Création d’une force anti-putschs/ Les Européens démontrent -leur détermination à ne pas quitter le Sahel

Membres de l’initiative d’Accra, -soit les sept dirigeants ouest-africains avaient annoncé au mois de novembre dernier l’opérationnalisation prochaine d’une force conjointe destinée à lutter contre l’insécurité dans la zone. – La Cédéao qui a décidé de créer à son tour une force régionale, dont les modalités d’établissement devraient être discutés au mois de janvier prochain entre responsables militaires de la région. Quelles seront les missions de cette force ? – La présidente du Réseau africain pour la sécurité, Niagalé Bagayoko, donne son avis sur le sujet.

Que savez-vous de cette force régionale dont la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé – sa création ?

À ce stade, ce qui a été annoncé, c’est non seulement la création d’une force de lutte anti-terroriste, mais qui serait également habilitée à s’investir en cas de coup d’État.

Le président en exercice de la Cédéao, Umaro Sissoco Embalo est l’un des promoteurs de cette idée de créer une force capable de rétablir l’ordre constitutionnel. Une telle force vous paraît-elle crédible ? Ou peut-elle fonctionner ?

« Pour ce qui est de la Cédéao elle-même, c’est un véritable retour dans le jeu. Quand même, de nombreuses initiatives prises au cours des dix dernières années avaient largement marginalisé l’organisation d’un point de vue opérationnel »

Le président Umaro Sissoco Embalo est bien placé pour connaître les capacités de déploiement de la force en attente de la Cédéao. Puisque justement, son pays, la Guinée-Bissau, a été, avec la Gambie, l’un des théâtres les plus pressants, et pour la Guinée-Bissau les plus fréquents, de déploiement de cette force.

Donc, oui, il est tout à fait possible de mobiliser cette force. La question est de savoir s’il est possible de la mobiliser dans le cadre de la gestion de la crise sahélienne aujourd’hui, qui va bien au-delà des difficultés que l’on a pu connaître dans les pays que je viens de citer.

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 La difficulté autre qui se pose est la multiplication actuelle des annonces et des initiatives qui semblent vouées à déployer des forces. On se souvient qu’il y a à peine une quinzaine de jours, c’est dans le cadre de l’initiative d’Accra, qui réunit à la fois les pays côtiers et les pays sahéliens, qu’a été annoncé que serait déployée également une force pour s’investir dans la lutte contre l’insécurité dans la zone.

On sait aussi que l’Union africaine fait partie des acteurs qui sont envisagés notamment par certains partenaires internationaux, comme l’Allemagne, comme pouvant prendre le relais d’une force telle que la Minusma dans le cadre d’un dispositif qui serait comparable à celui de l’Amisom, force de l’Union africaine déployée en Somalie, sous le financement de l’Union européenne majoritairement.

 Quel rôle pourraient jouer les Européens et au-delà les Occidentaux dans ces différentes structures ?

Les Européens démontrent aujourd’hui leur détermination à ne pas quitter le Sahel sans pour autant rester directement impliqué dans les initiatives qui ont cours aujourd’hui. Je pense qu’il est très important aussi de se rendre compte que ces Européens sont eux-mêmes parfois en compétition les uns avec les autres.

La façon dont l’Allemagne se positionne aujourd’hui, avec une annonce qui tranche avec celle des autres pays européens et qui annonce l’intention de rester dans la Minusma jusqu’en 2024, pour permettre une transition satisfaisante, fait partie des États qui semblent privilégier un soutien apporté via l’Union européenne à une force déployée dans le cadre de l’Union africaine. On voit très bien aussi que l’initiative d’Accra a suscité un intérêt renouvelé.

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Pour ce qui est de la Cédéao elle-même, c’est un véritable retour dans le jeu. Quand même, de nombreuses initiatives prises au cours des dix dernières années avaient largement marginalisé l’organisation d’un point de vue opérationnel. En tout cas, même si elle est revenue au centre du jeu à la faveur des questions politiques, et notamment à la suite des coups d’État survenus au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.

Source : rfi.fr

N.B : Le titre est de la Rédaction d’afriquematin.net