Vœux de nouvel an 2019 / Ouattara Gnonzié : « Que la Côte d’Ivoire redevienne un État de droit »

« Le bilan politique de l’année 2018 est mitigé. Il y a eu certes quelques actions qui ont contribué à la décrispation politique telles que la libération de certains prisonniers politiques  dont Mme Simone Gbagbo et d’autres personnalités mais on aurait voulu que le pouvoir en fasse plus. On aurait voulu que tous les militaires qui ont été arrêtés dans le cadre de la crise post-électorale puissent recouvrer la liberté étant entendu que dans la vie politique, les militaires sont aux ordres des politiques. Il n’y a donc pas de raison que les politiques bénéficient de la liberté et que les militaires n’en bénéficient pas.

Nous notons également un aspect politique chaotique en 2018 et il concerne la commission électorale indépendante. En dépit de la décision de la cour africaine des droits de l’homme et des peuples demandant au gouvernement, dans un délai de un an, de reformer la commission électorale indépendante pour la rendre conforme aux normes des commissions électorales dans le monde, le gouvernement n’a pas accepté. Quand bien même que le président de la République dans son message à la veille de l’indépendance s’est engagé à le faire, on constate que cela n’a pas été fait. Et nous ne voyons pas encore des démarches pour la mise en place d’une commission électorale consensuelle. La commission doit bénéficier de la confiance de tout le monde, c’est-à-dire les partis politiques, la société civile et de l’ensemble des forces vives de la Nation de sorte que quand elle organise une élection, elle puisse avoir l’assentiment de tous les ivoiriens.  C’est ce qui manque en ce moment à la commission électorale indépendante. Les Ivoiriens doutent de l’impartialité de cette commission. C’est son mal absolu. Il faut nécessairement la refaire, mais avec tout le monde. La Commission doit être le reflet, l’émanation de tous les ivoiriens.

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La conséquence de la partialité de la commission a été les contestations et les violences qui ont émaillées les dernières élections locales. De mémoire d’homme de communication et d’homme politique, c’est l’une des rares fois  en Côte d’Ivoire que des élections locales engendrent des violences de cette nature. Il y a eu des morts, des saccages d’urnes, des bagarres. C’est déplorable et cela devrait nous interpeler.

Au regard de la manière dont les élections se sont déroulées, nous avons aujourd’hui la certitude que le pouvoir s’est substitué à la commission électorale pour organiser les élections. Les cas de Plateaux, Port-Bouet et Bassam sont éloquents et nous confortent dans notre analyse.

La réforme de la commission électorale est donc urgente. Il faut qu’elle soit reformée le plus tôt possible pour que nous puissions avoir des élections apaisées en 2020. Parce que les ivoiriens ne veulent plus des élections violentes, meurtrières comme celle de 2010.

Au regard du paysage politique actuel, de nombreux ivoiriens éprouvent des craintes et de la peur  quant aux élections de 2020. Nous demandons à ceux qui sont au pouvoir beaucoup de sagesse pour gérer cette pré-campagne de 2020 qui commencera en 2019 et qui s’annonce longue.

Nous souhaitons l’instauration d’un véritable Etat de droit en Côte d’Ivoire où les droits, la liberté d’expression, la liberté d’aller et venir et la liberté de s’organiser des citoyens soient respectés.

Nous constatons avec beaucoup de regret la tension qui prévaut aujourd’hui dans le pays avec le RHDP unifié. Cela nous semble être une aberration parce que la liberté de choisir son parti, son organisation, de militer où l’on veut sont les règles en démocratie. Un parti politique, on y entre librement et on en ressort librement. On ne peut menacer des gens ou les contraindre à adhérer à un parti politique ou à y rester. C’est antidémocratique. On veut nous ramener en arrière, au parti unique avec lequel Houphouët lui-même a rompu.

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Le consensus est rompu en ce qui concerne la commission électorale indépendante. Il faut le dialogue pour la reformer et aussi pour aboutir à  la réconciliation nationale. La réconciliation ne se fera pas avec deux ou trois partis politiques mais avec l’ensemble des Ivoiriens. Il faut veiller à ce que les élections de 2020 donnent l’occasion aux Ivoiriens de se réconcilier.

Je souhaite que la Côte d’Ivoire retrouve définitivement la paix par des actes que les uns et les autres doivent prendre, notamment ceux qui sont au pouvoir.  Que la Côte d’Ivoire redevienne un Etat de droit.

Je formule des vœux de santé et de bonheur pour tous nos militants et je leur dis que nous ferons cette année 2019 de grandes tournées pour expliquer notre vision par rapport au paysage politique national. Je souhaite bon courage, santé et bonheur à tous les Ivoiriens. »

Fait à Abidjan, le 31 décembre 2018

Le Ministre Ouattara Gnonzié

Président du RPP