Gabriel Joseph Yacé, Ex-Pdt du Conseil Régional des Grands Ponts: « je reste à la disposition de mon parti, le Rhdp ».
Au moment où il quitte la présidence du Conseil régional des Grands ponts, le président Gabriel Joseph Yacé parle de son mandat, de ses projets et de la nouvelle équipe. Interview.
Monsieur le président, comment vous portez-vous après le scrutin du 13 octobre 2018 ?
Merci de me donner l’occasion pour vous dire que je me porte bien, le moral est bon. Mais je voudrais vous rappeler, et cela à toutes fins utiles que, le poste de maire ou de président de Conseil régional est un poste qui est bénévole. Ce n’est pas un métier. Avant d’être élu président du Conseil régional des Grands ponts, j’avais un métier. J’étais industriel. Je reviens donc à mes affaires que je n’ai jamais délaissées. Les choses vont donc bien et la vie continue son bon chemin.
Peut-on dire mission accomplie?
Oui, je le pense partiellement. Comme vous le savez, nous sommes venus à la Région dans un cadre bien défini. Parce que les outils que l’Etat met à disposition pour le développement se trouvent être le triennal et partie quantifiée : le budget. D’avril 2013, à octobre 2018, nous avons eu au total 6 milliards 100 millions de francs Cfa, pour travailler dans la région.
Notre vision nous a permis d’aller bien au-delà des projets standards contenus dans le programme triennal à amorcer un véritable développement avec des projets structurants en vue de booster tout le développement de la région des Grands ponts. Ces projets s’établissent dans une répartition géo-spatiale ainsi, pour Jacqueville, l’Université canadienne des Arts, des Sciences et du Management ; l’Ecole internationale d’architecture, l’Hôpital général de la police nationale, pour ne citer ceux-ci. Pour le compte de Dabou, on peut citer, le Centre hospitalier régional (Chr) à Kpass où le Diocèse de Yopougon a bien voulu céder 30 ha de sa parcelle ; l’Université régionale sur la côtière ; le Lycée professionnel technique dans la Sous-préfecture de Lopou ; la Ville nouvelle et industrielle à Akradio.
Dès ce lundi 17 décembre, après la passation de charges, vous ne serez plus à la tête du Conseil régional des Grands ponts. Que doit- on retenir de votre passage ?
Difficile à dire, car il s’est passé tellement de choses, mais principalement, je retiens cette formidable expérience d’une meilleure connaissance des hommes avec leurs différences et surtout leur vécu quotidien. Les grands ponts ont la spécificité d’être un melting pot extraordinaire, un microcosme de la Côte d’Ivoire. Il ne faudrait surtout pas que certains puissent mettre les problèmes ethniques en avant pour régler les problèmes politiques. Malheureusement, cet aspect négatif a beaucoup joué lors des élections locales d’octobre 2019 dans les Grands ponts. Et il faut s’en désoler. Je voudrais que l’on retienne de mon passage au Conseil régional, que j’ai été l’homme qui a lancé les grands projets structurants de la région. Cela n’a pas été facile, parce qu’il fallait asseoir d’abord une organisation interne et mettre un certain nombre de structures en place pour pouvoir ménager tout cela. Je me suis tenu au- dessus de la mêlée, à équidistance des uns et des autres, pour travailler et lancer ces grands projets, au nombre desquels le port de pêche et la zone industrielle de Grand-Lahou dont les études ont été lancées. Ce que je voudrais dire, c’est que ce sont des projets qui ont l’air d’être chimériques pour les uns, ou des projets de mégalomane, mais ils ne sont pas hors de portée du Conseil régional. Avec l’aide des uns et des autres, ce sont des projets que l’on peut réaliser. Paris ne s’est pas fait en un jour.
Comment expliquez-vous qu’avec tout ce que vous avez réalisé dans les Grands ponts, vous y ayez perdu l’élection régionale ?
Perdu…, c’est plutôt relatif. Car, j’ai beaucoup gagné en expérience. Disons que j’ai fini mon mandat et passe le témoin à un autre qui va continuer le travail de développement. Ainsi va la vie et nous sommes appelés à évoluer, à relever défis sur défis. Comme vous le savez, certainement, j’ai été candidat indépendant en 2013. Mais cette fois, je me suis présenté dans le cadre d’un parti politique ; le Rhdp. Volontairement, car j’ai accepté l’honneur qui m’avait été fait d’avoir été investi par les plus hautes autorités du pays, pour défendre les couleurs du Rhdp. Et il est possible que mon électorat n’ait pas compris ou que le Rhdp n’a pas pu passer son message de développement dans la région et encore moins faire montre d’unité. Car, certains membres de notre coalition n’ont pas joué le jeu. C’est l’une des explications que l’on pourrait donner. Vous avez constaté d’ailleurs, et c’est une très bonne chose, que les mêmes qui nous ont combattu depuis les sénatoriales, jusqu’aux régionales reviennent adhérer au Rhdp. Ils ont tous ma bénédiction. J’encourage les derniers qui sont encore hésitants, c’est à dire le sénateur de Jacqueville et le maire de Dabou, celui de Grand-Lahou et le président entrant du Conseil régional à nous rejoindre. Et ça je ne doute pas que parmi eux tous, beaucoup vont nous rejoindre avant les élections de 2020.
La Chambre administrative de la Cour suprême n’a pas retenu vos requêtes. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
Par principe, je ne commente jamais les décisions de justice, encore moins celles de la Cour suprême. Elle a dit le droit et je respecte sa décision. Alors souffrez que je n’en dise pas mot.
Président Yacé, que deviendront les projets structurants qui commençaient à sortir de terre ?
Avec le principe de la continuité de l’Etat, je crois qu’il n’y a pas à s’inquiéter pour ça. D’ailleurs j’ai veillé à ce que certains projets soient inscrits au Programme National de Développement.
Retenez aussi que les joutes électorales n’enlèvent rien aux qualités des compétiteurs. Alors je suis sûr qu’ils sont descendus dans l’arène pour l’intérêt général. Et mon successeur est un éminent professeur d’Université, donc un homme de qualité, qui saura à n’en point douter, assurer la réalisation de tous les projets. Si évidemment il le juge nécessaire, et si aussi ça entre dans le cadre de son programme. Pour ma part, je me tiens à sa disposition pour booster tous les projets structurants de la région des Grands ponts, et apporter volontiers ma modeste contribution pour que son mandat soit couronné d’un éclatant succès.
Vous avez déjà donné le ton, et à la proportionnelle, vous êtes Conseiller régional avec quelques collaborateurs. Seriez-vous donc prêt à participer aux sessions de la nouvelle équipe ? Etes-vous prêt à la soutenir dans l’intérêt de la région ?
Vous savez, le président du Conseil régional est d’abord un conseiller qui a été élu parmi d’autres, pour diriger l’ensemble de ses pairs. Donc on peut être efficace sans pour autant être président. Oui, j’assisterai aux sessions de notre Conseil régional sur le banc des Conseillers régionaux et dans le respect de la discipline du Conseil régional. Mais rassurez-vous, j’apporterai ma petite pierre aux actions de développement de la région, car je peux me prévaloir d’une petite expérience qui peut servir l’ensemble de mes pairs et le nouveau président.
Vous n’êtes plus président du Conseil régional certes, mais vous n’en demeurez pas moins une figure politique. D’ailleurs aux côtés du Secrétaire d’Etat Emmanuel Esmel Essis, vous avez été désigné PCO pour la Région des Grands ponts. Comment accueillez-vous cette désignation ?
Je remercie le président du Rhdp d’avoir retenu monsieur Emmanuel Esmel Essis et moi-même comme responsables Rhdp de la région des Grands ponts. Et en termes de perspectives, je reste à la disposition de mon parti, le Rhdp. Nous devons structurer et organiser les bases du Rhdp dans notre région.
Quel message pour les populations des Grands ponts au moment où vous quittez la tête du Conseil régional ?
Je voudrais aussi rendre grâce à Dieu, et remercier particulièrement les plus hautes autorités du pays qui m’ont fait confiance en me confiant l’investiture du RHDP, tout en les assurant de ma parfaite disponibilité à toujours servir notre pays. Je tiens particulièrement à remercier l’ensemble des populations de la région des Grands, celles qui ont voté pour moi comme celles qui ne l’ont pas fait. Je n’oublie pas les cadres de la région avec à leur tête la Grande chancelière. Je remercie également toute l’équipe qui m’a accompagné tout le long de ces cinq années, ainsi que toutes les autorités administratives et politiques, particulièrement le Préfet de région et ses collaborateurs, qui n’ont ménagé aucun effort pour nous apporter aide et soutien. Je demande aux populations des grands Ponts et à leurs frères des communautés ivoiriennes vivant dans les trois départements de se mettre à la disposition de la nouvelle équipe dirigée par le professeur Sess Essiagne Daniel, pour leur apporter aide et soutien, afin de mener à bien la réalisation de tous les projets.
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