’être donné rendez-vous dans ce bar pour regarder la rencontre de la Ligue des champions opposant le Paris-Saint-Germain au Real Madrid. Serge Aurier, qui a intégré le club de la capitale française en juillet 2014, est inscrit sur la feuille de match. Pour Pacôme, jeune militaire qui a troqué le treillis pour la tenue, plus décontractée, du civil, rien d’étonnant à cette titularisation : son poulain « a tous les atouts pour évoluer dans le football mondial ». Après une saison 2014-2015 passée davantage sur le banc que sur la pelouse, le puissant arrière droit de 22 ans est devenu, en seulement quelques rencontres, l’un des joueurs les plus en vue de l’effectif parisien.

 

Le 30 septembre dernier, pour son premier match jamais joué en Ligue des champions, l’international ivoirien a marqué le premier des trois buts du PSG face au Shaktar Donetsk. Contre le Real, Serge Aurier a, en ce soir du 21 octobre, la lourde tâche de repousser les assauts d’une attaque madrilène qui, même privée de Karim Benzema et de Gareth Bale, reste l’une des plus redoutables au monde. Autour de la table où se bousculent de grandes bouteilles de bière, on ne s’agite guère que lorsque l’Ivoirien touche un ballon ou parvient à stopper, sans coup férir, les avancées de la star portugaise du Real, Cristiano Ronaldo. Malgré le match, ce n’est pourtant pas la foule des grands soirs au Grenier d’or. « À cause de l’élection présidentielle de dimanche, les gens osent moins sortir », croit savoir Guy.

En 2007, déjà, alors que le pays était divisé entre le Nord rebelle et le Sud loyaliste, c’est un match qui rassembla un temps les Ivoiriens. Pour les qualifications de la CAN, les Eléphants avaient reçu l’équipe de Madagascar au stade de Bouaké, le fief de l’insurrection nordiste. « Toute la Côte d’Ivoire était représentée ce jour-là dans les tribunes et des jeunes de Yopougon étaient allés jusqu’à Bouaké», se rappelle Guy.

À l’époque, l’équipe nationale comptait dans ses rangs celui qui restera longtemps comme l’ambassadeur du ballon rond ivoirien, Didier Drogba. Plus qu’un joueur de foot de carrure internationale, l’attaquant natif de Yopougon est une icône qui n’a cessé d’œuvrer pour la paix. En contribuant notamment à la tenue du match à Bouaké en 2007. « Didier Drogba a fait en sorte que les Ivoiriens soient tous frères, s’enthousiasme Pacôme. C’est par lui qu’on se réconcilie, c’est par le football qu’on se réconcilie». 

Ces qualités de footballeur au grand cœur, la petite bande du Grenier d’or assure les retrouver chez Serge Aurier. « C’est un combattant et il ne triche pas. C’est quelqu’un d’une grande humilité, témoigne Pacôme. Lorsqu’il vient à Abidjan, il se rend dans les maquis, s’assoit à une table et parle avec tout le monde », affirme Guy.

Au coup de sifflet final, les joueurs du PSG-Real quittent la pelouse sur un score vierge. Serge Aurier n’a pas à rougir de sa performance. Avec le gardien Kevin Trapp, il est le joueur parisien à avoir montré le plus d’engagement sur le terrain. Selon l’analyse de Guy, « Il a confirmé son talent, il a bloqué Ronaldo du début à la fin et c’est sûr qu’Aurier est en train de se faire un nom ».