Presse/Les femmes au « stylo rouge » haussent le ton

Par Keren Bossouma/afriquematin.net avec UPL-CI

Dans le cadre de ses activités, le Réseau des femmes correctrices de Côte d’Ivoire (Refco-Ci s’est engagé dans un projet de partenariat avec l’Union des Patrons de la Presse en ligne de Côte d’Ivoire (UPLCI). Dans cet entretien, la présidente Adrienne Gnagne fait le point sur ses activités et lève un coin du voile sur l’avenir… 

 Comment justifiez-vous la création du Réseau des femmes correctrices de Côte d’Ivoire dont vous êtes la Présidente, est-ce que ce n’est pas une association de trop ?

Oui, vous faites un bon constat mais la compréhension que vous en faites n’est pas juste. La création du réseau a non seulement tout son sens mais vient à point-nommé. Pour la simple raison que le Refci-ci a des objectifs et des missions spécifiques. Par ailleurs, avec l’éclosion du numérique et son corollaire de médias en ligne et de réseaux sociaux l’existence d’un réseau des femmes correcteurs s’avère nécessaire.

Justement qu’est ce qui fait la spécificité du Refcoci ?

D’abord, notre structure est essentiellement constituée de femmes ayant pour dénominateur commun le métier de la correction. A ce titre, nous avons des besoins, des attentes et des préoccupations qui ne sont pas communs aux hommes. Prenons par exemple le cas de la correction dans les entreprises de presse.

La place de la femme-correcteur dans ces entreprises l’oblige à descendre parfois à des heures indues. Cette situation n’est pas vécue pareillement par les hommes et les femmes. Surtout quand l’entreprise ne dispose pas de moyens de locomotion. Même quand c’est le cas, d’autres complications existent.

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La présidente a communiqué avec les membres de l’UPL-CI en vue de la signature d’un accord de partenariat

Par ailleurs, en tant que femmes, nous avons notre rôle à jouer dans l’exercice et la promotion du métier au sein de la gent féminine. Il est de notre devoir par ailleurs de relever plusieurs autres défis dont l’éducation de la jeune fille à la maîtrise de la langue française et à la promotion de la notion du genre.

A ce niveau, nous avons plusieurs projets. La correction est aussi un facteur de l’autonomisation de la femme et il est de notre devoir de l’apprendre à nos sœurs et nos enfants qui sortent des écoles.

En quoi consiste exactement le métier de correcteur ?

Le métier de correcteur est très passionnant. Le correcteur, c’est avant tout, le dernier lecteur d’un article ou un livre avant sa publication. Il est le contrôleur- qualité du texte écrit. Notre travail consiste essentiellement à scruter les ouvrages page après page, à vérifier tout ou partie d’un article ou un livre. Cela suppose que nous détections les incorrections, rattrapions des accords désaccordés, des ponctuations fantaisistes.

Il arrive par exemple que nous soyons amenés, entre autres, à supprimer une répétition, corriger une date erronée, débusquer les fautes de typographie, les contradictions, les anachronismes, améliorer certaines formulations, réorganiser parfois une partie de texte. Le correcteur doit être très attentif pour repérer les erreurs que personne ne voit généralement. Il doit avoir un flair développé.

Mais le rôle du correcteur ne s’arrête pas là. Il doit non seulement  corriger le texte mais aussi les couvertures, les titres, les caractères, la pagination etc. Le métier de correcteur existe bel et bien -depuis l’Antiquité – mais il demeure méconnu du grand public parce que nous sommes, comme on dit, des «travailleurs de l’ombre.

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Quels sont les projets que vous avez déjà et ceux que vous comptez réaliser ? 

Au nombre de nos projets, nous disposons d’un programme d’activité bien ficelé, notamment le renforcement  des capacités, l’organisation et la formation des femmes correcteurs afin de contribuer à la notoriété d’une profession méconnue. Nous initions séances de formations sur mesure pour les entreprises, la réalisation des prestations de service, sans oublier la formation spécialisée « adaptée ».

Nous proposons des modules de formation individuels ou personnalisés, l’aide à toute personne désirant se perfectionner, nous contribuons à la formation des stagiaires (étudiants) en cours ou en fin de cycle, nous accompagnons également  des particuliers, c’est-à-dire, toute personne intéressée par le recyclage et des signatures d’accords de partenariats et enfin, nous proposons de services de correction des mémoires ou tout document avant l’impression.

Quelles sont vos rapports avec les autres Organisations professionnelles des médias ?

Nous entretenons de très bons rapports avec toutes les OPM. A ce niveau je tiens à vous informer que nous comptons signer très bientôt un accord de partenariat avec l’Union des Patrons de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (UPLCI).

Que vise exactement ce partenariat ?

Les travaux préparatoires sont en cours et le moment venu, nous vous dévoilerons tout le contenu de cet accord. Mais d’ores et déjà, il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant qui vise à améliorer qualitativement nos différents métiers à savoir la rédaction d’une part et la correction d’autre part. En outre, cet accord de partenariat va nous permettre de donner de la visibilité à nos différentes organisations.

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Quelles sont vos attentes ?

 Les attentes les plus immédiates sont, entre autres, le soutien de l’Etat à travers le Fonds de soutien et d’aide à la presse (FSDP), la reconnaissance du correcteur en tant que fonctionnaire de l’Etat au même titre que les autres; l’appui des institutions nationales et internationales afin de nous accompagner dans notre effort d’amélioration des écrits en la langue française, notre langue de travail à tous et aussi dans l’éducation que nous apportons à la jeune fille. Car vous n’êtes pas sans savoir qu’éduquer la femme, c’est éduquer le monde.