Eglise catholique/Le Jubilé s’est clos

D’un geste lent, le pape François a fermé un battant, puis l’autre. Un instant, un infime rai de lumière a filtré entre les deux, avant que la porte sainte de la basilique Saint-Pierre ne soit définitivement close, dimanche matin, et avec elle le Jubilé de la miséricorde voulu par le pape. « Même si la Porte sainte se ferme, la vraie porte de la miséricorde reste pour nous toujours grande ouverte, le Cour du Christ », a toutefois expliqué le pape dans son homélie. Il a appelé à demander « la grâce de ne jamais fermer les portes de la réconciliation et du pardon, mais de savoir dépasser le mal et les divergences, ouvrant toute voie d’espérance ».

« L’Église a senti la responsabilité d’être dans le monde »

Ce message, François n’a cessé de le marteler tout au long du week-end. Il le situe dans la lignée du concile Vatican II (1962-1966), dont le Jubilé de la miséricorde entendait marquer le cinquantième anniversaire de la clôture.

« L’Église existe seulement comme instrument pour communiquer aux hommes le dessein miséricordieux de Dieu, expliquait-il vendredi dans un long entretien à L’Avvenire, le quotidien des évêques italiens. Au concile, l’Église a senti la responsabilité d’être dans le monde comme un signe vivant de l’amour du Père. »Pour le pape, « cela déplace l’axe de la conception chrétienne, depuis un certain légalisme, qui peut être idéologique, à la personne de Dieu, qui s’est fait miséricorde dans la personne de son Fils ».

Amoris laetitia et les nouveaux cardinaux

« Quelques-uns – pensez à certaines réponses à Amoris laetitia – continuent à ne pas comprendre, c’est soit blanc soit noir, alors que c’est dans le flux de la vie qu’il faut discerner. C’est ce que nous a dit le concile », ajoutait-il. Il répondait ainsi indirectement à des cardinaux qui exigent de lui une réponse de type oui/non sur des ambiguïtés qu’ils croient déceler dans son exhortation apostolique sur la famille.

LIRE AUSSI :   Bingerville-célébration de l’Aïd-el fitr/Les fidèles musulmans invités à épouser un esprit d’amour

Et c’est bien dans ce « flux de la vie » que François a envoyé samedi les 17 nouveaux cardinaux qu’il a créés. Prêchant à partir du « discours de la plaine » de Jésus à ses Apôtres, il a comparé l’élection de ceux-ci à celle des cardinaux. « Au lieu de les maintenir en haut sur la montagne, au sommet, (elle) les conduits au cour de la foule, les met au milieu de ses tourments, au niveau de leur vie ».

Jésus, a-t-il martelé, « ne cesse de vouloir nous insérer au carrefour de notre histoire pour annoncer l’Évangile de la Miséricorde ». Il « continue de nous appeler et de nous envoyer dans la « plaine » de nos peuples ».

Une nouvelle lettre apostolique, Misericordia et misera

Pour souligner combien la miséricorde doit continuer à être vécue au cour de l’Église malgré la clôture du Jubilé, le pape a, justement après la messe dimanche, signé et remis symboliquement une nouvelle lettre apostolique, Misericordia et misera, à des représentants de toute l’Église?: un cardinal, un évêque, des prêtres, un diacre et sa famille, des religieuses, mais aussi une famille, des grands-parents aux petits enfants, un couple de jeunes fiancés, des catéchistes, des handicapés et malades.

Cette lettre, qui est justement, selon le Vatican, un appel à toute l’Église « à vivre la miséricorde avec la même intensité que celle expérimentée pendant le Jubilé », doit être rendue publique ce lundi 21 novembre à Rome.

Le Jubilé de la miséricorde

Reprenant le symbolisme du jubilé juif institué tous les 50 ans par le Lévitique, le Jubilé, ou Année sainte, marque, à chaque année séculaire et cinquantenaire, un temps de conversion, de pénitence, de pardon mais aussi d’action de grâce. Le premier Jubilé aurait été célébré en 1300 à Rome. En 1933 et 1983, Pie XI et Jean-Paul II avaient institué des Jubilés marquant l’anniversaire de la mort et de la résurrection du Christ. Annoncé le 13 mars 2015 et ouvert le 29 novembre à Bangui et le 8 décembre à Rome, le Jubilé de la miséricorde entendait marquer les 50 ans de la clôture du concile Vatican II. La prochaine Année sainte, un Jubilé ordinaire, pourrait être célébré en 2025 pour les 2 000 ans de la Rédemption.

LIRE AUSSI :   Terre Sainte / Des chrétiens ivoiriens en pèlerinage