Rca/Le président Faustin Touadera se réjouit de l’engagement de la France aux côtés de son pays
« La France va se réengager à nos côtés », se réjouit le président centrafricain Faustin Archange Touadera à l’issue de sa rencontre hier, jeudi 5 septembre 2109, à l’Elysée avec son homologue français Emmanuel Macron. Qu’est-ce que la France promet-elle à la Centrafrique ? Que se sont dits les deux chefs d’État pendant leur tête à tête ? Ses explications.
Il y a encore plusieurs dizaines de violations de l’accord toutes les semaines. N’est-ce pas le signe que l’accord du 6 février est extrêmement fragile ?
Vous savez, on a signé le 6 février mais ça ne voulait pas dire que dès le 6 février, tout allait revenir à la normale. Il fallait mettre en place le mécanisme de suivi. Il y a encore des armes. Mais ce qu’il faut reconnaître, c’est qu’il y a eu un apaisement remarquable. Des barrières ont été levées. Il y a des centres administratifs qui ont été libérés permettant le retour des administrations. Il y a bien des avancées qui sont notables depuis la signature de cet accord. C’est un processus qu’il faut travailler, pour la paix. Et nous invitons la presse, notamment RFI, à aussi travailler dans ce sens pour que la paix revienne [et pas juste] épingler des cas pour décourager les gens ou donner un sentiment que les choses ne vont pas.
L’élection présidentielle est prévue au mois de décembre 2020. Serez-vous candidat à votre succession ?
Je suis à mi-mandat. -. Il y a encore du travail, il y a du temps. C’est tout un processus qu’il faut préparer et le gouvernement travaille avec les autres institutions pour que nous ayons des élections en temps [et en heure], conformément à la Constitution. Mais en tant que président de la République, je dois travailler, je continue de travailler. Il n’est pas question de dire aujourd’hui : le moment viendra où cette question sera peut-être à l’ordre du jour. Pour l’instant, je suis en fonction donc, je continue de travailler pour faire avancer les choses.
Beaucoup d’opposants vous reprochent d‘avoir conclu un pacte avec les groupes armés afin de pouvoir faire campagne dans les territoires qu’ils contrôlent alors que les autres candidats resteront bloqués à Bangui.
Ça, c’est une vue de l’esprit. Comment voulez-vous ? Nous avons signé un accord qui été apprécié par tout le monde, soutenu par toute la communauté internationale. Ce n’est pas un pacte entre Touadéra et les groupes armés. Aujourd’hui, tous les Centrafricains, politiques ou pas, devraient soutenir cet accord pour que la paix revienne. Sans la paix, qu’est-ce que l’on peut faire ? Au lieu de soutenir cet accord, au lieu de faire en sorte que nous puissions aller vers la réconciliation, on dit un certain nombre de choses que je regrette. Je demande à ces compatriotes de se raviser.
Au sommet de la francophonie à Erevan au mois d’octobre 2018 dernier, le président français, Emmanuel Macron vous a demandé de ne plus laisser carte blanche à votre partenaire russe à Bangui. Il vient de vous refaire la même demande hier jeudi, que lui avez-vous répondu ?
Ecoutez, vous revenez à chaque fois sur la question des relations avec la Fédération de Russie. Le problème est qu’en Centrafrique, ce n’est pas d’aujourd’hui que nous avons des coopérations avec la Fédération de Russie, ça date de très longtemps. La France est notre partenaire historique et privilégié avec qui nous avons toujours travaillé. Il y a aussi d’autres partenaires et nous demandons à tous nos amis de nous aider à sortir de ce conflit. La Fédération de Russie nous a apporté un soutien en faisant des dons de matériel ; des armes pour nos forces de défense et de sécurité. C’est un soutien que nous apprécions. Les partenaires sont en complémentarité et les autorités et moi-même faisons des efforts pour que les choses se passent en toute transparence.
Êtes-vous sûr de l’avoir convaincu lors de vos échanges?
Nous avons échangé sur le renforcement de la coopération entre la République centrafricaine et la France, et aussi sur le soutien et le réengagement de la France à nos côtés. Parce que c’est important. Il y a eu beaucoup de progrès, la France nous appuie dans le cadre de la reconstitution de l’armée. Vous savez qu’aujourd’hui la France a pris la tête de l’EUTM, qui est la mission de formation. Nous optons pour une armée de garnison et nous avons besoin du soutien de la France pour la mise en place des différentes garnisons, notamment à Bouar ou dans les autres zones de défense. Nous avons besoin de ce soutien et c’est ce sur quoi nous avons échangé. Il y a aussi le soutien diplomatique. Aujourd’hui, la République centrafricaine est sous embargo [de l’ONU]. Eh bien, nous avons besoin que la France nous appuie pour qu’il y ait la levée de l’embargo pour que les forces de défense nationale -qui sont formées par l’EUTM- puissent être dotées des moyens permettant leur mission. Et bien d’autres choses, sur lesquelles nous avons échangé aujourd’hui, qui sont positives et montrent l’engagement de la France à nos côtés et le renforcement de notre coopération.
Depuis le départ de Sangaris, la France n’est pas assez engagée chez vous. Vous lui avez demandé de se réengager. Est-ce que vous croyez avoir été entendu ?
On a besoin de plus d’engagement de tous les partenaires. Aujourd’hui, que ce soit l’Union européenne, les Nations unies, la France, les autres, … nous demandons davantage de regard sur la République centrafricaine pour permettre de tourner définitivement cette page. Et c’est ce que nous sommes venus demander aussi et discuter avec le président Macron qui nous a entendu, effectivement, et qui a pris des engagements pour continuer à nous soutenir. Surtout avec cet accord que nous avons obtenu pour que vraiment la paix revienne en République centrafricaine.
Peut-on dire que maintenant votre partenaire numéro un en matière de sécurité, ce n’est plus la France mais la Russie ?
En Centrafrique, il y a l’Union européenne, il y a les Nations unies, il y a la France, il y a aussi d’autres partenaires qui interviennent. Nous allons demander à ce que par exemple, au niveau de la sécurité et la force de défense intérieure, il y ait une mission de l’Union européenne pour former nos policiers et nos gendarmes. Et ça, nous avons demandé au président Macron d’intervenir auprès des États membres pour qu’une telle mission puisse se déployer. Les Américains aussi nous appuient. Nous avons aussi des appuis de la part de la Chine à travers un certain nombre de formations et nous avons besoin de soutien de la part de notre partenaire privilégié et historique, la France, et d’autres partenaires aussi qui nous appuient.
Source : rfi.fr avec afriquematin.net