Agence Centrale de la Comptabilité du Trésor ou la misère des jeunes entrepreneurs ivoiriens
Par Michel Mangou – Afrique Matin.Net
Contrairement au payeur général des services généraux des administrations publiques (PGSGAP) qui a mis en place un mécanisme apprécié pour le paiement des fournisseurs de l’Etat, et dont les services, depuis le mois d’avril se sont déjà acquittés d’une dette de 139,100 milliards de FCFA, les fournisseurs de l’Agence Centrale de la Comptabilité du Trésor ; eux vivent la misère totale.
De grands bruits se font entendre du côté du Trésor Public de Côte d’Ivoire. Ce chaînon important de l’économie ivoirienne est au cœur de plusieurs scandales financiers qui seraient l’œuvre, selon nos sources, de certains responsables de l’Agence Centrale de la Comptabilité du Trésor (ACCT).
Alors que le gouvernement ivoirien a toujours appelé à l’entreprenariat jeunes, ce que ces derniers subissent quand ils finissent d’exécuter des marchés qui leur sont octroyés, dépasse l’entendement humain et est démotivant.
Certains agents de cette importante institution ont cessé d’être une référence morale, intellectuelle et professionnelle parce qu’ils agissent de sorte à ternir la crédibilité du Trésor public par un comportement qui ne rassure pas les usagers, les clients, les opérateurs économiques et les partenaires. Des autorisations de paiement portant la signature du Directeur Général du Trésor pour des prestations réalisées sont jusque-là sans suite, parce que certains agents véreux ne le veulent pas ou du moins, demandent des commissions incroyables sur les soldes. Comment est-il possible de refuser de payer une facture qui porte la signature du Directeur Général, s’interrogent des jeunes opérateurs économiques, qui disent ne plus savoir quoi faire ? Aujourd’hui, ils sont nombreux, les jeunes opérateurs économiques réduits à la mendicité. C’est le cas de M.D, un jeune entrepreneur, autrefois très prospère et respecté par tous. Mais pour avoir investi dans des marchés de l’Etat de Côte d’Ivoire, il est aujourd’hui ruiné. Pour ceux qui le connaissent, c’est un homme très fort sinon depuis longtemps il se serait déjà suicidé. Il est pratiquement devenu un mendiant auprès de ses amis qui lui payent même le transport, pour ses déplacements en Taxi (Wôrô-wôrô), alors qu’il a plus de deux cents millions logés dans les caisses du trésor. De l’entrepreneur prospère, il est passé au stade de clochard à cause de ce système impétueux et impitoyable qui sévit au sein de nos régies financières.
L’Agence Centrale de la Comptabilité du Trésor (ACCT) est une habituée de ce type de scandale. Et face à ces manquements dont se sont rendus coupables certains agents, il avait été mis sur pied un comité de suivi présidé en son temps par M. Guibehi Kacou Réné, payeur général du Trésor pour faciliter les paiements liés à la dette intérieure. Une action saluée par les entrepreneurs mais cela n’avait pas empêché l’éclatement de l’affaire Boti Richi de l’entreprise COTRAP-CI dont les soldes ont pris d’autres chemins. Plus de dix années après, cette pratique au sein de l’institution financière continue de sévir et de troubler l’ensemble des fournisseurs de l’Etat. Les exemples en Côte d’Ivoire sont légions. Nous avons le cas épatant du professeur Blé Blé Charles décédé après avoir peiné longtemps derrière ses 504 millions que lui devait la douane. Il n’a jamais reçu cet argent pour lequel il a dû sacrifier sa fortune pour régler ses propres fournisseurs. Cette attitude qui continue d’endommager l’économie nationale est un manque de civisme répandue dans plusieurs entités ministérielles. Nous avons les exemples des ministères de la justice, de la fonction publique etc. dont les fournisseurs broient du noir. Même celui du service civique, notamment son premier responsable, Ouattara Siaka, qui prend des crédits auprès de jeunes entrepreneurs et refuse de les rembourser. C’est l’image d’un Etat en conflit avec lui-même.
Aujourd’hui, il y a lieu de s’interroger sur les agissements de ces agents qui en plus de leurs salaires mensuels, perçoivent des primes et avantages compris en trois et dix millions par trimestre. Pourquoi tiennent-ils tant à prélever 15 à 25% sur les factures avant tout décaissement? Pourquoi les ministres et l’autorité de la bonne gouvernance, pourtant informés, n’agissent-ils pas à ramener la quiétude au sein de ces institutions reconnues pour ces pratiques mafieuses. Comment un ministre chargé du service civique peut-il baigner dans l’incivisme en s’adonnant à des comportements indécents et choquants ?