Fpi-Election présidentielle/Affi N’Guessan déclare être en phase avec Gbagbo

Depuis sa désignation comme candidat à la présidentielle d’octobre par la branche légale du FPI (Front populaire ivoirien), Pascal Affi N’Guessan   affirme « être en phase » avec Laurent Gbagbo, le fondateur du FPI.

  -Jusqu’à la crise du Covid-19, la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de croissance plutôt bon (+7 % par an, en moyenne) et ces deux dernières années, le président Ouattara a investi pour les plus démunis, avec son programme social de gouvernement à hauteur de 1 000 milliards de francs CFA. Est-ce que ce n’est pas la preuve qu’il n’y a pas que le Parti socialiste, comme le FPI, qui fait des choses dans le social ? Il y a aussi le RHDP d’Alassane Ouattara…

Oui, mais, annoncer plus de 1 000 milliards de financement pour le social, à la fin de son mandat, c’est reconnaître implicitement qu’on n’a pas réussi sur le plan social, que cette croissance a été appauvrissante. Sur l’indice de développement humain, nous sommes classés 165ème  sur 189 pays. Cette gouvernance a été un échec total.

À la suite du décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le parti au pouvoir – le RHDP – a appelé le président Ouattara à se représenter. Il y a quelques jours, l’opposant Henri Konan Bédié était notre invité sur France 24 et il a déclaré que cette candidature, de la part de monsieur Ouattara, serait illégale. Quel est votre avis sur la question ?

Notre avis, c’est que cet appel à M. Ouattara est véritablement pathétique. C’est d’abord le signe que nos amis du RHDP ne veulent pas passer le flambeau à une nouvelle génération. C’est ce que le président Ouattara lui-même a déclaré. Et il l’a fait à la face du monde, devant tout le peuple de Côte d’Ivoire. Je ne vois pas comment il pourrait renier sa parole.

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Ensuite, tous les experts qui ont participé à la rédaction de cette Constitution ont été unanimes, pour dire que le mandat de M. Ouattara prend fin à la fin de l’année 2020. Donc je ne vois pas comment, aussi bien sur le plan juridique que sur le principe de l’honneur, -il peut briguer un troisième mandat.

– Vous avez été investi le week-end par le FPI légal comme le candidat pour octobre prochain. Mais il n’y avait pas de délégué de Laurent Gbagbo, le fondateur du FPI. Or, beaucoup disent que la base du FPI est restée fidèle à Laurent Gbagbo et c’est cette base qui va partir à la pêche aux parrainages pour les candidats. Est-ce que vous êtes certain d’obtenir le parrainage de 1 % des électeurs inscrits dans dix-sept des trente-trois régions de la Côte d’Ivoire ?

Mais c’est la base du Front populaire ivoirien que vous avez vue au congrès du 1er août dernier, ce n’est pas autre chose. Parce qu’il n’y a qu’un seul FPI. – Il n’y a pas de FPI de Laurent Gbagbo, il n’y a pas de FPI de Pascal Affi Nguessan… Il y a le FPI fondé par le président Laurent Gbagbo, qui m’a fait l’honneur de me choisir comme son candidat à l’élection présidentielle. Donc je suis candidat pour l’ensemble des militants du Front populaire ivoirien.

C’est vrai qu’il y a eu des incompréhensions, qu’il y a quelques polémiques à l’intérieur de notre camp. Je le comprends, parce que je partage la douleur qui résulte de drames que nous avons vécus en 2010 et 2011. Mais à la différence de certains de nos camarades, moi, j’ai décidé de transformer ces douleurs en énergie, en stratégie politique, pour la reconquête du pouvoir.

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Après six ans de brouille, Laurent Gbagbo et vous-même vous êtes retrouvés. C’était à Bruxelles au mois de  janvier. On a cru à une réconciliation, mais depuis deux mois, il n’y a plus rien. On a l’impression que tout est à l’arrêt. Avez-vous parlé, depuis, à Laurent Gbagbo ?

Oui, évidemment, nous sommes en permanence en contact et nous avons communiqué, pas plus tard que la semaine dernière. Nous sommes engagés ensemble pour l’unité du parti et pour la restauration du Front populaire ivoirien. Nous sommes en phase. Ce qui nous unit à l’heure actuelle est plus fort que ce qui nous divise.

Vous venez de nous dire que Laurent Gbagbo allait soutenir votre candidature, mais il n’a rien dit pour l’instant, ses partisans non plus… Beaucoup de ceux-ci considèrent que vous collaborez avec Alassane Ouattara pour diviser l’opposition. Qu’est-ce que vous répondez à tous ceux qui disent que vous êtes un traître ?

Vous parlez de traîtrise, mais ceux qui le disent n’apportent aucun fait, aucun argument, qui puissent corroborer leurs accusations. Est-ce faire preuve de traîtrise que d’être favorable au dialogue politique, d’être favorable à la réconciliation nationale, de vouloir reconquérir le pouvoir d’État ? C’est cela que j’ai décidé de faire.

Mais qu’est-ce qui vous permet de dire que Laurent Gbagbo vous soutient ? Il ne s’est pas exprimé à ce sujet…

C’est sûr, il ne s’est pas exprimé, mais il le fera le moment venu. Et si nous sommes en contact, si nous travaillons ensemble à la restauration du Front populaire ivoirien, je ne vois pas comment nous ne serions pas ensemble pour la reconquête du pouvoir. Voilà la logique qui m’amène à dire que nous serons avec Laurent Gbagbo, parce que c’est dans son intérêt – que le Front populaire ivoirien revienne au pouvoir. Et c’est parce que le Front populaire ivoirien sera au pouvoir que nous pourrons l’accueillir demain, triomphalement. Parce qu’il mérite que son retour soit un vrai, un grand triomphe, pour un grand homme qui a marqué l’histoire de l’Afrique à travers le combat qu’il mène depuis plus de cinquante ans.

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Source: rfi.fr