Grand-Bassam/ Georges Philippe Ezalay raconte l’attentat terroriste

Aujourd’hui mercredi s’est ouvert le procès de l’attentat terroriste de Grand-Bassam, perpétré le 13 mars 2016. Trois hommes armés ont ouvert le feu sur la plage de cette station balnéaire, située à une cinquantaine de kilomètres d’Abidjan, enregistrant plus d’une vingtaine de victimes et plus d’une trentaine de blessés. A l’époque maire de cette commune, Georges Philippe Ezalay revient sur cette journée d’horreur.

Dans quelles circonstances avez-vous pris connaissance de cette attaque terroriste ?

 J’étais en fonction ce dimanche, on avait une personnalité importante avec une délégation qui était en visite en Côte d’Ivoire donc j’ai dû, en tant que maire, demander à quelques adjoints et conseillers que l’on se retrouve à la mairie pour recevoir cette délégation.

« Il faut espérer que ceux qui ont été à la base de cette tragédie reconnaissent qu’ils ont fait du tort à des familles entières »

On a donc présenté la ville avec tous ses atouts, tous les projets que nous mettions en place et on devait ensuite avoir un déjeuner à ma résidence qui n’est pas loin de la mairie. Donc on s’est rendu à mon domicile en attendant un autre groupe qui était allé faire un peu de tourisme, une belle journée, et puis on a entendu ces bruits d’armes…

Au départ, on a cru que c’était juste un anniversaire, des feux d’artifice ou un braquage. Et après ça devenait sérieux. En tant que premier magistrat de la ville, je suis sorti, parce que je ne suis pas loin de là.  Je suis sorti avec les hommes de mon support qui étaient avec moi et on s’est rendu compte que tout le monde fuyait – c’était vraiment la panique. Et le temps de mettre mes hôtes en lieu sûr, il a fallu donc que j’aille aux informations, voir un peu ce qu’il se passait puis on s’est rendu compte que c’était sérieux.

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Qu’avez-vous dit au moment où vous prenez conscience de la gravité des évènements ?

Vous savez, c’est tout qui passe dans ma tête, ce n’est pas possible, on est tellement loin de s’imaginer qu’il pourrait y avoir une attaque terroriste en Côte d’Ivoire et en plus à Grand-Bassam, c’était inimaginable ce qui s’est passé. Et tout de suite, il faut organiser ce qu’on peut organiser, il fallait aller à l’hôpital, voir un peu les blessés, il y avait des morts, c’était indescriptible.

Tout a été très vite vous savez, c’était effroyable ce qui s’est passé, parce que tirer sur des personnes innocentes qui étaient venues pour vivre, pour prendre plaisir au bord de la mer, la plage, c’est ça Bassam. C’est du tourisme. Et puis voir la vie enlevée comme ça pour rien du tout…

Après, il a fallu organiser tout le reste, on a eu une grande rencontre au stade avec des milliers de personnes, avec le gouvernement, le président de la République lui-même et son épouse sont venus délivrer des messages pour rassurer les populations. Et on a même eu l’occasion, c’était historique aussi, d’avoir un conseil des ministres exceptionnel qui a été organisé à Bassam.

L’attentat a fait l’objet d’un point et à cette occasion, le gouvernement avait décidé de mettre un fonds à la disposition de tous les opérateurs économiques, parce que c’est clair que Bassam a été impacté pendant des jours, voire des mois, par cette situation.

 Six ans après, diriez-vous que la ville   porte encore les stigmates de cet attentat ? Ou la vie normale a-t-elle repris son cours ?

Je pense honnêtement que ce qui fait un des points forts de cette ville, c’est que c’est une ville qui est ouverte sur la vie, parce qu’il y a le soleil, les plages, l’eau, des contacts… Parce que vous savez, Bassam a été la première capitale de la Côte d’Ivoire, c’est une ville qui a des contacts donc dans les six mois les choses sont rentrées dans l’ordre.

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Et les Bassamois ont été résilients par rapport à cette question, c’est vrai qu’une fois par an il y a ce mémorial qu’on a érigé à la descente du pont de la victoire où on a indiqué les noms de toutes ces victimes, donc une fois par an, on vient pour se souvenir de ce qui s’est passé. Mais au-delà, je pense que la vie a repris le dessus sur cette barbarie, sur la mort qui a été semée ce jour-là.

Que peut-on attendre du procès qui s’est ouvert ce mercredi 30 novembre 2022 ?

Il faut espérer que ceux qui ont été à la base de cette tragédie reconnaissent qu’ils ont fait du tort à des familles entières, ont brisé des vies, et que ça ne peut pas rester impuni.

Source : rfi.fr