‘’Paquinou ‘’/ La mévente du cacao freine l’élan des producteurs agricoles dans l’Ouest du pays
Par Haidmond Kaunan/afriquematin.net
Après la pandémie à coronavirus qui a empêché le peuple baoulé de célébrer la Pâque l’année dernière, il est fort possible que cette fête soit boycottée une fois de plus par la mévente du cacao.
Le mouvement massif des populations de l’ethnie « baoulé » originaires du centre de la Côte d’Ivoire vers leur terre d’origine est devenu comme une tradition, chaque année à l’approche de la fête de Pâques. Ce peuple dont la majorité se trouve dans le grand Ouest du pays en raison de leurs activités agricoles choisissent cette période pour célébrer à leur façon, la résurrection de Jésus Christ, appelée communément « Paquinou.
A quelques heures de ce grand rendez-vous, certains férus de ‘’Paquinou regrettent de ne pas pouvoir regagner leur terre ancestrale, à cause de la mévente de leurs produits agricoles.
Certains paysans vivant dans le sud-ouest et le centre-ouest de la Côte d’Ivoire se sont confiés à afriquematin, ce mardi 29 mars 2021.
Yao Noel, producteur de cacao à Duékoué, dans la région du Guémon explique son mécontentement « Le projet de voyage à Pâques au village n’est plus d’actualité. Actuellement le paysan lutte pour liquider son cacao. Nous avons des sacs de cacao qu’on arrive pas à vendre. Certains se voient obligés de vendre leurs produits autour de 500 Francs contre 1000 francs qui est le prix officiel. Moi, je préfère rester dans la transparence ». Jean Paukou, un autre producteur agricole originaire de Toumodi vivant dans le département Méagui, dans la région de la Nawa révèle, pour sa part, les raisons pour lesquelles le paysan est vraiment touché par la paupérisation. « La plupart des planteurs ont été surpris par le blocage de la commercialisation du cacao. Nous n’avons pas même pas atteint la deuxième semaine du mois de décembre et le blocage a commencé. Or c’est ce sont les produits résiduels que nous vendons après les fêtes de fin d’année qui nous permettent de voyager pour les fêtes de pâques au village…On va remettre à l’année prochaine en mieux nous organisant », explique-t-il et d’ajouter « tous les producteurs de ma zone ont ajourné leur voyage sur leur village parce qu’ils n’ont les moyens pour effectuer un déplacement.
Tiako Emile producteur agricole à Gonaté dans la région Haut Sassandra aborde dans le même sens que ses prédécesseurs. « Le voyage dans le V Baoulé pour les fêtes sera timide. Ce sont peut-être les fonctionnaires qui pourront nous représenter. Je conseille à mes frères producteurs de brader maintenant leurs produits pour chercher leur pitance quotidienne. Il n’y a rien à faire. La situation va s’aggraver après Pâques. Parce que le prix de la campagne intermédiaire sera très bas » fait-t-il.