Prisonniers politiques/ Michel Gbagbo (député) écrit au Président Alassane Ouattara

Guillaume Ahi/afriquematin.net

Dans une lettre adressée aux président Alassane Ouattara dont nous avons reçu copie, le député Michel Gbagbo reviens sur les prisonniers politique depuis la crise de 2010-2011.

Votre Excellence,

Par la présente, je vous porte une sollicitation en vue d’accorder la liberté à tous les prisonniers civils et militaires dits politiques de notre pays. En effet, Monsieur le Président de la République, les crises socio-politiques survenues depuis la crise post-électorale de 2010-2011 à nos jours, ont engendré l’emprisonnement de personnes civiles et militaires.

Cependant, notre pays connait une période d’accalmie se traduisant par les faits suivants :

– la liberté dont, de notoriété publique, jouit Monsieur Laurent Gbagbo, ancien Président de la République, de vaquer librement à ses occupations ;
– la liberté dont jouit également, et dans les mêmes conditions, Monsieur Philippe Mangou, ancien Chef d’Etat-Major des Armées ;
– la participation de tous les partis politiques aux élections législatives de 2021 ;
– votre rencontre, Monsieur le Président de la République, avec le Président Laurent GBAGBO le 27 juillet 2021 ;
– la poursuite, avec une vigueur nouvelle, du dialogue politique regroupant toutes les aspirations politiques et sociales du pays ;
– et votre dernière rencontre, Monsieur le Président de la République, avec vos prédécesseurs, les Présidents Henri Konan BEDIE du PDCI-RDA et Laurent GBAGBO du PPA-CI, le 14 juillet dernier.

Pourquoi, Monsieur le Président de la République, l’épée le cédant à la toge, des militaires de haut rang ayant dignement défendu le drapeau national, sur ordre, resteraient-ils encore en prison, condamnés par une justice ivoirienne sous pression, quand le donneur d’ordres, lui, en l’occurrence Monsieur Laurent Gbagbo, acquitté de toute charge par la justice internationale, serait libre de ses mouvements ?

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Pourquoi proroger l’idée d’une protection discriminée des officiers supérieurs servant la République, quand un ancien Chef d’Etat-Major, en l’occurrence Monsieur Philippe Mangou, bénéficie d’un traitement de faveur de votre part, tandis que les plus rigoureux des soldats, comme l’illustre le cas du Général Dogbo Blé, se voient, eux, punis pour avoir obéi aux ordres et défendu l’Etat ?

Pourquoi, dans un contexte particulier, marqué comme vous le savez par la nécessité d’unir tous les fils de la Côte d’Ivoire afin de contrer, ensemble, la menace probable d’une guerre asymétrique menée par les mouvements djihadistes, maintenez-vous entre les Ivoiriens, et par votre seule volonté, une fracture sociale, susceptible de saper le moral des populations ?

N’est-il pas opportun, aujourd’hui, maintenant, Monsieur le Président de la République, à la faveur de la rencontre dite des trois grands, si symbolique et si porteuse d’espoirs, d’entendre enfin les souhaits d’une population, lassée des scories de la crise postélectorale, et désireuse de voir les énergies se convertir dans la lutte contre la vie chère et pour un climat social apaisé ?

Je suis persuadé, Monsieur le Président de la République, que les faits susmentionnés devraient militer pour la libération de vos concitoyens cités dans la présente adresse.

Vous remerciant de votre compréhension, je vous prie d’accepter, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes plus respectueuses salutations.