Rwanda: l’opposante Diane Rwigara et sa mère acquittées
L’activiste rwandaise Diane Rwigara et sa mère ont été acquittées d’incitation à l’insurrection et de falsification de documents. L’ex-candidate déclarée à la présidentielle et sa mère risquaient 22 ans de prison.
« Les charges retenues par l’accusation sont sans fondement », a déclaré le juge président Xavier Ndahayo. Les cinq coaccusés de Diane Rwigara dans cette affaire, dont sa mère Adeline, ont également été acquittés.
Le tribunal a estimé que les critiques de Diane Rwigara contre le gouvernement, notamment lors de conférences de presse, ne constituaient pas une « incitation à l’insurrection » car elles s’inscrivent dans le cadre de son droit à la liberté d’expression garantie par la Constitution rwandaise et les lois internationales.
Les juges ont également estimé que l’accusation n’avait pas prouvé que Diane Rwigara avait falsifié des signatures dans le dossier présenté à la commission électorale en vue de sa participation à l’élection présidentielle de 2017. Le rejet de cette candidature avait été critiqué par des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits de l’homme.
Le 7 novembre dernier, à l’issue de leur procès – qui n’avait duré que 5 heures au total – l’accusation avait requis 15 ans pour « incitation à l’insurrection » et sept ans pour « contrefaçon de documents ».
Une fois l’acquittement prononcé, la salle d’audience bondée laisse exploser sa joie. Pour Diane Rwigara, c’est le soulagement : « Je suis très satisfaite, très contente de la décision de la Cour. La suite ? Je continue ce que j’avais commencé. Je continue la politique ».
« Pour moi, il n’y avait pas de dossier, a affirmé de son côté Adeline Rwigara. Donc je ne me suis jamais tracassée, ni quand j’étais en prison ni quand j’étais libérée. Je ne me suis jamais sentie tracassée parce que je ne suis pas coupable. Ni moi ni ma fille n’avons jamais rien fait. »
► ECLAIRAGE
C’est la fin d’un feuilleton judiciaire qui dure depuis plus d’un an, notamment depuis que Diane Rwigara avait tenté de se présenter à la présidentielle contre Paul Kagame. Des photos d’elle nue avaient été diffusées sur les réseaux sociaux, puis sa candidature avait été invalidée.
Cette jeune femme, fille d’un ancien cacique du régime, qui avait déjà accusé le gouvernement d’avoir assassiné son père, volé les propriétés de sa famille et dénoncé la répression dans ce pays, avait refusé de s’arrêter à cet échec et annoncé la création d’un mouvement citoyen.
C’est d’abord elle qui avait été arrêtée, puis des membres de sa famille dont sa mère qui s’était plainte sur WhatsApp auprès d’opposants en exil des problèmes rencontrés par sa fille. Après un an de détention et un procès qui avait duré en tout et pour tout cinq heures, réquisitoire et plaidoiries incluses. la voilà qui était menacée de 22 ans de prison.
Des organisations comme Amnesty s’étaient insurgées, de même que ces derniers jours des parlementaires américains qui appelaient à sa remise en liberté. L’un de ces membres du Congrès avait notamment rappelé que même si le Rwanda avait fait des progrès, notamment sur les questions de parité, une femme ne pouvait aujourd’hui pas se présenter au Rwanda contre l’homme fort, Paul Kagame, sans devenir une prisonnière politique.
RFI