Par Propos recueillis par Jean-Sébastien Levry – Afrique Main.Net
Pour la première fois depuis sa sortie du Gouvernement, Anzoumana Moutayé, l’ex-ministre des PME rompt le silence… Dans cet entretien, le Président reconnu du MFA, revient sur les élections législatives et sa non-reconduction dans le Gouvernement Gon Coulibaly. Il ne manque pas surtout de répondre à Anaky Kobenan, avec qui il est en conflit pour le contrôle du RHDP, suite à la récente sortie de celui-ci dans la Presse.
Quelle est votre réaction quand Anaky Kobenan dit dans la Presse que le RHDP n’a pas besoin de vous et de votre MFA ?
C’est Anaky qui dit que le RHDP n’a pas besoin de moi. Mais la réalité est que le RHDP a besoin de Anzoumana Moutayé en tant Président du MFA et du parti politique qu’est le MFA. Le RHDP a besoin de tous les partis et de tous les militants. Le Directoire du RHDP n’a jamais dit que le MFA que dirige Anzoumana Moutayé ne fait plus partie du RHDP. La preuve, lors des élections législatives, nous sommes allés en RHDP avec le logo du MFA. Donc ce que dit Anaky n’engage que lui seul. Peut-être qu’il ne sait pas ce qu’il va dire ou il n’a rien à dire. Ce n’est pas parce qu’on a perdu une élection qu’on n’appartient pas à un parti politique ou à un groupement politique. Si c’est cela, lui-même en 2011, il a perdu lamentablement à Cocody avec 2% des voix. Perdre une élection ne veut pas dire forcément qu’on n’a pas de militants derrière soi. Et il le sait très bien, qu’à Kouassi-Datékro on a perdu sur un fil. Mais on peut perdre une élection à une voix près. Quand vous allez à une élection où vous avez plus de 2000 voix, on ne peut pas dire que vous n’êtes rien.
Mais il dit que les trois (3) Députés du MFA ont été battus sur le terrain par leurs alliés du RHDP, ce qui signifie que vos alliés vous ont rejetés ?
Les trois (3) Députés ont été battus par 3 Indépendants qui sont issus du PDCI ou du RDR. Mais ça, on l’a constaté un peu partout. Cela veut dire que notre appareil RHDP s’est un peu trompé dans les choix des candidats et comme les choix ont été fait de façon tardive, on a eu des gens qui étaient déjà prêts pensant qu’on allait les retenir et lorsqu’ils n’ont pas été retenus, ils sont allés en indépendants. Et cela s’est passé un peu partout. La preuve aujourd’hui au Parlement, nous avons 75 députés indépendants.
Que répondez-vous quand il dit que vous manquez de culture politique ?
Mais est-ce que quand lui Anaky a perdu à Cocody en 2011, il n’avait pas de culture politique ? Je pense que la vie d’un parti politique ne tient pas qu’à une élection. Donc, nous sommes MFA et nous travaillons pour faire gagner la Côte d’Ivoire parce que nous pensons que le RHDP c’est la meilleure alternative pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.
Anaky n’a-t-il pas raison de dire que vos alliés du RHDP vous ont utilisé pour, par la suite, vous jeter à la porte quand ils n’ont plus besoin de vous puisque vous n’êtes plus au Gouvernement ?
Nous sommes en de très bons termes. La preuve les différents partis politiques n’ont jamais dit le MFA fait plus partie du RHDP. Ils l’ont réaffirmé lors des différentes rencontres que nous avons eu après les élections et même après la formation du gouvernement. C’est vrai, on n’est pas au gouvernement mais le fait de ne être au gouvernement ne veut pas dire qu’on n’est pas membre du RHDP.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le MFA n’est pas au gouvernement. Sous Anaky, quand il était président du MFA on a passé 6 ans sans être au gouvernement. Donc, ce n’est pas parce que pour la première fois, le MFA que je dirige n’est pas au gouvernement qu’il va dire qu’on est plus au RHDP. Le Bureau du Politique du 14 janvier a permis de réaffirmer la constance dans la position du MFA qui est de travailler avec nos alliés pour le bonheur des militants et des Ivoiriens.
Lors de la crise récente qui a secoué le pays, on n’a pas entendu le MFA. Pourquoi ?
Vous vous trompez parce qu’à toutes les réunions que le RHDP a organisées concernant cette crise, le MFA a été toujours représenté. Mieux, depuis le 14 janvier dernier, le MFA a fait une déclaration qui félicitait le Gouvernement d’avoir trouvé une solution avec les militaires et qui invitait l’ensemble des parties au dialogue constructif et positif pour pouvoir trouver une issu heureuse à cette crise. Et je crois que c’est ce dialogue qui a triomphé parce qu’aujourd’hui, les parties ont dialogué et ont trouvé un terrain d’entente qui a permis de suspendre la grève. Voilà que le MFA a proposé. Il y a eu certes un retard de diffusion mais notre déclaration est passée à la télévision et il faut s’en tenir à elle.
Des membres de l’opposition proposent qu’un gouvernement d’union nationale, une transition ; qui d’autre un forum, un conseil national. Comment appréciez-vous de telles réactions ?
Le MFA fait partie du Rhdp. Face à ces sujets, le Rhdp doit se réunir pour savoir quelle conduite tenir. Cette réunion ne s’est pas encore tenue. Le MFA en tant qu’entité n’a pas de position à donner. Je pense à titre personnelle que la situation n’appelle pas une transition. Le gouvernement a bien géré la crise sociale. Sur six revendications des fonctionnaires le gouvernement a trouvé solution à cinq, ce qui est un bon qualitatif. Il reste une seule revendication pour laquelle chacune des parties travaillera à trouver une solution d’ici un mois. Gouvernement d’union ? Mais il n’y a pas de crise politique qui en engage le gouvernement !
Comment expliquez-vous le fait que vous soyez sorti du Gouvernement alors que vous avez été désigné meilleur ministre en 2016 ?
Mais ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Il faut plutôt la poser à celui qui a fait le gouvernement. Je pense que le Président de la République a fait confiance à des collaborateurs qui devraient former le nouveau gouvernement. Bon, je n’ai pas été retenu. Je ne sais pas pourquoi mais ce que je sais c’est que je ne me reproche rien. Je crois que nous avons bien travaillé et nous avons laissé de bons chantiers à notre successeur qui va les continuer et les achever. Comme je l’ai dit à la passation de charges, nous avons ouvert le chemin pour que lui fasse l’autoroute. Et je pense que bientôt les résultats vont se faire sentir et les PME vont sentir véritablement que pour une fois les gouvernants pensent à elles.
Après les élections lors desquelles le MFA n’a pas eu d’élus, le parti n’est plus représenté au Gouvernement ; quelles sont les perspectives qui s’offrent à votre parti avec vous en tant que Président ?
Il y a une précision à faire, le MFA n’a pas perdu les élections. Nous sommes allés en RHDP. Et c’est en tant que candidats RHDP que nous avons perdu les élections dans ces circonscriptions. Mais nous sommes constants dans notre position, nous travaillons avec le RHDP et nous assumons ce qui s’est passé. C’est vrai que ça n’a pas marché sur le terrain mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas des militants. Aujourd’hui, sur toute l’étendue de la Côte d’Ivoire, le MFA est représenté et cela dans tous les départements, dans toutes les sous-préfectures. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Depuis notre arrivée, le MFA se porte bien et participe dans tous les départements à la coordination du RHDP. D’ailleurs, vous avez vu lors des missions RHDP nous avons dirigé 13 délégations et nous avons été vice-coordinateurs dans 12 délégations. Ce qui n’avait jamais été par le passé. Avant notre arrivée, les militants MFA avaient honte de se présenter mais aujourd’hui le militant MFA se présente avec fierté et travaille aux cotés des autres membres du RHDP. Les résultats des élections sont derrière nous. Nous sommes en train de travailler pour redynamiser le parti et pour vraiment faire en sorte que pour les prochaines élections nous puissions bien nous positionner.
