Situation socio-Politique/Sacré Laurent Gbagbo : hélas, le Woody n’a pas changé !
Par l’Honorable Kouamé Yao Séraphin*
Laurent Gbagbo est une figure politique, qui a été président de 200 à 2011 et est issu du Front populaire ivoirien (FPI) un parti de l’opposition à l’époque. Le Pdci-Rda, quant à lui, est un parti qui a dominé la scène politique ivoirienne pendant des décennies sous la présidence de Félix Houphouët- Boigny. Suite aux propos tenus récemment dans une ville de Côte d’Ivoire envers le président Thiam, par l’actuel président du PPA-CI, un député de la nation recadre Laurent Gbagbo.
« Mon père, Paix à sa grande âme », disait qu’on ne peut pas changer un homme qui pousse déjà des cheveux gris. Car, à ce moment de la vie, les comportements et attitudes qui sont devenus des habitudes s’installent comme une nature.
Depuis un moment, Laurent Gbagbo s’amuse à provoquer le Pdci-Rda en s’attaquant à son président, Monsieur Tidjane Thiam, le champion de tout un peuple, celui que les Ivoiriens de tous bords, dans leur immense majorité, veulent, le 25 octobre 2025, comme Président de la République de Côte d’Ivoire. C’était bien amusant, voire touchant, de l’entendre dire, comme un prétendant jaloux, que lui aussi connaissait des gens.

Mais, je crois que mon vieil oncle, puisqu’il est le frère du président Bédié comme l’est le président – commence à dépasser les bornes. C’est pourquoi, il s’impose au neveu que je suis et qui ne veut pas voir quelqu’un de la génération de son père se ridiculiser, le devoir de le rappeler poliment à l’ordre. Evidemment, je suis conscient qu’il va pleuvoir sur ma tête des volées de bois vert de la part de ses thuriféraires qui n’ont pas encore compris que son temps est passé et qu’il est dépassé, tout comme Alassane Ouattara. En homme de vérité, j’ai déjà vu des vertes et des pas mûres.
Qu’un Arthur Banga qui doit faire honte à ses propres parents ou qu’un autre « sous-traitant » du même acabit fasse preuve d’inéducation flagrante. Qu’un homme politique de la génération et de la famille politique de Tidjane Thiam, en l’occurrence son frère Jean-Louis Billon, nourrisse des ambitions similaires et essaie de séduire l’électorat en allant, pour des raisons qui lui sont propres, à contresens de son parti. Qu’Assalé Tiémoko qui se rêvait d’un destin à la paire Sonko-Faye et qui réalise amèrement que les Ivoiriens, s’ils sont dotés d’un sens d’humour à nul pareil, sont loin d’être dupes, tellement le dos du nageur est visible. Je veux bien les comprendre.
Mais, que le légendaire Laurent Gbagbo, « comme si hier n’avait jamais existé » dirait Angelbert Kouassi, s’adonne à un tel jeu, cela ne peut laisser indifférent. Tidjane Thiam n’a jamais caché sa double nationalité. Et les lois électorales de notre pays lui permettent d’être candidat, à la condition qu’il soit exclusivement ivoirien au moment du dépôt de sa candidature. C’est en connaissance de cause que le Pdci-Rda l’a choisi pour être son président et va le désigner candidat, en son nom et pour son compte, à sa prochaine convention.
C’est en connaissance de cause qu’il va représenter le parti de Félix Houphouët-Boigny et d’Henri Konan Bédié à présidentielle d’octobre 2025. Laurent Gbagbo, pour qui il n’y a pas d’alliance contre-nature en politique, peut donc continuer à manipuler les quelques adeptes à lui restés fidèles. N’est-ce pas son art favori ? Et de toute façon, que lui reste-t-il à faire ?
Car, on parle bien du Laurent Gbagbo qui, farouchement opposé à Félix Houphouët-Boigny, avait protesté contre la nomination, en 1990, d’Alassane Ouattara au poste de premier, sous prétexte qu’il était Burkinabé, avant de se retrouver avec lui dans une alliance contre-nature en 1995 contre Henri Konan Bédié.
On parle bien du Laurent Gbagbo qui trahit ses frères de l’opposition d’antan pour se présenter seul devant Félix Houphouët-Boigny, afin de devenir la figure majeure de celle-ci. On parle bien du Laurent Gbagbo qui, par calculs politiciens, aida Djéni Kobina et consorts à créer le RDR en son salon, espérant utiliser cet appareil à son profit. On parle bien du Laurent Gbagbo qui se réjouit et applaudit avec Alassane Ouattara le coup d’état de 1999 et qui s’indigna d’avoir moins de postes au gouvernement putschiste que son allié de circonstance.
On parle du Laurent Gbagbo que Robert Guéi surnomma « le boulanger » l’accusant de l’avoir roulé dans la farine, pour n’avoir pas honoré leur deal à l’élection présidentielle de 2000. On parle du Laurent Gbagbo qui laissa compétir Alassane Ouattara en 2010 par ordonnance et qui s’est fait déporter, en guise de récompense, à la Haye pendant dix ans avant d’être blanchi.
Quand on regarde ce tableau, la question qui devrait venir à l’esprit n’est pas : « que veut Laurent Gbagbo ? » La réponse, on la connaît. Le vieux socialiste-refondateur qui n’a absolument rien ajouter au développement de la Côte d’Ivoire pendant ses 11 ans au pouvoir et qui est à l’origine de la balafre sociale du pays dans laquelle s’est engouffrée le RDR devenu RHDP, est encore à la manœuvre pour accéder à nouveau au pouvoir.
Il sait qu’Alassane Ouattara est en train de finir son dernier mandat et qu’il n’est plus son principal adversaire. Mais au lieu de travailler avec le leader de l’opposition à constituer un challenge fort pour battre Ouattara, il joue déjà des coudes pour dégager Tidjane Thiam, qu’il sait n’avoir aucune chance de battre, en espérant que le fauteuil lui échoira.
Pendant que le leader de l’opposition, la personnalité la mieux placée pour gagner la prochaine joute présidentielle appelle au « Tous Ensemble ! » pour sauver notre pays et essaie d’unir toutes les forces vives pour vaincre l’adversaire commun, le « plus-grand-démocrate-panafricaniste-de-tous-les-temps » feint de ne pas avoir tiré les leçons de sa mésaventure encore fraîche dans les mémoires. On comprend mieux maintenant pourquoi il est si difficile d’espérer du dialogue politique national !
La bonne question à se poser est : « à quoi joue Laurent Gbagbo ? » Car, contrairement à ce que peuvent penser certains, il ne faut pas se méprendre. Le vieil homme a toute sa lucidité. Il joue au même jeu, le seul qu’il connaisse. Tout ce qui l’intéresse, c’est de s’asseoir à nouveau sur le fauteuil présidentiel et nous servir des blagues. Dix ans de déportation comme à l’époque coloniale ne l’ont pas servi. Laurent Gbagbo n’a pas changé. Cet homme pour qui j’ai pris le risque d’écrire « Pourquoi faut-il libérer Laurent Gbagbo ? » n’a point changé. Hélas, le molosse ne change jamais sa façon éhontée de s’asseoir !
Mais, ainsi que le rappelle Angelbert Kouassi, « comme le dit le sage africain, le plus malin n’est pas forcément le plus intelligent. Celui qui confond ces deux notions finit par mettre publiquement à nu ses propres bêtises. »
*Député de la Nation