Catastrophe ferroviaire en RDC : confusion autour du bilan

Une catastrophe ferroviaire jeudi dans le sud-est de la République démocratique du Congo a fait entre dix et 50 morts, selon les premiers bilans, et pointé les fragilités profondes du plus grand pays d’Afrique subsaharienne.

Mis à jour à 16h 30 GMT

Un train de marchandises a déraillé dans une zone reculée de la province du Tanganyika (sud-est) entre Kindu et Kalemie vers 06h00 (05h00 GMT), selon un représentant du gouvernement provincial.

Ce train de marchandises transportait des passagers clandestins qui n’ont pas d’autres moyens pour couvrir de longues distances, ni train de passagers, ni routes praticables.

D’une superficie de 2,3 millions de km2 au cœur du continent, la RDC ne compte que quelques milliers de km de routes asphaltées praticables, principalement sur l’axe Matadi-Kinshasa-Kikwit pour l’import-export, et Kolwezi-Lubumbashi-Kasumbalesa et la Zambie pour l’exportation des minerais.

“Bilan provisoire”

A Kinshasa, à plus de 2.000 km des sources directes d’information, le ministre de l’Action humanitaire, Steve Mbikayi, a avancé un “bilan provisoire” de “50 morts et plusieurs blessés”.

“Correction. Il y a eu déraillement à Nyunzu. Bilan provisoire 10 morts, 30 blessés et 3 wagons couchés”, a déclaré par la suite le gouverneur de la province du Tanganyika, Zoé Kabila, frère de l’ancien président Joseph Kabila.

“Le gouvernement provincial demande à la communauté de ne pas se fier aux spéculations des internautes et d’attendre le bilan officiel”, a ajouté un porte-parole du gouvernement provincial sur les réseaux sociaux. Son message parle de “quelques morts et plusieurs blessés” et annonce des opérations de secours.

Ces confusions sur les chiffres sont fréquentes en RDC, où les lieux du drame sont difficiles d’accès.

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Plus généralement, personne ne sait combien de personnes vivent en RDC, où le chiffre de 80 millions d’habitants n’est qu’une estimation. Les responsables politiques n’ont aucune source d’information fiable, faute d’un recensement général de la population depuis 1984.

“Coincéees dans les wagons”

Sur le terrain, les témoignages concordent davantage. Il y aurait entre “50 et 100” morts, avance un membre de la commission Justice et Paix de l’Eglise catholique, Ernest Lukwesa, qui cite des blessés arrivés à Nyunzu, près de la catastrophe. “Le nombre de morts est encore difficile à déterminer. Il y a certaines personnes qui sont coincées sous les wagons”, a-t-il dit à l’AFP.

“Nous étions nombreux sur chaque wagon, entre 30 et 40 voyageurs. J’ai vu beaucoup de morts. Comme c‘était la nuit, il était impossible d’estimer le chiffre exact”, a déclaré un survivant, Guillaume  Yambi Musala, joint à Kalemie par téléphone par un correspondant de l’AFP depuis Lubumbashi.

“Par manque de train voyageurs, j’ai pris place dans ce train marchandises après avoir payé 15.000 francs congolais (9,4 dollars) auprès du chef de train. Il ne m’a pas remis de reçu”.

Il accuse également les militaires qui accompagnent les convois de marchandises de demander de l’argent aux passagers clandestins.

Comme la plupart des entreprises publiques, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) est en faillite. Ses agents ont réclamé en février après l’investiture du président Félix Tshisekedi jusqu‘à 227 mois d’arriérés de salaires.

L’ancien directeur général de la SNCC, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a été nommé le 20 mai Premier ministre du gouvernement de coalition des forces du président Tshisekedi et de son prédécesseur, Joseph Kabila.

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“Le Congo doit consacrer six milliards de dollars annuellement sur dix ans aux infrastructures”, avait déclaré le président Tshisekedi le 24 janvier.

Le budget actuel de l’État est d‘à peine cinq milliards de dollars, pour un PIB de 40 millions d’habitants, malgré les richesses minérales du pays (cobalt, cuivre, coltan).

AFP