Musique-Aïcha Koné/« Que Dieu nous donne une Côte d’Ivoire meilleure »

Débutant sa carrière musicale en1979, avec  son premier 45 tours, «Dénikéléni», Aïcha Koné célèbre cette année ses quarante (40) ans de scène. Avant  ce grand rendez-vous, elle explique son nouveau choix.

Que retenez-vous de votre parcours de quarante années ?

C’est un parcours fait avec la Côte d’Ivoire d’abord. L’Afrique s’est ajoutée ensuite. C’est un parcours qui concerne « Aïcha Koné Côte-d’Ivoire ».

« Mon souhait le plus ardent est de voir tous les enfants de la Côte d’Ivoire célébrer la réconciliation ».

Quels sont les moments forts qui vous ont marqués durant votre carrière ?

De ma toute ma carrière, je garde de bons souvenirs. Notamment ma première sortie internationale. C’était le Burkina où j’ai fait découvrir les premiers titres de mon 45 tours, comme « Denikeleni / Mousso Gnale D’en ».  Et je garde aussi un bon souvenir de ce pays qui m’a beaucoup encouragée. J’ai repris «Kilimandjaro» de Myriam Makéba et le public a beaucoup aimé cela. Il y avait avec moi le grand frère François Lougah et Paul Dokui. J’ai connu des personnes merveilleuses dans ce pays.

 Vous avez aussi fait danser des présidents…

Oui, mais tout cela est venu après. J’ai reçu les félicitations du président Houphouët-Boigny lors de la célébration de mes dix (10) ans de carrière. J’ai eu la chance de jouer devant d’autres chefs d’Etats. Ce qui fait surtout plaisir, c’est de voir qu’ils ne comprennent pas le Dioula, mais ils écoutent quand même mes chansons. C’est la magie de la musique. J’ai eu la chance d’avoir un maître comme Boncana Maïga, qui faisait mes arrangements-, de travailler avec des personnes du milieu musical tels que  Manu Dibango et Myriam Makeba, cette dernière m’a toujours inspirée, sans oublier  le président Sékou Touré qui m’a invité dès la sortie de mon premier album. Je devais avoir entre 18 et 20 ans. Il m’a reçue pendant une semaine. C’est là-bas que j’ai rencontré Myriam Makéba. J’ai même été dans sa résidence.

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En tant qu’artiste, avez-vous pressenti de voir votre pays la Côte d’Ivoire vivre des crises politico-militaires au point d’embraser le front social ?

J’ai chanté «Kanawa» par rapport au Liberia et à la Somalie. C’est en fonction des situations qu’il y avait là-bas. Je n’ai jamais imaginé un instant qu’il y aurait la guerre ici. Même les ivoiriens ne l’imaginaient pas. C’est le destin.

Comment est-ce que vous viviez cela ?

Je suis très croyante. C’était écrit dans le destin. Je l’ai vécu difficilement. Mais j’avais espoir que Dieu nous donne une Côte d’Ivoire meilleure. Il faut qu’on cultive l’amour, le pardon. Si nous cultivons le pardon, la Côte d’Ivoire sera encore plus belle.

« J’ai eu la chance d’avoir un maître comme Boncana Maïga, qui faisait mes arrangements » 

Après quarante ans de carrière, que voudriez-vous qu’on retienne de vous?

J’aimerais qu’on retienne d’Aïcha, une fille du Nord de la Côte d’ Ivoire, précisément le Gon, qui valorise la culture de chez elle. C’est pourquoi l’orchestre qui m’accompagne s’appelle le Poro. J’aime le poro; c’est une forme d’éducation. Je ne suis pas entrée dans le bois sacré, mais j’ai des parents qui ont été initiés. Cette culture est une éducation, une école. Je suis fière de ce peuple Sénoufo. Je demande aux jeunes de la  respecter.

Après avoir reçu plus d’une quarantaine de prix et deux disques d’or, quels sont vos projets aujourd’hui ?

J’ai un projet et je demande à Dieu de ne pas me laisser mourir sans l’avoir réalisé. Il s’agit de la construction d’une mosquée. J’aimerais aider ma religion parce que c’est une religion très noble. C’est une trace que je vais laisser. Je veux aussi mettre en place une fondation pour promouvoir l’Islam. L’Islam pacifique. Pas cet islam radical, parce que notre prophète était un homme très ouvert qui aimait et respectait les autres religions.

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Comment souhaitez-vous vous affirmer pour vos quarante ans ?

Mon souhait le plus ardent est de voir tous les enfants de la Côte d’Ivoire célébrer la réconciliation. Nous avons perdu dans ce qui est arrivé. Que Dieu nous donne la force. Ce qui me ferait aussi plaisir le jour de mon concert, c’est de revoir certains visages de la Haye à Abidjan. Qu’ils viennent sur scène ce jour-là. Si Gbagbo n’est plus détenu à la Haye et réside dans un autre pays, nous serons contents de savoir qu’il est libéré.

Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération d’artistes?

Je ne les critique pas. Mais ils y en a parmi eux qui ont des textes sensés.

Avez-vous quelques noms que vous pouvez  citer ?

J’aime bien ces artistes Zouglou qui chantent : «on sera, on sera se voir» (Rires). J’adore parce que c’est bien dit, et c’est bien réfléchi. Ceux qui chantent aussi, « tu n’aimes pas et pourtant tu es là » (Les patrons). J’aime bien ces jeunes qui rendent gloire à Dieu comme Kérozen. Je suis toujours choquée quand je vois les filles nues dans les clips. Est-ce qu’on a besoin de déshabiller la femme pour que la chanson ait du succès ? On a notre éducation, il ne faut pas qu’on dérape.

« J’ai également la chance de travailler avec des personnes du milieu musical tels que Manu Dibango et Myriam Makeba »

Combien d’artistes comptez-vous dans votre écurie ? 

J’ai de nombreux poulains. Pour la fête de mes quarante ans de carrière, j’ai invité une jeune fille qui a interprété une de mes musiques. J’ai adoré car elle y a mis son style. Vous aurez l’occasion de découvrir tous ces artistes à mon concert.

Au terme de notre entretien, qu’est-ce qui  a réellement marquée la vie d’Aicha Koné?

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Je suis fière d’être propriétaire de maisons. Lorsque je rentrais de mes spectacles, maman prenait une partie de mon cachet. Et cela après chaque sortie. Trois à quatre ans plus tard, elle a utilisé cet argent pour acheter des terrains et construire des maisons en mon nom. Par la suite, elle m’a fait une surprise et m’a tout montré. Cela m’a galvanisée à me lancer dans l’immobilier.

Source : africadaily.info avec afriquematin.net