Lutte contre la pauvreté, autosuffisance alimentaire/Bientôt un marché de Gros dans le sud-Comoé
Par Aka Jean Marie/afriquematin.net
Offrir à la région son marché de Gros, tel est le rêve de Mme Debi Dago Laurence, présidente de la Confédération des associations féminines pour l’émergence du Sud-Comoé (Cafer Sud-Comoé). Un rêve qu’elle espère traduire en réalité grâce au soutien du roi du Sanwi, du conseil régional et de ses partenaires. A la découverte des grands chantiers de cette actrice du leadership féminin qui fait du développement son leitmotiv.
Tout commence en 2004. En cette année là, raconte-t-elle, « ici à Grand-Bassam, avec l’association des femmes que je dirigeais, nous avons organisé une fête des mères et j’ai remarqué que dans la même ville, quatre associations féminines organisaient le même évènement. Alors je me suis dis pourquoi ne pas se mettre ensemble pour travailler surtout que les associations qui existaient n’étaient là que pour organiser des mariages ou des baptêmes. C’est ainsi qu’en 2005 fut née la fédération des associations féminines de la commune de Grand-Bassam. Notre objectif, contribuer à l’indépendance économique de la femme à travers des activités rémunératrices, promouvoir la solidarité. Cette initiative non seulement a été approuvée par les femmes de la commune, mais elle a fait école dans les communes de Bonoua, Adiaké, Maféré, Aboisso, Bongo, Noé. A ce niveau je me suis dit pourquoi ne pas créer une confédération et regrouper toutes ces femmes avec des objectifs bien précis. (…) Encore j’ai pris mon bâton de pèlerin et après une longue de sensibilisation auprès des fédérations, la Confédération des associations féminines pour l’émergence du Sud-Comoé (CAFER) verra le jour en 2016 », précise Mme Dago Laurence.
Une fois ce pari réussi, la présidente de la CAFER Sud-Comoé a immédiatement investi les différents départements de la région pour déployer son programme d’activités. Ce programme s’articule autour de plusieurs points dont la réalisation des cultures vivrières.
Mme Debi Dago Laurence explique que la confédération dispose de petites parcelles à Aboisso, Grand-Bassam, Noé sur lesquelles sont réalisées des plantations de manioc. Grâce aux nouvelles techniques culturales, indique-t-elle. La CAFER Sud-Comoé qui bénéficie du soutien de la Coopérative vivrière du département de Grand-Bassam(Coviba) et de l’encadrement des conseillers agricoles réussit à faire de bonnes récoltes, rassure-t-elle. « Sur le plan agricole, les femmes interviennent depuis la plantation jusqu’à la transformation du manioc », indique la brave dame qui indique que dans les villages les femmes disposent de petites unités de transformation pour faire ce travail.
Elle s’est aussi réjouie du fait que l’Etat ait décidé de construire des unités de transformation dans les régions de la Côte d’Ivoire. Dans le Sud-Comoé ce sont les villes d’Aboisso et de Grand-Bassam qui ont été choisis pour accueillir ces infrastructures. La présidente de la CAFER Sudd-Comoé salue ce projet car selon elle, « ces grandes unités interviendront depuis la transformation jusqu’au séchage » ce que les petites unités ne peuvent faire.
Bien que dans le Sud-Comoé, les populations aient utilisé la quasi-totalité de leurs parcelles pour cultiver les cultures pérennes, Mme Debi Dago Laurence et son partenaire PANAF-CI, une plate-forme pour la promotion de l’Agriculture Familiale, espèrent qu’en même obtenir des terres cultivables.
Le marché de gros à … Krinjabo
En ce qui concerne le commerce, même si la CAFER-Sud Comoé n’a pas encore établi un programme d’activités, cela ne veut pas dire que ses responsables ne nourrissent pas de projets dans ce sens. D’ailleurs Mme Debi Dago Laurence n’a pas manqué d’exprimer son amertume face aux tracasseries routières, aux diverses difficultés rencontrées par les commerçantes du Sud-Comoé dans l’exercice de leur mission. Pour palier cela, elle ambitionne de doter cette région, d’un marché de gros. Avec le soutien du conseil régional, c’est le plus beau et le plus grand cadeau qu’elle souhaite laisser à cette région. Selon elle, le roi de Krinjabo Nanan Amon N’Douffou V qui a adhéré à ce projet leur a donné un terrain. Des enquêtes de commondo et incommodo sont en cours. Après quoi, la confédération verra la faisabilité de ce projet avec l’aide de leur parrain Aka Aouelé. Le marché de gros fera du susd-comoé une plaque tournante en matière de commerce, d’économie car les femmes n’iront plus au Ghana pour chercher leurs marchandises, mais elles s’approvisionneront à Aboisso, a-t-elle ajouté avec fierté.
Aussi, sortir les femmes de l’analphabétisme est-il l’un des objectifs de la CAFER-susd-Comoé. Déjà la phase expérimentale a commencé avec 50 femmes à Yaou dans le département de Grand-Bassam. Cette expérience sera ensuite élargie aux autres membres dans les autres départements. Ce projet vise à instruire les femmes mais à les amener à connaître leur droit. C’est dans ce but que se situe la fête tournante de la Journée Internationale de la Femme (JIF) débutée en 2017 à Adaou (Aboisso). Cette année, elle a été célébrée le 21 mars dans la sous-préfecture de Bongo. Ces fêtes tournantes « nous permettent de nous rapprocher des femmes et cela leur permet de pendre conscience de leur rôle dans la société », souligne Mme Debi Dago Laurence qui a été fait chancelier dans l’ordre du mérite ivoirien le 8 mai dernier lors des JIF.
Les femmes et l’environnement en milieu scolaire
En plus de la femme, depuis 2017 la CAFER-Sud-Comoé a fait de l’épanouissement des élèves une de ses priorités. Pour cela la confédération a initié un programme à la propreté dans 16 établissements scolaires comprenant huit (8) du primaire et huit (8) du secondaire. Ces établissements ont été sélectionnés en fonction de quatre (4) établissements par département et les élèves de ces écoles ont été formés à l’entretien de leur cadre scolaire.
Aussi, en vue de les encourager, deux concours (école verte et école propre) ont-ils été initiés dans le but de récompenser ceux qui respecteront les règles d’hygiène. ‘’Ecole verte’’ consiste à encourager le planting d’arbres dans les écoles afin de créer un environnement écologique dans les établissements scolaires. La première édition a été remportée en 2018 par le collège moderne de Yaou. ‘’Ecole propre’’, lui, est un concours du plus poème à l’environnement doté du prix Aka Aouelé, président un conseil régional. Sa première édition en 2018 a été remportée par le lycée 1 de Grand-Bassam. Déjà, les poèmes des enfants ont été édités par la CAFER-Sud-Comoé. La présidente de cette structure avec l’appui de la Direction de la Vie Scolaire (DVS) souhaite que ces poèmes soient intégrés dans les programmes scolaires en vue de motiver les élèves au respect de l’environnement.
La CAFER Sud-Comoé revendique 5000 membres toutes issues de associations féminines, de certaines coopératives et de la section féminine de l’Union des ressortissants de la CEDEAO (UREM). Participer au développement dans du Sud-Comoé et propulser l’autonomisation de la femme sont certaines de ces priorités, mais l’organisation reste handicapée par le manque de moyens financiers. C’est la raison pour laquelle la première responsable de la Cafer Sud-Comoé appelle les partenaires au développement à leur venir en aide.