Victorine Kouaglou, meilleure productrice ivoirienne de cacao 2018 : » L’encouragement à l’organisation des producteurs en coopérative est une mise en scène du gouvernement »
Par Haidmond Kaunan/ afriquematin.net depuis le Guémon
« La collecte – dépôt -vente des produits du cacao n’est plus à l’ordre du jour dans les sociétés coopératives de café et de cacao, en Côte d’Ivoire. Cela n’a plus son sens quand on on réalise que les traitants ont de loin plus de moyens financiers que nous les coopératives que l’Etat prétend organiser. Nous sommes sans défense quand on sait que faute de moyens nos propres membres sont obligés de vendre leur produit à ces puissants concurrents que sont les traitants. Et nos partenaires, les exportateurs, quant à eux, nous abandonnent à tout moment… » C’est Madame Victorine Kouaglou, Présidente de la société coopérative Kouodo-Due et lauréate du prix spécial Abdoulaye Fatiga de la meilleure productrice de cacao 2017-2018 qui s’exprime ainsi.
Nous l’avons rencontrée ce mardi 22 octobre 2019, au sein de l’organisation dont elle est la première responsable et qui est située dans la commune de Duékoué. Cette femme d’une cinquantaine d’années et propriétaire de plus de soixante hectares de cacao dit n’expérimenter que de tristes souvenirs quant à ce qui concerne la vie des producteurs de café et cacao en Côte d’Ivoir : « On me regarde comme quelqu’un de riche à cause de la superficie de mes plantations qui est vaste mais je vous rassure c’est une misère que je vis. Le paysan n’a jamais rien. On fait croire que son problème est lié à l’ignorance de technique de gestion de son revenu, ce qui n’est pas du tout vrai. Mais on refuse de dire qu’il dépense plus qu’il reçoit » justifie la présidente du conseil d’administration de Kouodo-Due pour qui le métier de producteur agricole est très ingrat, sachant que les régions de Guémon et Cavally qui constituent la nouvelle boucle du cacao ne bénéficient d’aucune infrastructure de l’Etat. A preuve, selon elle, une section de sa coopérative fait 400 tonnes de cacao mais faute de route ce sont les pisteurs qui , à moto , s’emparent de ce tonnage et ces producteurs ne bénéficient ni de puits amélioré d’eau pour la consommation ni un simple appâtâmes pour que leurs progénitures s’en servent comme ‘école.