Accra-Sommet de la Cédéao/Assimi Goïta doit-il répondre à une convocation instruite par Macron?

Par Dr Brahima Fomba*

Dans une lettre datée du 22 mars 2022, la Commission de la Cédéao vient de convoquer le Président de la Transition Assimi Goïta pour participer au sommet extraordinaire convoquée pour le 25 mars 2022 à Accra au Ghana.

L’objet dudit sommet porterait sur la situation politique au Mali. Oui ou non le Président de la Transition Assimi Goïta devrait-il prendre part aux travaux du fameux sommet extraordinaire ? A priori, la pédagogie du droit des sanctions de la Cédéao n’est pas antinomique du maintien de liens fonctionnels avec l’Etat sanctionné qu’on doit aider à renouer avec ses obligations d’Etat membre.

Dr Brahima Fomba   

L’illicéité des sanctions illégitimes infligées au Mali   

Les sanctions qui frappent le Mali ne sont ni plus ni moins que des actes de banditisme juridique de grand chemin de la part d’une organisation sous-régionale qui dysfonctionnent comme une marionnette institutionnelle sans foi ni loi, instrumentalisées par la France du Président Macron. Il s’agit non seulement de sanctions non prévues par le droit communautaire, mais aussi de sanctions viciées par le non-respect des procédures communautaires applicables en la matière.

Dès lors que le Mali, à juste titre, remet en cause la licéité même, voire la légitimité des sanctions que le frappent, pourquoi le Président de la Transition Assimi GOITA se rendrait-il personnellement à ce sommet d’Accra ? Comment pourrait-il le faire, sans cautionner de facto le forfait de ses pairs de la Cédéao n’ayant eu que mépris, autant pour les textes fondateurs de l’Organisation que pour les peuples souverains des Etats membres au nom desquels ils prétendent agir.

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Le discrédit qui frappe la Cédéao et ses Chefs d’Etats irrespectueux du droit communautaire, les disqualifie pour exiger du Mali la moindre attitude de considération pour l’Organisation. C’est à la Cédéao de se racheter vis-à-vis du Mali victime d’abus de ses Chefs d’État vassalisés par la France avec les ingérences intempestives de son Président Macron.

L’éléments d’extranéité des ingérences intempestives du président Macron   

Dans quelle mesure le Mali serait-il conventionnellement engagé par les obligations d’une Organisation sous-régionale-marionnette dont les ficelles institutionnelles sont manipulées depuis les Champs Élysées par le Président Macron ? De quelle crédibilité la Cédéao pourrait-elle encore se prévaloir, capable à la fois de banditisme juridique inqualifiable et de docilité humiliante devant la France et son arrogant Président Macron ?

Une Cédéao qui s’acharne sur le Mali, tout en se contentant de prendre acte des trois ans de la Transition burkinabè et de la durée inconnue de la Transition guinéenne. Parce que la France le veut ainsi. Pour ses seuls intérêts ! Chacun aura remarqué le silence de mort des Chefs d’Etat de la Cédéao face à l’affront de l’indécente instruction qui leur a été donnée en live par le Président Macron, dans la pure tradition impérialiste de la françafrique.

Aucun des Chefs d’Etat de la Cédéao, y compris Nana Akufo-Addo, personnellement interpellé au mépris de toutes les convenances diplomatiques, n’aura eu le culot d’appeler l’arrogance française à de la retenue. Il n’appartient point à l’Etat extra régional français de dicter à la Cédéao la conduite à tenir à l’endroit de l’un de ses membres. Sauf à reconnaître enfin, que la Cédéao n’est que pantin entre les mains du Président Macron. Ce que confirme le silence assourdissant de nos valets de Chefs d’Etats incapables de répliquer, ne serait-ce que pour leur dignité et leur honneur propre, au Président Macron.

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Selon  Dr Brahima Fomba, « le discrédit qui frappe la Cédéao et ses Chefs d’Etats irrespectueux du droit communautaire, les disqualifie pour exiger du Mali la moindre attitude de considération pour l’Organisation. »( Photos d’archives)

L’élément d’extranéité des ingérences intempestives du Président Macron dans la gouvernance de la Cédéao, ajouté à la couardise des Chefs d’Etats publiquement ridiculisés et humiliés, achève définitivement de faire de la Cédéao, un monstre institutionnel au service de la France et de ses intérêts impérialistes, sous des décors d’organisation sous-régionale africaine.

Il est clair aux yeux de tous que le sommet programmé pour le 25 mars 2022 n’est qu’une matérialisation de plus des dernières instructions publiquement données par le Président Macron à ses valets de chefs d’Etats de la Cédéao. Les intransigeances mesquines de la Médiation Goodluck lors des derniers rounds de négociation à Bamako, témoignent éloquemment des manœuvres de la punition ordonnée le 17 mars 2022 par le Président Macron contre le Mali. Et si le sommet d’Accra du 25 mars 2022 s’inscrivait dans la même veine ? Et si le sommet du 25 mars 2022 n’était qu’un prétexte pour nos valets de chefs d’Etats de la Cédéao de donner davantage de gage à la soif de revanche maladive du Président Macron ? Le voyage du Président de la Transition à Accra se doit de considérer ces deux facteurs qui ne paraissent pas militer en faveur de sa présence physique au sommet d’Accra du 25 mars 2022.

 *Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB)