Guinée/ Le Colonel Mamady Doumbouya, plus que jamais remonté…

Le colonel Mamady Doumbouya, l’homme de la Guinée est très remonté contre des officiers français. Et pour cause l’homme fort du Palais sékoutoureya trouve que ces derniers épouseraient des attitudes hautaines envers les Africains qu’il juge frustrant. Ci-dessous sa déclaration.

Bonjour à toute et à tous, je suis le commandant Mamady Doumbouya de la république du Guinée. Je suis devant vous ce matin pour témoigner de la perception des officiers français et étrangers servent dans nos pays Africains. Donc avant cela je vais d’abord vous présenter mon pays qui est la Guinée. Un petit pays qui est situé à l’ouest de l’Afrique, un petit pays de deux cent quarante-cinq mille mètre carré (245 000) km2 et qui a ses réalités.

 Culturellement la Guinée représente 04 ethnies différentes représentées sur la carte et qui se regroupent au même endroit. Souvent ces ethnies n’ont rien à avoir en commun. Vous avez par exemple la basse Guinée qui est au bord de l’océan atlantique et la moindre Guinée qui est un peu montagneuse. Culturellement ceux de la moindre et la basse Guinée n’ont pas grande chose en commun et la Guinée forestière qui est juste en bas.

« Une fois en Afrique ils font très bien leur travail. Ils font tellement bien leur travail que des fois nos politiques ont plus confiance aux militaires blancs que nous même. Nous le remarquons assez souvent ».

La Guinée est un pays indépendant depuis 1958. Le premier pays qui a eu le courage de dire non à la communauté. On n’est à peu près douze millions (12 000 000) d’habitants. Nous avons une petite armée qui fait près de 19 000 hommes. Terre mer et air confondus. Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que ce témoignage est pour moi un avis partagé avec mes camarades Africains dans la promotion 25.

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J’ai eu à parler avec les Ivoiriens, les Maliens, les Sénégalais, le Niger et le Nigeria etc. Ce, pour avoir leur avis sur la question. J’ai dû retenir les avis qui convergeaient. Pour la perception des officiers servant en Afrique, je peux dire par là que, et tous ceux qui ont déjà séjourné en Afrique peuvent en témoigner. Les camarades européens ou américains qui viennent dans nos pays sont accueillis avec une grande fraternité d’arme.

  Selon moi leur connaissance sur l’Afrique est un peu théorique parce que la plupart des coopérants qui viennent s’appuient sur des cartes. D’autres même pensent que l’Afrique se résume à ce qu’ils voient à la télévision. Pourtant la réalité africaine est un peu plus complexe. Généralement les blancs qui viennent chez nous en Afrique posent des questions suspectes en forme de renseignement du genre : « combien d’hommes ou de chars avez-vous ». Sur le plan professionnel, il n’y a pratiquement rien à signaler.

Car une fois en Afrique ils font très bien leur travail. Ils font tellement bien leur travail que des fois nos politiques ont plus confiance aux militaires blancs que nous même. Nous le remarquons assez souvent. Ils sont le plus souvent les conseillers de nos grands responsables politiques ce qui n’est pas le cas de notre côté. En exemple, un colonel ivoirien qui a fait toute sa formation en France au même titre que le Français mais qui n’aura jamais la chance de parler avec le chef de l’Etat français.

Mais le petit blanc qui vient, lui automatiquement il a le contact du Président. Ce que nous jugeons frustrant des fois. On se dit mais pourquoi leur faire confiance et pas nous. Quand je discutais des fois avec mes collègues de la 25ème promotion je le soulignais. Ils ont le pouvoir de faire changer les choses effectivement. Moi l’année dernière j’ai demandé des munitions pour faire des tirs. Cela m’a été refusé sous prétexte que je veux faire un coup d’Etat.

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Ça c’est sur le plan politique. Mais le petit blanc qui vient même du Sénégal à tout ce qu’il veut. C’est un peu agaçant vous voyez. Je voudrais souligner par ailleurs qu’ils ont un petit défaut. Ces officiers qui viennent ont une certaine manière de sous-estimer la capacité humaine et intellectuelle africaine. Vous allez voir par exemple un officier guinéen qui fait tout son cursus a la base avec un Français jusqu’à finir l’école de guerre ensemble, une fois en Afrique ils pensent souvent qu’ils sont plus intelligents que nous.

En exemple, hier je discutais avec le camarade ivoirien et qui me disait que leur AD qui est à paris n’a jamais croisé Emmanuel Macron, il ne peut jamais rêver le voir par contre l’AD de la France qui est à Abidjan peut, à tout moment, voir le Président de la république ivoirien. C’est qu’il y a un problème. Ils ont souvent des attitudes hautaines et se prennent des fois pour le colon qui voit et maitrise tout.

Sur le plan Privé, les homologies qui viennent ils n’ont d’yeux que pour les sites touristiques, la vie de leur homologue ne leur intéresse peu. C’est aussi agaçant des fois. Je souligne que j’avais juste 15 minutes donc c’est un peu le résumé de notre façon de voir les choses. Il faut savoir que le regard des militaires français en Afrique a un peu évolué au fil du temps. Hier automatiquement quand je voyais un blanc, il était à mes yeux compétant, il connaissait son travail.

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Mais aujourd’hui, il y a un peu une vision critique de ce qu’ils font et de ce qu’ils nous expliquent. L’accès à l’information a aussi évolué. Les Français qui viennent le plus souvent chez nous n’ont pas les moyens de leur politique. Je m’explique, le militaire français qui débarque en Afrique vient le plus souvent avec un simple papier, juste la théorie, comparé à l’Américain qui lui vient avec tout son équipement.

On se demande donc, soit nous ne sommes plus important aux yeux des Français ou ils n’ont plus les moyens de leur politique comme les Américains. C’est un peu ma façon à moi de résumer le regard que nous officiers Africains portons sur les militaires français qui viennent en Afrique.

Source : operanewsapp.com