Processus électoral/Le gouvernement doit démontrer que la Côte d’Ivoire est un état de droit
Par Michel Kouadio Koffi*
Le processus électoral ivoirien de 2025 est entré dans sa phase active et pratique en octobre et novembre 2024 avec la révision de la liste électorale en abrégé LRE.
En effet, depuis l’élection présidentielle post-crise de 2010, c’est la toute première fois que les formations politiques significatives du pays vont s’affronter à l’occasion du renouvellement constitutionnel des instances dirigeantes du pays.
Ainsi le Pdci-Rda, le Rdr-Rhdp et le PPA-CI la nouvelle formation politique du président Gbagbo affûtent leurs armes pour cette échéance cruciale. Cette volonté, cette envie et cette détermination de vouloir en découdre avec l’une ou l’autre formation a été manifestement démontrée à l’occasion de la Révision de la liste électorale (RLE) 2024.
Chacun des états-majors conduit par des leaders ou hauts dirigeants n’a pas boudé son plaisir à aller à la rencontre des ivoiriens à l’effet de les sensibiliser et/ou mobiliser pour faire corps avec l’enrôlement. Toute chose qui a produit des effets positifs avec l’enrôlement de près 900.000 nouveaux électeurs en seulement trois (03) semaines.
Ce résultat quelque peu flatteur a laissé un goût inachevé du fait de l’arrêt dudit processus au moment où l’engouement suscité s’étendait à toutes les régions du pays. Et pour ne laisser personne en marge de l’élection présidentielle d’octobre prochain, les partis politiques de l’opposition et les acteurs de la société civile lancent un appel au premier responsable de structure étatique chargée des élections, en vue de l’ouverture de la révision de 2025 comme l’exige l’article 6 du code électoral.
Alors que toutes les oreilles sont tendues vers la Commission électorale indépendante (CEI) pour une proposition de date, c’est avec étonnement que le président de cette institution affiche son refus d’envisager une quelconque révision en 2025, violant du coup la loi qui fonde, organise et planifie le fonctionnement de l’institution dont il est le premier responsable.
En adoptant une telle position, Kuibiert Coulibaly se fait l’écho du Rdr-Rhdp, parti au pouvoir qui se dresse contre toute volonté de révision en cette 2025. Une décision qui piétine les lois et textes de la république qu’elles qu’en soient les raisons, c’est se dresser contre le peuple, l’émanation du pouvoir législatif et exécutif. En se rangeant du côté de sa formation politique le Rdr, l’homme de Droit se trouve frappé par une impartialité contraire à l’éthique et la déontologie de son rôle d’arbitre.
Prenant fait et cause pour le Rdr-Rhdp, le président de cette institution n’est plus fondé à garantir la sincérité du scrutin présidentiel à venir, il ne parait non plus apte à conduire un processus électoral démocratique, transparent et apaisé. Et soutenant par ailleurs cette formation politique, il aide à exclure du processus électoral des milliers d’Ivoiriens, les privant ainsi de leur droit inaliénable de vote et il détruit également les fondements même de l’expression de la démocratie, gage d’un suffrage universel direct réussi.
Au regard de ce qui précède, il urge que tous les acteurs politiques aussi bien nationaux qu’internationaux, les organisations de la société civile d’ici et d’ailleurs s’unissent pour faire appliquer la loi en vue de faire aboutir les décisions de la cour africaine des droits de l’homme. Ainsi, garant de l’unité nationale, de la paix et de la stabilité, le gouvernement ivoirien, a non seulement l’occasion d’appliquer la réforme des institutions impliquées dans le processus électoral, mais aussi et surtout à indiquer sans délai la date de la révision électorale au titre de l’année 2025.
Le gouvernement ivoirien, qui ne cesse de clamer haut et fort que la Côte d’Ivoire est un état de droit détient là l’occasion de le démontrer en face du monde entier et ainsi prouver sa crédibilité.
*Membre du Grand Conseil Régional du Pdci-Rda