La Chronique du vice-président du PDCI-RDA, Kobenan Tah Thomas : « Suivre Mandela à Robben Island et devenir Ado Madiba ! »
La Chronique ‘’Les Actualités Politiques Ivoiriennes’’, numéro 40 du mercredi 27 Juillet 2022, du vice-président du PDCI-RDA, Kobenan Tah Thomas.
Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.
C’est l’été, beaucoup parmi nous s’offrent des vacances et visitent des sites historiques, fabuleux, célèbres ! Rien d’anormal. Sauf que chez nous, c’est l’été en permanence ! Même quand certaines vacances sont peintes aux couleurs des visites officielles d’Etat, il faut s’y faire. Car les agendas des grands hommes d’Etat ne sont pas aussi classiques que ceux des gens ordinaires.
Ainsi, il a été donné de voir le Chef de l’Etat ivoirien en visite découverte de la célèbre prison de Robben Island qui a « hébergé » Nelson Mandela pendant 18 années sur les 27 ans et 190 jours d’emprisonnement. Cette prison est devenue un musée qui ne reçoit pas moins de 350 milles touristes par an aujourd’hui, 32 ans après la sortie de prison de Mandela. On pourrait dire que c’est l’un des lieux les plus visités de l’Afrique du Sud. Il y a mille et une choses à y apprendre, à y entendre et à y voir ; des anecdotes, toute une littérature épistolaire des ex-pensionnaires célèbres dont Madiba lui-même, des parcours héroïques, des déchirements énormes, etc…mais bien peut-être des leçons sur la grandeur des âmes nobles !
Evidemment, pour qui connait la fin de l’histoire de Mandela, on ne peut que se laisser saisir par la pureté de ses sentiments vis-à-vis de l’Homme. Il a su sublimé ses douleurs de prisonnier, de supplicié, d’écorché vif dans son âme. Il a pardonné à ses bourreaux d’hier sans tenir compte de leurs caractéristiques raciales, religieuses, de leurs faits d’alors (1990) et de leurs méfaits passés (de 1964 à 1990). L’Homme dans sa singularité en tant qu’entité sociale sans qui les rêves politiques les plus ingénieux et les exploits de bâtisseur, d’inventeur de politiques publiques de nos républiques modernisées seraient, in fine, que pure comédie, que pure hypocrisie, si ce n’est une abjecte moquerie contre l’Humanité elle-même !
Voir le Président Alassane Ouattara au Musée de Robben Island en juillet 2022 a suscité en nous deux sentiments.
Le premier a trait au fait que Mandela et ses compagnons qui ont enduré des peines si atroces dans ces geôles n’étaient rien d’autres que des prisonniers politiques. Et donc, faire l’exercice de partager leurs douleurs ou de s’apitoyer sur leur sort à posteriori, pendant qu’on détient soi-même le pouvoir de libérer des exilés, des bannis, des prisonniers politiques dans son propre pays est un beau paradoxe. En tout cas, la logique nous autorise à en attendre beaucoup du président ivoirien.
Cette même logique aurait voulu que nos confraternités l’emportent sur les rigueurs de nos adversités ; surtout après que parmi ses adversaires, ceux qui ont été soumis aux rigueurs des lois de la justice internationale ont connu un acquittement sans équivoque. Ceux qui usèrent de rigueur contre Mandela et ses compagnons sont oubliés tandis que les prisonniers d’hier sont devenus des héros. C’est une magie dont seule l’Histoire a le secret ; reléguer aux oubliettes celles et ceux qui abusent de leur force contre des faibles.
Le second sentiment est plutôt celui d’un certain espoir. La Côte d’Ivoire a dû jouer un rôle important par le truchement de feu Félix Houphouët Boigny, dans le long cheminement de la mise à mort de l’apartheid sud-africain. Voir aujourd’hui l’un de ses successeurs, le quatrième, se baigner dans l’atmosphère des douleurs des combattants Noirs contre l’odieux système de l’apartheid ne peut que présager d’un coup d’accélération du dialogue national inclusif ivoirien.
Dans ce siècle, c’est exaltant qu’on vous souhaite d’être aussi sage que Nelson Mandela. Advienne donc que « demain dès l’aube », il soit exaltant d’être aussi magnanime que Ouattara. Enfin, si demain, il nous fait de nous les témoins des grandes décisions politiques qui feront suite à son recueillement méditatif sur les traces de Mandela à Robben Island. Qu’il en soit ainsi !
Merci et à la semaine prochaine.