Morts en cascade au FPI : Les leçons à tirer d’une hémorragie qui a du mal à s’arrêter.

Par Christ Zorro, Afriquematin.net

La disparition, le week-end dernier,  d’Aboudramanne Sangaré, considéré par ses partisans comme le « Gardien du temple » du Front Populaire Ivoirien (FPI), est, au vu des réactions enregistrées après  l’annonce de son décès, le coup de massue qui a ramené les frontistes à la réalité du mal qui gangrène de manière pernicieuse les  têtes fortes de ce parti. Il y a péril en la demeure et les partisans de l’ex- chef d’Etat commencent à en mesurer la portée.

 La saignée continue au sein des collaborateurs de l’ex chef d’Etat Ivoirien. Depuis le député Gnan Raymond jusqu’ à Marcel Gossio en passant par Gomont Diagou, bauhoun Bouabré, Zadi Guédé Michel, Paul Dokoui,  Abouo N’Dohi Raymond, Firmin Kouakou, la liste noire  des nombreux partisans de Gbagbo  vient une fois de plus  de s’allonger avec le décès d’Aboudramanne Sangaré. La disparition du dernier cité a été visiblement perçue, ce week end, comme le tournant qui a fait prendre conscience à plus d’un de la destinée maléfique qui poursuivrait, aux dires  des nombreux internautes, les militants  et sympathisants de ce parti après que leur mentor ait été éjecté du pouvoir d’Etat le 11 avril 2011. La teneur de la sortie du président Gbagbo dès l’annonce de la disparition de celui qui, quarante huit  ans durant, a été l’un de ses plus fidèles collaborateurs, en dit long sur l’atmosphère qui règne au sein des frontistes.

Le calice de la défaite et de l’amertume a été suffisamment bu et Il serait  temps pour les frontistes d’exorciser le mal à la racine  que de toujours pointer d’un  doigt  accusateur le pouvoir en place. Cette tribune ne sera pas l’occasion de faire ressortir les griefs portés  à l’encontre de l’actuel chef de l’Etat. Ils sont déjà assez nombreux et ce ne sont pas les alliés d’hier, Bédié et les plus zélés d’entre les proches collaborateurs du président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire,  qui mettront en sourdine leur rancœur si l’occasion leur était donnée de grogner. Il est plus que jamais temps pour les partisans de Gbagbo de faire une véritable introspection et de déceler l’origine de ce qui continue de consumer à petit feu la matière grise de ce parti. Le président Félix Houphouët Boigny  est l’un des hommes qui ont marqué l’histoire de l’Afrique en générale et singulièrement celle de la Côte d’Ivoire. Au soir de sa vie, il s’est trouvé des hommes assez imbu de liberté, de justice et soucieux du devenir des Ivoiriens pour traiter de ‘’Voleur’’ celui qui, impuissant face à la voracité du colonisateur et a ses abus, a réussi à donner à ce pays une élite intellectuelle issue de toutes ses contrées et une bourgeoisie moyenne.  Combien aujourd’hui sont-ils, ces assoiffés  de liberté d’hier, ces férus de justices et ces chantres de la probité qui seraient à même de  faire une critique objective de la ‘’refondation’’.  Les deux tendances actuelles du FPI montrent de toute évidence que les membres de ce parti n’étaient pas aussi soudés comme ils l’affichaient avant la crise post électorale de 2011. Les scandales économiques qui ont éclaté çà et là  de 2000 à 2010 sont la preuve évidente que la paille dans l’œil d’autrui n’était que le reflet de la poutre logée dans l’œil de celui qui juge. Soro kigbafori Guillaume a eu le courage d’assumer la rébellion armée et c’est tout à son honneur.  Combien sont-ils au Front populaire  Ivoirien à reconnaitre leur part d’erreurs, ne serait-ce que dans la conduite des affaires de l’Etat ? Si lors de la présidentielle de 2010, le président Gbagbo  s’est entouré de sympathisants pour créer la plateforme ‘’la majorité présidentielle’’, les griefs portés à l’encontre des cadres de son parti étaient nombreux et suffisants pour faire pencher la balance du côté de ses adversaires. Et cette réalité ne saurait être occultée par les nombreuses tribulations que vivent depuis, les proches de l’ex-chef d’Etat.

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Les lois qui guident la destinée des hommes et des peuples sont immuables et nul ne peut s’y soustraire. Si Ouattara et les autres têtes de turcs des frontistes sont coupables de ce qui leur est reproché, aucune alchimie, si puissante  soit-elle, ne leur fera l’économie  du calice qui leur sera tendu au moment venu. Pour l’heure, il est plus qu’urgent pour le FPI de faire cesser ou du moins de ralentir au plus cette saignée de ses bras valides. Et l’ex- première dame, Simone Ehivet Gbagbo, semble avoir eu l’intuition de ce qu’il fallait  faire. Celle  que ses  sympathisants et  adversaires  affublaient du sobriquet de ‘’dame de fer’’ a dérouté plus d’un, a sa sortie de prison en prônant le pardon et la réconciliation. L’épouse du président Gbagbo a révélé à la face du monde le ressort qui fait les grands  hommes : la prise de hauteur face au tumulte, la remise en cause quand cela est indispensable et la capacité de toujours  privilégier le consensus. L’humilité est une vertu et n’est pas humble qui veut.