Covid-19 : quand un nouveau souffle de vie semble gagner la planète Terre
Par Nazaire Kadia (Analyste politique)/Afriquematin.net
Quelques mois après sa survenue sur cette terre injuste des hommes, le petit virus, joliment prénommé Covid 19, a réussi l’exploit d’imposer un mode de vie à toute l’humanité, à induire des comportements et des attitudes à l’homme, là où l’homme aussi puissant soit-il, les armes aussi puissantes comme la bombe atomique ou la bombe à neutron qu’il possède n’ont jamais réussi.
Malgré eux et malgré les justificatifs dont ils disposent pour faire la guerre, les hommes ont été contraints de surseoir à tous les conflits, sans l’aide de diplomates chevronnés ou de médiateurs charismatiques. Ce virus, sans le vouloir, a ramené l’homme à sa juste dimension, et lui a rappelé que poussière, il retournera à la poussière.
Il y a certainement un avant covid-19 et il y aura assurément un après covid-19.
Des trêves et des cessez-le feu se sont imposés à tous les protagonistes des confits sans négociation.
En Libye, les armes s’étaient tues entre « le gouvernement reconnu par la communauté internationale » et le général Halftar sans qu’ils aient eu besoin de s’asseoir et de discuter. Les attentats des soldats d’Allah se sont estompés par enchantement, sans qu’Allah ne le leur demande. Ceux du Mali, preneurs d’otages par excellence, s’étaient terrés dans les massifs du nord Mali ; ceux qui causaient peur et désolation au nord du Burkina Faso, avaient disparu de la circulation et l’inénarrable Boko Haram était rentré dans les rangs.
Ailleurs, les tirs de roquettes sur le sud d’Israël ne se faisaient plus entendre, encore moins les bombardements massifs d’Israël sur la bande de Gaza.
Tout porte à croire que l’humanité avait retrouvé un semblant d’unité pour faire face à un ennemi invisible mais extrêmement dangereux.
Un nouveau souffle de vie semble gagner la planète Terre. Toutes les usines, symboles de développement et de recherche effrénée de gains, qui chaque jour déversaient des tonnes de gaz carbonique et autres particules dans l’atmosphère, ont été contraintes de fermer. Des villes habituellement polluées des pays dits développés, respirent mieux. Le ciel y est désormais dégagé et il n’y a plus de fumée en suspension, permettant ainsi d’avoir, à une certaine hauteur, une vue panoramique de ces belles villes.
Il a également suffi de la présence de ce petit virus, pour que la peur qui était le quotidien du pauvre, soit aujourd’hui le partage du riche. Très démocrate, la covid-19 dont la caractéristique est l’égalité et l’équité, ne fait pas de discrimination entre riches et pauvres, blancs, noirs, jaunes, etc. elle les décime de la même façon et a réussi à les contraindre à un même comportement : se terrer, se laver les mains régulièrement, éternuer dans le pli du coude, garder une distanciation sociale, etc. Il a en outre réussi à fermer églises, temples et mosquées. Il empêche le muezzin d’appeler à la prière aux premières heures de l’aube, fit taire les cloches pour la récitation de l’Angélus dans les églises !
L’homme est désormais en pleine introspection et observe avec du recul, les valeurs qui étaient les siennes, et pour lesquelles il n’avait quasiment pas de répit. Les parents apprennent à connaître leurs enfants et à apprécier à sa juste valeur, la patience et le mérite des enseignants et des éducateurs, chargés de les encadrer. Les enfants apprennent à rester à la maison et se rendent compte que tout ne se trouve pas dans la rue. Le travail et les affaires qui occupaient toute une vie, ne sont plus une priorité. Et la covid-19 a soumis les époux à un audit de l’amour qu’il y a entre eux pendant le confinement !
Le confinement à la maison et la non-occupation à la limite de l’oisiveté, font également découvrir aux hommes, la souffrance, le désespoir et la frustration des chômeurs. On mesure réellement le calvaire quotidien qui est le leur ; certainement que désormais le regard posé sur eux changera.
Bien plus, les nuits fiévreuses, effervescentes et endiablées de nos villes au son du rock, de la rumba ou du couper-décaler ont dû s’estomper ; tout comme la champion’s League ; on s’était passé de la CAN, des exploits de Messi ou de Ronaldo, et pourtant nous avons continué de respirer et la terre a continué de tourner autour du soleil, chose qu’il y a quelques temps, nous ne pouvions même pas envisager !
Tout est donc « vanité et poursuite du vent ».
Où se trouve aujourd’hui notre orgueil ? Où sont passés les hommes puissants et arrogants qui régentent notre monde ?
Tous autant que nous sommes, sommes désormais logés à la même enseigne : terrés, confinés et mis au pas par un petit virus. Voilà tout l’homme !
Alors finalement, « …quel profit y a-t-il pour l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? » (Ecclésiaste 1-3).
Soyez sans crainte, s’il y a eu un matin, il y aura un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.