France-Tribunal/ Sarkozy, le poids de l’opprobre ou la fin d’une certaine idée de la Vème République

La condamnation de l’ancien président à trois ans de prison dont un ferme pour corruption ébranle nos institutions. Et met la politique KO, même s’il fait appel.

Les mots claquent « corruption », « prison ferme », « aménagement de peine », « bracelet électronique ». Avant de viser, dans l’affaire dite des écoutes, un homme, Nicolas Sarkozy qui a d’ailleurs fait appel, ils atteignent un ancien président de la République. Là se situe la nature du séisme qui frappe la scène française. La justice au-dessus de la politique, la justice politique au-dessus de tout, diront les amis de l’ex-chef de l’Etat.

Le mal est fait, qui ébranle les institutions françaises et faut-il ne plus avoir confiance dans la politique parce que la justice la renvoie dans les bas-fonds de la moralité ? Faut-il ne plus avoir confiance dans la justice parce que la politique s’y est introduite au point de faire peser de lourds soupçons sur son impartialité ?

Le seul fait que ces questions se posent témoigne de la gravité de la situation. Face à une décision de justice, chacun devrait donc choisir son camp en fonction de ses convictions. C’est le chêne qu’on abat, celui de Saint-Louis. C’est, au-delà, une certaine idée de la Ve République qui s’en est allée ce 1er mars 2021.

Sarkozy s’était juré de ne jamais finir comme Chirac

Jacques Chirac avait été le premier ancien président rattrapé par la justice. En décembre 2011, il avait été déclaré coupable de détournement de fonds publics et abus de confiance dans l’affaire des emplois présumés fictifs de la ville de Paris et condamné à deux ans de prison avec sursis, contre l’avis du parquet. Il n’avait pas fait appel.

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La rengaine des élus contre les juges, qu’ont repris depuis le début de l’après-midi les soutiens de Nicolas Sarkozy, n’est certes pas nouvelle. « Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie. Ils tueront la République », aurait confié François Mitterrand alors garde des Sceaux, au milieu des années 1950. Mais aujourd’hui le match est devenu trop inégal.

La longue histoire entre Nicolas Sarkozy et la politique se termine mal. Il l’a tant aimée, il se met à la maudire. C’est en cela aussi que l’on reconnaît la fin d’une époque. Un gouvernement (mal) noté par des citoyens tirés au sort pour sa politique environnementale, on croit l’entendre forger une formule qui ridiculiserait la situation et ferait rire son auditoire.

 Lui ne cesse d’insister sur l’importance du leadership, de prôner la verticalité dans l’exercice du pouvoir quand l’heure est à toujours plus d’horizontalité. Il n’a jamais aimé la transparence à outrance,   il déteste la course au moins bling-bling,  il s’est moqué de bon coeur de Valérie Pécresse quand il a vu la voiture de fonction de la présidente de la région Ile-de-France.

Source : lexpress.fr