Côte d’Ivoire / Bois de Teck : Les planteurs découragés par le trop plein de taxes et du racket.

Enquête réalisée par Haidmond Kaunan /afriquematin.net

Encouragés par le gouvernement ivoirien face à  l’amaigrissement du couvert forestier national, les planteurs de bois de Teck sont gagnés par le découragement pour l’excès de taxes et du racket organisés par l’administration forestière.

Le couvert forestier national ayant beaucoup diminué, le premier Président de la République de Côte d’Ivoire, Feu Félix Houphouët-Boigny, avait décrété l’année 1988  » Année de la forêt « .Il fallait protéger le massif forestier résiduel mais aussi encourager chaque ivoirien à reboiser ses jachères. Mieux, en 1998 sous l’ère Henri Konan Bédié,soit dix ans plus tard, le gouvernement ivoirien avait récidivé. On se souvient du reboisement de la forêt de Brobo, symbole de la forêt nationale dont l’exemple avait été donné par le premier Ministre Daniel Kablan Duncan et l’arrosage et la protection étaient assurés par la communauté riveraine.Des cadres et des communautés villageoises avaient ainsi  suivi l’exemple.
Ce qui explique la présence de grandes plantations de bois Teck qui partent du sud-ouest à l’est du pays,de l’ouest au Centre du pays. C’est pourquoi l’on aperçoit des ceintures de bois de Teck autour des plantations de cacao et d’hévéa dans la région l’Indenie-Djuablin et San Pedro… Ces bois de Teck sont exploitables à partir de 15 ans.
Mais en Côte d’Ivoire l’âge des premières plantations des bois de Teck privés est compris entre 30 et 20 ans. Malheureusement il nous a été donné de constater que ces bois sont très peu  exploités. En clair ils ne se vendent pas or face à la rareté actuelles des essences  la demande de bois Teck devrait être forte. Pourquoi donc ces bois privés sont  rarement abattus et proposés aux exploitants forestiers. «  Je suis propriétaire d’une dizaine d’hectares de plantations de bois de Teck dont l’âge est compris entre 15 et 25 ans. Mais ce n’est pas facile d’abattre son propre bois qu’on a planté et entretenu pendant au moins deux décennies. J’ai un titre foncier rural sur mes plantations mais l’État me demande trop. L’année dernière j’avais abattu 300 bois et on l’a pris à un prix dérisoire. Sous prétexte que je ne paye mes taxes. Sur les 6 millions de francs CFA devant me revenir l’administration forestière m’a pris 2 millions  de francs CFA »explique Pierre Dédeh planteur de bois de Teck à Adjamene dans la sous préfecture de Grand Bereby, dans le département de San Pedro. Qui ajoute qu’il suffit que  les agents des eaux forêts entendent une machine tronçonneuse ronronner dans votre champ pour venir racketté bord champs le planteur et le client sous peine de bloquer les machines-outils.
Et Jean Michel Tehoua planteur et propriétaire de bois de Teck à Sankadiokro dans le département d’Abengourou de renchérir. « C’est un véritable racket bien organisé à partir des simples agents des eaux et forêts  à la basep jusqu’au sommet de l’administration forestière ». Ici à Abengourou, même les bois d’ombrage dans nos plantations que nous avons nous mêmes plantés et entretenus on ne peut les abattre pour  la construction d’un appâtâmes, à, plus  forte raison les bois de Teck. Je ne veux pas abattre mes bois de Teck  pour me faire exploiter gratuitement. C’est vraiment décourageant. L’administration forestière demande trop de taxe aussi bien au planteur qu’à l’exploitant forestier » justifie t- il  avant d’ajouter qu’il préfère laisser les bois en place jusqu’à ce que les taxes diminuent. Et ce n’est pas les exploitants qui se réjouissent de la situation comme le fait remarquer Yedagne Akpa, exploitant  forestier à Duekoue «  Il y’a de l’avenir dans la plantation de bois de Teck en Côte d’Ivoire ,en tout cas pour ceux qui sont courageux parce que pour le moment ce n’est ni facile  pour le planteur ni les exploitants forestiers. Le bois de Teck est un bois de qualité utilisé par les asiatiques dans plusieurs domaines mais les taxes sont trop élevées pour eux » fait remarquer l’exploitant forestier ivoirien qui avoue qu’à cause des nombreuses taxes les nationaux ne veulent plus produire  le bois de Teck. À condition qu’ils l’obtiennent à bon marché ».
C’est pour quoi Edy Roger qui a une parcelle de bois de Teck à Morie dans le département d’Aboville préconise de la pentience  aux planteurs « Tôt ou tard les planteurs de bois Tecks seront sollicités aussi bien par les futurs gouvernants que par les clients étrangers et nationaux .Nous ne les nourrissons pas,ces bois. C’est un investissement à long terme. Maîtrisons un peu ». » conseille  Roger qui demande aux planteurs de bois de Teck de ne pas les brader.
Colonel Zadi Thérèse,responsable à la direction générale de la police forestière que nous avons approchée, n’a pas  voulue se prononcer sur le sujet.

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