Côte d’Ivoire-Crise électorale et post-électorale /Bernard Houdin « Les Ivoiriens n’ont plus le choix ».
Laisser Alassane Dramane Ouattara faire ce mandat illégal c’est renoncer à défendre la volonté populaire qui est codifiée dans la Constitution, Loi Fondamentale du pays et s’abandonner au diktat d’une minorité s’exprimant dans la violence, au prétexte qu’elle serait la « violence d’Etat » donc « légale », en oubliant que son illégitimité de fait ne l’autorise plus à l’utiliser.
Pour chasser définitivement l’imposture qui se fait aujourd’hui forfaiture, les Ivoiriens ont l’arme absolue : la désobéissance civile. Elle a déjà été « promulguée » par le président Henri Konan Bédié, au nom de toutes les forces vives du pays, elle doit se concrétiser dans la réalité quotidienne.
Pour cela elle doit être comprise de chacun et de tous. La désobéissance civile n’est pas un concept fumeux, que l’on agiterait comme un épouvantail en espérant qu’elle fera de l’effet sur l’adversaire. Elle est l’arme absolue, mais comme toutes les armes elle doit savoir être maniée efficacement.
Dès le XVIème Siècle, Etienne de La Boétie rédige un réquisitoire contre le pouvoir absolu, le Discours de la servitude volontaire, où il engage le débat sur comment comprendre qu’un petit nombre puisse imposer sa loi à un très grand nombre. Sa réponse : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres ».
Quand, en 1849, l’américain Henry David Thoreau écrit, à son tour, un pamphlet dont le titre « La désobéissance civile », va désigner les formes modernes de cette « désobéissance », il prévient : « ceux qui, tout en désapprouvant le caractère et les actes d’un gouvernement, lui offrent leur allégeance et leur soutien sont sans aucun doute ses plus solides piliers, et sont par ce fait même les plus sérieux obstacles à la réforme ». Et, pourtant, Thoreau n’avait certainement pas lu La Boétie !
Les Ivoiriens ne doivent pas se méprendre. La « désobéissance » dont il est question n’est nullement une acte répréhensible, elle est l’émanation de la souveraineté populaire qui se dresse contre celui, ou ceux qui ont franchi les bornes et, n’en déplaise au procureur Adou Richard, elle représente sans discussion la légitimité contre l’oppression.
Ainsi le 1er décembre 1955 en refusant de céder sa place à un blanc dans un bus de Montgomery, Alabama, une jeune femme noire, Rosa Parks déclencha un mouvement qui sera canalisé par un jeune pasteur, Martin Luther King, qui obtiendra, moins d’un an plus tard, de la Cour Suprême des Etats-Unis, l’abrogation des lois ségrégationnistes dans les bus, déclarées anticonstitutionnelles.
L’Histoire, avec un grand H, nous a enseigné que les combats de Gandhi et de Mandela se sont largement fondés sur les principes de la « désobéissance civile » et il ne viendrait à personne l’idée de considérer l’un et l’autre comme des délinquants, sauf, peut-être notre impayable procureur ivoirien…
Il revient maintenant à toutes les forces vives qui composent la nouvelle majorité politique et sociale de la Côte d’Ivoire à définir toutes les formes de désobéissance que le peuple devra observer et à s’organiser ainsi pour atteindre le seul objectif qui s’impose à tous, l’abandon par Alassane Dramane Ouattara de sa tentative illégale de vouloir accomplir ce troisième mandat.
Il prévoit de se faire « investir » le 14 décembre prochain. Qu’il se rappelle qu’il a déjà, par deux fois, prêté serment selon la formule contenue à l’article 58 de la Constitution et qui est le suivant :
« Devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, je jure solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, d’incarner l’unité nationale, d’assurer la continuité de l’Etat et de défendre son intégrité territoriale, de protéger les Droits et Libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l’intérêt supérieur de la Nation. Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des lois, si je trahis mon serment ».
Si Alassane Dramane Ouattara persiste à vouloir prêter serment dans deux semaines, il va trahir ce serment et le peuple sera légitime à lui retirer définitivement sa confiance, car il aura commis le crime de haute trahison et sera redevable de l’article 157 de la Constitution : « le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions et traduit devant la Haute Cour de Justice qu’en cas de haute trahison ».
En écho au discours de Churchill, les Ivoiriens disent « Non, mille fois non » ! Ils n’ont vraiment plus le choix.
Source : yeclo.com