Refus de reporter les élections/ L’Ambassadeur Pascal Kokora met à nu les contradictions d’Alassane Ouattara
Chère compatriote ivoirienne/Cher compatriote ivoirien,
Dans un communiqué daté du 28 août 2018, le Professeur Abou Drahamane Sangaré, président par intérim du parti que Monsieur Laurent Gbagbo et des compatriotes ivoiriennes et ivoiriens ont porté sur les fonts baptismaux au Congrès constitutif des 19 et 20 novembre 1988, a lancé une invitation au « rassemblement des forces sociales et politiques pour la restauration de la démocratie, des libertés et de l’unité nationale ».
Monsieur Sangaré cite à cet effet douze (12) raisons qui motivent son appel au rassemblement des forces sociales (les organisations de la société civile et les organisations non-gouvernementales ivoiriennes crédibles) et des partis
politiques qui ont en partage une vision consensuelle de la Côte d’Ivoire et qui sont désireux d’y voir restaurées la démocratie, les libertés et l’unité nationale. Voici les douze (12) raisons qu’il évoque à cet effet :
Des dizaines de milliers d’Ivoiriens sont contraints à l’exil ;
– Des centaines d’Ivoiriens sont jetés en prison pour des raisons politique ;
– Des opérations de déguerpissements sauvages et la chasse aux petits commerçants
appauvrissent et réduisent à la misère et à la précarité des milliers de familles sans
défense ;
– Le taux de chômage atteint des niveaux sans précédent ;
– Des Ivoiriens sont spoliés de leurs terres et de leurs habitations aussi bien en zone rurale qu’en milieu urbain ;
– La corruption généralisée, le clientélisme et l’affairisme d’Etat déstructurent le tissu
économique national en étouffant les initiatives entrepreneuriales ;
– Un endettement irresponsable et peu productif pour le pays hypothèque l’avenir de la nation pour plusieurs générations ;
– L’école ivoirienne, déstructurée et dévalorisée, forme au rabais de nouvelles
générations d’Ivoiriens ;
– Le système de santé publique est déstructuré ;
– L’appareil judiciaire est caporalisé ;
– La Commission électorale indépendante (CEI) est caporalisée ;
– Les média d’Etat sont confisqués et la presse indépendante est muselée.
C’est là une évaluation sans fioriture de la gouvernance de l’actuel chef de l’Etat ivoirien, M. Alassane Dramane Ouattara.
C’est un bilan décapant qui fait, du reste, écho à une similaire analyse de la situation de la Côte d’Ivoire que huit (8) ambassadeurs européens sur le terrain soumettaient, au mois d’avril dernier, à l’appréciation de Bruxelles en vue d’inciter les vingt-huit (28) membres de l’Union européenne à envisager des sanctions financières contre ce qu’ils
qualifient comme de l’«hermétisme» de la part de nos gouvernants ivoiriens actuels. Mercredi, 5 août 2018, à sa descente d’avion, M. Alassane Dramane Ouattara a récidivé son « hermétisme » aux légitimes revendications des partis politiques de l’opposition, des organisations de la société civile ainsi que des organisations non-gouvernementales ivoiriennes.
Il l’a fait en renvoyant aux calendes grecques la réforme de la Commission électorale
indépendante (CEI), pour laquelle, il disait avoir instruit son « gouvernement à l’effet de
réexaminer la composition de la Commission Electorale Indépendante », comme le
recommandait déjà la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des peuples, qui estimait, depuis la fin de 2016, que l’actuelle CEI n’est pas conforme aux principes démocratiques et de bonne gouvernance.
Est-ce à dire que le Ouattara, qui déclare le 5 septembre 2018 que la réforme de la CEI ne concerne pas les élections prévues le 13 octobre 2018, veut en fait nous faire comprendre en filigrane qu’il accepte et qu’il souhaite que ces élections-là soient non-inclusives et soient émaillées de violence ?
Car, le Ouattara du 5 septembre 2018 se met, à mon sens, en
contradiction flagrante avec le Ouattara du 6 août 2018 qui déclarait ceci :
«J’ai, également, suivi avec attention les divers avis sur le processus électoral, en
particulier la composition de Commission Electorale Indépendante… comme le
recommande notamment la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, j’ai
instruit le Gouvernement à l’effet de réexaminer la composition de la Commission
Electorale Indépendante. Je souhaite, en effet, que les prochaines élections soient
inclusives et sans violence (mon emphase)».
Chère compatriote ivoirienne/Cher compatriote ivoirien,
Comme on le dit dans le langage familier d’Abidjan, « ALORS ON FAIT QUOI ? »
En effet, Monsieur Ouattara nous dit qu’il a suivi attentivement nos différents avis sur le
processus électoral en Côte d’Ivoire et qu’il ne consentira à nous entendre et à prendre en compte nos revendications ainsi que d’ailleurs la recommandation de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples que, peut-être, à l’occasion de l’élection présidentielle de 2020.
Chère compatriote ivoirienne/Cher compatriote ivoirien,
Est-ce que notre loi fondamentale, la Constitution ivoirienne, nous confère des droits
constitutionnels qui nous autorisent à contraindre nos gouvernants à nous écouter, à nous entendre et à nous offrir des éléments de solution sur des sujets d’intérêt national qui ne doivent pas être laissés à la seule charge du parti politique ou de la coalition des partis politiques exerçant le pouvoir d’Etat?
Chère compatriote ivoirienne/Cher compatriote ivoirien,
« ALORS ON FAIT QUOI ? » à propos de :
– La question de nos terres dans nos villages ivoiriens ;
– La question de l’état civil ivoirien ;
– La question de l’immigration massive qui a atteint un seuil intolérable ;
– La question de la réintégration des prisonniers politiques sortis de prison et des exilés
dans le tissu socio-économique ivoirien ;
– La question du code électoral (la réforme de la CEI bien sûr, mais surtout un découpage des circonscriptions électorales en fonction de la distribution de la population sur le territoire national et non dans le dessein non-avoué de se constituer un électorat captif; la question du droit au travail, en particulier le chômage ahurissant de nos jeunes
diplômés ou sans ce parchemin qui est censé ouvrir les portes de la vie professionnelle ;
n La question de la santé publique de la population ivoirienne ;
n La question de l’éducation nationale ;
n La question de la justice pour tous ;
n La question de la dette nationale.
Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles chaque parti politique peut et doit offrir des éléments de solution en fonction de son idéologie spécifique.
Mais comme notre société ivoirienne est constituée d’autres entités que les partis politiques, il conviendrait que ces éléments de solution à ces quelques questions susmentionnées recueillent l’assentiment général de ladite société, dans sa plus grande majorité, à travers non seulement nos politiciens, mais surtout par le truchement de nos organisations de la société civile ivoirienne ainsi que nos organisations ivoiriennes non-gouvernementales, du moins, celles qui ont établi leur caractère sérieux et leur crédibilité.
Chère compatriote ivoirienne et cher compatriote ivoirien,
Quel est votre sentiment sur toutes ces questions d’intérêt national et non pas uniquement d’intérêt de politique partisane, fût-elle celle du PDCI-RDA, ou du FPI, ou encore du RDR ou enfin d’autres formations politiques ivoiriennes.
Bonne réception, bonne lecture et dans l’attente de votre retour, à votre plus proche
convenance.
Une contribution de l’Ambassadeur PM Kokora
Ancien Ambassadeur de Côte d’Ivoire aux Etats Unis
Vice-président du FPI chargé de la Diaspora
Source : Ivoirebusiness.net