Société-Moeurs/ Le ministre Danielle Boni Claverie indignée…

Le phénomène « Porta Potty » (femmes toilettes) qui défraie la chronique depuis quelques jours, suscite des réactions diverses dans chaque pays et dans le monde. Témoignages et justifications fusent de partout, la présidente de l’URD, le ministre Danielle Boni Claverie, a fait une intervention que nous avions jugé bon de publier. (Par Justin Kassy/afriquematin.net)

« Vous avez dit « femmes toilettes !»  « Porta Potty » pourrait paraître mélodieux à ceux qui ne comprennent pas l’anglais, c’est pourquoi j’utilise à contre-cœur ce terme dégradant de « femmes toilettes » qui nous entraîne dans la dépravation, l’infamie, l’abomination et la faillite morale. Si j’en parle, c’est pour deux raisons. Non seulement pour une question morale mais parce qu’il s’agit d’un phénomène qui vise principalement la communauté africaine, nos jeunes femmes noires. Nous sommes donc interpellés en tant que responsables.

Certes, la prostitution est le plus vieux métier du monde et mon propos n’est pas ici de m’interroger si elles sont des victimes ou des travailleuses. Le commerce du sexe a ses règles et certains pays la considère comme une activité régulière à tel point qu’ils posent la question de la légalisation de la prostitution.

Mais chez ces « femmes toilettes », le problème se pose différemment. Elles ne sont pas ignorantes de ce qu’elles font puisqu’après avoir été appâtées par du shoping de luxe, elles signent des contrats détaillés, explicites et confidentiels. Ces jeunes femmes, nous dit-on, sont des mannequins, des actrices de télé-réalité ou des influenceuses sur les réseaux sociaux qui jouissent déjà d’une certaine notoriété et sont suivis par des centaines voire même des milliers de followers.

Elles conditionnent ainsi des esprits faibles en se pavanant dans des hôtels 5 étoiles et en se parant de toilettes ou d’accessoires de grand luxe. Ainsi la boucle est bouclée. Ces influenceuses, au nom bien porté, satisfont leur appétit de luxe par des pratiques innommables et jouent un rôle de rabatteuses pour des milliardaires de pays où tout brille mais où l’envers du décor est une abjection.

Les hommes de Dieu sont interpellés. Les religions ne sont-elles pas porteuses de valeurs universelles ? Devant une telle dérive de nos sociétés, ils ne peuvent pas, ils ne doivent pas rester muets. Il leur revient de dénoncer et de tenter de corriger nos carences culturelles et spirituelles en condamnant ces rites sado-mystiques.

Le politique n’est pas en reste car notre jeunesse est en crise. Remise en cause de l’autorité, perte d’influence des adultes, démission des parents, système éducatif en berne, absence de modèles valorisants, indiscipline, insouciance, frivolité.

La pauvreté a bon dos. Il nous faut redonner du sens à la notion de travail, réintégrer nos valeurs traditionnelles positives dans les systèmes d’enseignement. Il s’impose à nous de mettre en place un nouveau modèle de transmission des valeurs parents-enfants qui s’est brisé donnant à nos adolescents la possibilité de n’être que des consommateurs compulsifs d’où l’appart du gain effréné.

Il serait bon que ceux qui s’adonnent à ces pratiques avilissantes se rappellent qu’un proverbe arabe dit : « Respecte en toute femme celle qui t’a porté ». »

Danièle Boni-Claverie, Présidente de l’Urd.

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