La Chronique du vice-président du PDCI Kobenan Tah Thomas/ « Il faut raffiner nos arguments politiques et les bâtir sur du vivant ! »

La Chronique  »Les Actualités Politiques Ivoiriennes », numéro 28 du mercredi 13 Avril 2022 du vice-président  du PDCI-RDA Kobenan Tah Thomas.

Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.

Le début du mois d’avril 2022 a été une période lourde en termes d’actions politiques majeures. Il y a eu la fin de la campagne présidentielle française qui a remis en selle la paire Macron Le Pen dans un deuxième tour des plus incertains depuis le dimanche du 10 avril 2022. Il y a fort à parier que de l’issue de cette élection, dépendra la vraie tournure de notre politique en Afrique noire francophone en général et singulièrement des issues de certaines situations politiques dont celles du Mali, du Burkina et de la perspective 2025 en Côte d’Ivoire.

Tout compte fait, il n’y a plus tant de complexe à lier de tels faits puisque la situation de colonisé est le statut le plus partagé par bon nombre de pays. La crise ukrainienne nous a en effet fait la démonstration que l’Europe vit une situation de colonisée vis-à-vis du super maître américain. Dans une mesure moindre il faut le préciser et avec des élans moins catastrophiques certes, mais nous sommes tous des Etats colonisés avec des fortunes désapparentées. Quelques-uns y échappent ! Mais peu.

Au niveau national, nous avons observé avec beaucoup d’attention les actions et réactions liées à la visite de compassion du président Laurent Gbagbo aux populations Wê dans l’ouest ivoirien. Une réussite bien mitigée en définitive, si l’on s’en tient aux critiques acerbes qui continuent de couronner cette sortie politique de l’homme des 11 avril 2011 et 17 juin 2021.

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D’ailleurs, quelques jours avant son départ dans cette partie du pays, il y avait eu la polémique de la destruction du monument érigé en souvenir des victimes de la crise postélectorale de 2010-2011. D’aucuns parlent de « génocide wê » et pour les tenants du pouvoir, tolérer l’existence d’un tel édifice serait donner validation à l’existence d’un génocide. Là-dessus, les violons tarderont encore à s’accorder puisque l’Etat ivoirien refuse de concéder le droit à ses concitoyens d’ériger des édifices commémoratifs d’évènements autant graves que chargés d’histoires que les tueries massives qui ont eu lieu à Duekoué, Guitrozon, etc… Les enjeux vont donc bien au-delà du cadre de la visite du leader du PPA-CI dans l’ouest ivoirien.

Sur cette question donc, le président Gbagbo promet d’essuyer les larmes et d’obombrer les douleurs indicibles par un renouveau politique ; celui qui verra le jour grâce à l’alliance du PPA-CI son parti avec le PDCI-RDA du président Bédié.

La réplique ne s’est pas fait attendre. Elle est venue de madame le ministre Anne Désirée Oulloto du RHDP qui a recommandé au président Laurent Gbagbo de revoir dans le placard de son accession au pouvoir au début des années 2000 et au cours de la décennie de sa mandature ; il y aurait eu d’autres atrocités dans le même ouest ivoirien.

Je me suis permis de décrire ce décor avec une pointe d’insistance parce qu’il tend à apparaitre comme un fait symptomatique de l’état d’esprit de la majorité de notre classe politique. Au-delà de l’immondicité des péchés qu’on s’attribue les uns aux autres, il va être nécessaire un matin qu’on s’asseye et qu’on vide nos contentieux de façon définitive. Si la classe politique refuse de porter la paternité des faits qui ont endeuillé des familles, à qui donc attribuera-t-on les faits de guerre, de génocide, de tueries massives, de fosses communes. Je ne demande à personne de faire un mea-culpa. Je dirai juste comme ce célèbre juriste ivoirien, chacun de nous aura « été possédé par le Satan … Nous sommes allés trop loin, les Ivoiriens (…). Nous sommes tous responsables de ce qui est arrivé : le président actuel (Alassane Ouattara), le président parti, (Laurent Gbagbo), les citoyens, les médias, tout le monde est responsable, voilà ! ».

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Quand l’ensemble de notre classe politique aura fait siennes ces paroles, nous aurons entamé la marche de la catharsis populaire. Nous aurons surtout franchi le cap des décomptes mortuaires pour entamer l’ère des offres politiques vivantes.

En attendant cette aube prochaine, il faut rappeler que les travaux de la normalisation de notre marche démocratique sont toujours en chantier. Certaines logiques d’adversité devront dans ce cadre-là faire place à un dialogue qui vise la construction de règles de compétitions politiques plus consensuelles et moins conflictuelles. Echouer dans ce devoir, c’est échouer à servir le peuple pour lequel nos présidents prêtent serment.

Merci et à mercredi prochain.