Déclaration de jeunes leaders de la CEDEAO sur la crise béninoise

Déclaration de jeunes leaders de la CEDEAO sur la crise béninoise

Pour que survive la démocratie !

À la suite d’une modification inopportune et opportuniste du code électoral béninois, le 3 septembre 2018, un curieux « certificat de conformité » a été imposé comme une des pièces nécessaires pour candidater aux législatives du 28 avril 2019. Cette décision injuste et injustifiée d’une cour constitutionnelle à l’entière botte du régime a par ailleurs été notifiée aux opposants très tardivement, avec un patent vice caché de prendre ces derniers de cours. Résultats : sur 07 listes enregistrées, seulement deux ont été validées par la Commission électorale nationale (CENA) : le Bloc Républicain (BR) et l’Union Progressiste (UP). Grosse surprise: ces deux partis appartiennent tous au Président de la République.

Exclue du scrutin, l’opposition a appelé à son boycott. Un mot d’ordre largement suivi dans l’ensemble du pays. Ainsi, seulement 27% d’inscrits a pris part au vote (chiffres officiels). Un record d’abstention (73%), en 30 ans d’expérience démocratique.

Ces élections inégales ont été logiquement émaillées de graves violences ; une première au Bénin. Pour l’occasion, Cotonou, et plus précisément le quartier de l’ancien Président Thomas Yayi Boni a été transformé en un théâtre de guérilla. Des affrontements qui ont engendrés des morts et des blessés graves. Comme si cela ne suffisait pas, le régime s’est ensuite lancé dans une traque impitoyable d’opposants, d’activistes et de toute voix discordante ; obligeant certains à prendre le chemin de l’exile, comme d’autres avant eux (Sebastien Ajavon, Léhady Soglo, Valentin Djènontin, Komi Koutché, etc). A l’heure actuelle, une centaine de jeunes militants sont arbitrairement détenus dans les geôles du pays, dans des conditions extrêmement inquiétantes.

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Cette situation nous préoccupe au plus haut point. C’est pourquoi, nous joignons nos voix à toutes celles qui se sont déjà élevées, notamment l’opposition politique, la société civile, la communauté scientifique internationale ; pour demander au président Patrice Talon,

– Au nom de la fierté et de la dignité du Bénin et des Béninois ;

– Au de la démocratique béninoise, souvent citée en exemple en Afrique noire francophone depuis la Conférence nationale souveraine de 1990 ;

– Au nom de la paix et de la sécurité nationale ;

– Au nom de la paix et de la stabilité sous-régionale ;

l’invalidation des résultats de ces élections si fortement contestées et la convocation à nouveau du corps électoral pour un scrutin inclusif.

Fait le 24 mai 2019

Ont signé

– Christiane Djahuié, journaliste, écrivain, Présidente du mouvement ivoirien Besoin d’Agir ;

– Théophile Nanibo, Comité de Défense des Droits de l’Homme et de la Protection de l’Environnement(CDHPE), Côte d’Ivoire ;

-Mouloukou Souleymane Diawara, Président de l’Association des Élèves, Étudiants et Diplômés pour le Développement de la Guinnée Conakry ;

-Morgan Houetinou, Président de la Jeunesse Ajavon Sébastien (JAS); Croisade d’Éveil Civique, Bénin ;

– Sidikiba Condé Président du Collège des Étudiants des Universités Privées de Guinée ;

-Prince Boris Aké, Président du Parti Vert du Bénin(PVB);

-Marcel Akonaro, journaliste Togolais;

-Maji Jamilou, Activiste Nigérian;

-Malick Thiam, MCRECAD, Sénégal;

-Constantin Amoussou, Président Gouvernement des Jeunes du Bénin(GJB);

-Abdou Aboubakari, Activiste et diplômé de l’Université de Niamey, Niger;

-Ali Fofana, Jeune Activiste de la Gambie;

-Aboubacar Ouatara, leader des scolaires et étudiants du Burkina-Faso.