Par l’Honorable Séraphin Kouamé Yao*
La fraude électorale est un sujet préoccupant, car elle remet en question la légitimité des résultats et peut entrainer des tensions. Pour ces présidentielles de 2025 en Côte d’Ivoire, le Vice-Président, Haut Conseiller du Pdci-Rda, Secrétaire exécutif chargé des nouvelles Adhésions, l’honorable Séraphin Kouamé Yao, dépeint les agissements du Rhdp en moins d’un an de la tenue de ce scrutin.
Il n’échappe à personne qu’à moins d’un an de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 le gouvernement Rhdp continue de détruire les ménages et autres espaces commerciaux dans les quartiers sélectivement dits précaires-, surtout pas au politique, que les quartiers déguerpis sont réputés être des monopoles électoraux du Rhdp.
Passe encore la souffrance volontairement infligée aux Ivoiriens par la politique de vie chère ou panier de la ménagère vide ; passe encore la modicité du prix d’achat du cacao et autres produits de rente ; passe encore les abus en matière d’électricité, d’eau ou autres abonnement média.
Comment comprendre qu’un régime qui ne compte absolument pas lâcher le pouvoir et qui use de toutes les stratagèmes pour se maintenir montre subitement tant de mépris à l’électorat ? Absurde, non ? Car, la logique en politique aurait été que le Rhdp fût en train de draguer, de séduire le large électorat toujours réfractaire à sa politique.
Mais, brimer le bétail électoral traditionnellement acquis à sa cause interroge : sur quoi compte-t-il au juste-pour espérer se maintenir au pouvoir en 2025, si tant est que l’électorat n’a plus de prix à ses yeux ?
Des millions de personnes achetées et manipulées…
La réponse à cette interrogation relève d’un truisme : la fraude. C’est tout ce qu’ils ont, rien d’autre ! C’est cette méthode qui a permis à la case de se maintenir au pouvoir des années durant. C’est elle qui assure à ce parti impopulaire la majorité dans les deux chambres du parlement, ainsi qu’au niveau des communes et régions du pays.
Dernièrement aux élections locales, outre les achats de conscience à outrance et les intimidations et chantages de toute sorte, le Rhdp a construit sa stratégie autour de la transhumance et du convoyage des électeurs.
On se souvient que des millions de personnes achetées et manipulées se sont déplacées massivement pour aller voter dans des zones avec lesquelles elles n’ont aucun lien d’attachement, ni sociologique ni économique.
Si de telles manœuvres sont inopérantes sur le plan national en ce qui concerne l’élection présidentielle, l’idée de frauder demeure la seule arme du Rhdp pour la gagner. Comme nous le rappelle le célèbre écrivain Amadou Kourouma dans son non moins célèbre roman Sous les soleils des Indépendances, le chien ne change pas sa façon éhontée de s’asseoir dit un proverbe bien connu.
Il faut être préparé pour parer à toutes éventualités
Le Rhdp, conscient de sa faiblesse et du ressentiment des Ivoiriens décidés à le sanctionner dans les urnes, sait qu’il ne peut gagner des élections transparentes. Il fera tout pour que la joute de 2025 soit tout sauf démocratique.
L’opposition, singulièrement le Pdci-Rda, et les Ivoiriens doivent-ils s’en inquiéter. Bien sûr ! Mais, ils ont certainement mieux à faire que de se lamenter. Ils doivent se préparer à se battre. Car, comme le rappelle le Président Tidjane Thiam, l’élection est un combat. On n’y va pas comme on va à un diner-gala. Il faut être préparé pour parer à toutes éventualités. Dès maintenant, il faut préparer l’antidote de la fraude.
En ce sens, la détermination du Pdci-Rda à faire enrôler le plus grand nombre de votants possibles est à saluer.
Malgré la tentative du Rhdp et de son bras électoral la Commission électorale indépendante (CEI) de démontrer que le Président Thiam s’est trompé dans ses calculs, la vérité du terrain lui donne raison. L’engouement des Ivoiriens est bien réel tout comme le chiffre de quatre (4) millions de gap excipé par le successeur d’Henri Konan Bédié et Félix Houphouët-Boigny.
Tous concernés
Car, ce qu’oublient de dire les détracteurs, c’est qu’au lieu que l’engouement se constate dans les bureaux de vote, c’est dans les tribunaux, mairies et sous-préfectures qu’il est palpable. C’est d’autant plus inquiétant que cela est révélateur de ce que les Ivoiriens n’ont pas de papier. C’est une réalité qui ne concerne pas que le milieu rural : elle s’avère également en milieu urbain. C’est une réalité qui ne concerne pas que les Baoulés : toutes les ethnies de la Côte d’Ivoire sont concernées. Et c’est là l’un des échecs les plus cuisants du régime Rhdp.
Qu’un gouvernement ne soit pas gêné que son peuple soit sans-papier est grave. Si ce problème préoccupait le régime actuel au pouvoir, le Pdci-Rda et son président n’auraient pas à se battre pour obtenir la prorogation et l’annualité de la révision de la liste électorale. Ils n’auraient pas à se battre, faisant ainsi écho au cri de cœur des Ivoiriens, pour obtenir la gratuité des actes d’identité.
N’est-ce pas aberrant, par exemple, que la gratuité du certificat de nationalité soit finalement acceptée alors que l’extrait d’acte de naissance, acte préalable à son établissement continue à être onéreux ? N’est-ce pas absurde qu’un Ivoirien disposant d’un certificat de nationalité de moins de dix ans ne puisse pas s’en servir pour s’inscrire sur la liste électorale sous prétexte qu’il n’a pas été établi pendant le processus de la Révision de la liste électorale (RLE) 2024 ?
Le rôle peu recommandable de l’administration
Comble de l’incohérence, la mise en œuvre de la loi spéciale 2018 sur l’état civil ne fonctionne pas, tout simplement pour défaut d’imprimés, dit-on ! Inutile d’évoquer les sous-préfets aux ordres qui refusent d’établir les certificats de résidence pour l’électorat soupçonné pro-opposition qui souhaite changer de lieu de vote parce qu’ayant changé de résidence.
Bref, l’engouement est bel et bien réel. Et le chiffre d’un million d’enrôlés minimum en seulement mois de 4 semaines l’atteste éloquemment. Si l’opération se prolonge de quelques mois, il est plus que probable que le chiffre de quatre (4) millions indiqué par le Président du Pdci-Rda pourrait être atteints.
Les Ivoiriens insistent pour avoir leurs papiers et être en mesure de s’enrôler. Ils veulent voter. C’est pour eux à la fois un droit civique et un devoir citoyen. Ils ne comprennent donc pas que tout doive s’arrêter, au moment où au prix d’efforts herculéens leurs papiers commencent à sortir.
La prorogation de l’opération de la RLE
La vérité est qu’en plus des tracasseries administratives, des blocages techniques et des stratagèmes politiques ainsi égrenés, beaucoup d’Ivoiriens n’avaient pas été informés de l’opération. Ils ne comprennent donc pas pourquoi elle doit s’arrêter au moment où ils sont informés et se mobilisent pour faire le parcours du combattant. L’opération de la RLE doit absolument se poursuivre. Que compte faire la CEI des milliers de papiers sur les bureaux des magistrats, maires et sous-préfets ?
Les Ivoiriens réclament sa prorogation. L’opposition la réclame. Le gouvernement n’a d’autres choix que de céder. Avec l’examen du projet de loi de finances portant budget de l’Etat pour l’année 2025, les députés de l’opposition, singulièrement ceux du Pdci-Rda, et tous les autres députés, conscients de leur rôle de représentants du peuple, doivent saisir l’occasion pour se faire entendre.
En tout état de cause, le sabordage de l’opération ne doit en aucun cas saper le moral des électeurs prêts à en finir avec le régime Rhdp. Il ne reste que dix mois environ avant la fin de notre galère. Il ne nous reste que moins d’un an de sacrifice à faire. Avec son aura, le Président Tidjane Thiam a déjà fait l’essentiel.
Une élection se gagne-dans les bureaux de vote
Sans doute, il ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Mais, il nous revient, nous Ivoiriens, de comprendre que la victoire nous tend les bras et de prendre notre destin en main : elle est plus que jamais à notre portée.
Certes le gouvernement Rhdp, en cassant les maisons dans les quartiers habituellement acquis à sa cause, sans sommation, sans tenir compte des périodes d’examen de grand tirage ou des intempéries, montre qu’il a son pied sur caillou. C’est pourquoi il ne craint pas le vote-sanction des familles des nombreux vieillards et des personnes à la santé fragile qui ne survivent pas une fois mis à la rue.
Mais, nous aussi nous avons notre pied sur caillou. Il nous suffit d’en prendre conscience. Car une élection se gagne avant tout dans les bureaux de vote. Nous devons nous y préparés minutieusement. Nous devons constamment maintenir la pression, en occupant chaque périmètre du terrain, par la poursuite des opérations de maillage, d’adhésion, de restructuration des délégations et de mobilisation de la base.
Nous devons continuer à peaufiner notre stratégie de surveillance des urnes et de sécurisation des votes. C’est l’unique façon d’empêcher la fraude du Rhdp en 2025. A nous la victoire ! A Dieu la gloire !
*Vice-Président, Haut Conseiller du Pdci-Rda
Secrétaire exécutif chargé des nouvelles Adhésions
