Journée mémoire de l’Association des Antillais et Guyanais de CI/ Maître Adou Nanou : « La nécessité de se souvenir de la traite des esclaves s’impose aux dirigeants et aux peuples des pays concernés… »

Guillaume Ahi/afriquematin.net

En prélude à la journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition célébrée en France chaque 10 mai, l’Association des Antillais et Guyanais de Côte d’Ivoire (AAG-CI) a organisée le samedi 07 mai 2022 à l’institut français de Côte d’Ivoire une journée mémoire placée sous le thème : « Danses et Musiques antillaises de l’esclavage à nos jours ». Ce fut l’occasion pour cette association de se remémorer le passé douloureux de leurs ancêtres déporté hors de leur contrée. En présence de plusieurs personnalités, cette cérémonie s’est déroulée à travers des projections de film, des échanges et danses…

La marraine de la cérémonie maître Adou Nanou s’est dite profondément touchée par cette célébration qui a tout son sens pour la préservation de la mémoire historique « l’évènement qui nous réunit ici ce soir est sans nul doute un évènement historique ; la nécessité de se souvenir de la traite des esclaves s’impose aux dirigeants et aux peuples des pays concernés n’ont pas dans une logique de ressentiment ou de vengeance, mais de préserver la mémoire historique d’une tragédie sans nom » a-t-elle fait savoir.

Poursuivant, Maître Adou Nanou a remercié l’AAG-CI à travers sa présidente pour la pérennisation de cette association depuis des années, « vous me permettrez d’adresser en ce moment mémorable mes remerciements à la présidente de l’AAG-CI madame Rolande Osinet-Etté. Cher Ainé, je te félicite et je te souhaite beaucoup de réussite à la tête de AAG-CI. Une très belle association parmi les plus anciennes encore en activité en Côte d’Ivoire inscrite dans l’histoire de la communauté ivoirienne et dans celle du continent » s’est-elle réjouit.

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La présidente de l’AAG-CI, madame Rolande Osinet-Etté

La présidente de l’AAG-CI, madame Rolande Osinet-Ettté a pour sa part situé le contexte de la célébration du 10 mai avant de donner les raisons qui ont poussé son association à faire de cette date un marqueur de leur vie associative en Côte d’Ivoire « Pourquoi tenons-nous à faire de cette date un marqueur de notre vie associative ? Nous tenons à commémorer parce que cette journée est la mémoire de notre mémoire, pour ne pas oublier il est crucial de se rappeler que chacun de nous incarne le rêve, l’espoir d’un homme ou d’une femme qui fut asservir » a-t-elle déclaré ; avant de souligner que « La journée mémoire se justifie par conséquent par la présence du passé dans notre présent, témoigne de l’expérience que nous somme tout porteur et enrichie notre conscience collective. C’est un moment de se souvenir, nous allons voir beaucoup de choses qui lient toute notre connectivité d’afro descendant. À cet égard, le thème de cette 6e édition est révélateur : Musiques et danses aux Antilles de l’esclavage à nos jours ».

Pour la présidente, quatre (4) raisons principales ont motivé ce thème : Premièrement, ce thème a été choisi pour rendre hommage à l’un des leurs disparu depuis peu Jacob Devarieux, qui a inspiré des générations en Côte d’Ivoire et dans le monde à travers sa musique. Deuxièmement, la musique et la danse étaient les seuls bagages des esclaves, car c’est ce qu’ils avaient dans leur cœur et dans leur tête. La musique et la danse sont les premiers du droit symbolique sur la société esclavagiste. La dernière raison réside dans le fait que la musique et la danse traduisent toutes les nuances de la société esclavagiste.

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Le vice-président de l’AAG-CI Georges Ravoteur

Le vice-président de l’AAG-CI Georges Ravoteur a fait un bref rappel de la naissance de la musique en contexte esclavagiste. « L’histoire de la musique afro-américaine et afro-caribéenne est étroitement liée à une terrible réalité : le commerce triangulaire qui a bouleversé pendant plus de 3 siècles la vie dans ces territoires ; ces êtres transportés dans des conditions qu’il n’est pas nécessaire de rappeler vont emporter avec eux leurs chants et musique ancrés dans leur tête comme tout bagages culturel, mais aussi seul lien qui les rattache à leur terre d’origine que beaucoup d’entre eux ne verront plus » a-t-il fait savoir.

Au cours de cette célébration des danses, projections de film et plein d’autres activités se sont déroulées pour se remémorer le passé tragique des esclaves.

Il faut rappeler que l’Association des Antillais et Guyanais de Côte d’Ivoire (AAG-CI) a été créée le 05 mai 1953. À l’origine, elle avait vocation à rassembler les premiers assistants techniques d’origine antillaise arrivés en Afrique-Occidentale Française. 69 ans plus tard, cette association, communautaire à l’origine, est devenue un véritable pont culturel entre les îles de la Caraïbe et la République de Côte d’Ivoire, car la présence antillaise, l’histoire de l’AAG-CI et celle de la Côte d’Ivoire sont désormais intimement liées.