Aboisso/Le Vice-président du Pdci-Rda dévoile ses ambitions

Interview réalisée par Yann Dominique N’guessan/afriquematin.net

 Alfred Jérémie N’Gouan Alfred est très impliqué dans la vie de son parti mais aussi dans la politique locale et nationale. Maire de cette commune et vice-président du Pdci-Rda le premier gestionnaire de la capitale du Sud-Comoé parle de ses ambitions, des réalités de sa formation politique et des dispositions à prendre pour son rayonnement.

Comment se porte le Pdci-Rda à Aboisso ?

Il y a beaucoup de travail à faire dans notre circonscription,  nous devons nous battre pour avoir des électeurs, le fait d’avoir des militants ne me suffit pas. Je veux avoir des électeurs parce que c’est au moment du vote qu’on juge l’importance des partis. Nous avons un travail à faire, nous avons une réflexion interne à mener et nous devons surtout conquérir la population, notamment les jeunes, les femmes, aussi bien que toutes les composantes de la société. Et tant qu’on n’est pas encore allé aux élections, on ne peut pas dire qu’on a gagné. C’est dans les urnes que tout se passe donc, il faut séduire les électeurs.

« j’ai l’honneur d’être vice-président, je dois quand même avoir une certaine distance, prendre le pouls de la situation, jauger ce qui se passe et non pas me jeter dans l’arène aussitôt ».

Votre parti rencontre-t-il aujourd’hui des difficultés sur le terrain de la mobilisation dans votre localité jadis bastion du Pdci-Rda ?

Non, nous n’avons pas de difficultés sur le terrain. Quand nous nous asseyons, dans les rassemblements, nous sommes très bien. Mais lorsque j’observe le taux d’abstention aux élections, je me dis qu’il y a des problèmes. C’est pour cela que j’insiste sur la notion d’électeurs. Je ne suis pas pour ceux qui viennent aux meetings pour dire : « vous êtes les meilleurs ». Je veux des gens qui se déplacent pour aller voter.

Quelle stratégie mettez-vous en place pour les inciter à aller voter ?

Nous sommes en pleine réorganisation et permettez que je n’en dise pas plus, parce que j’ai peur que nos secrets – soient copiés. Il n’y a pas longtemps, une mission du parti est venue à Aboisso pour poser le diagnostic, nous savons ce qui ne marche pas. Nous allons faire en sorte qu’aux prochaines élections nous puissions nous affirmer. Là aussi, il faut reconnaître que nous avons des progrès à faire en termes d’organisation et surtout en termes de cohabitation entre nous d’abord. C’est ça le problème. Il faut éviter qu’on devienne – des adversaires entre, nous-mêmes. Dans certaines délégations, nous avons du travail de mise en harmonie à faire.

Monsieur le Maire, récemment votre parti a lancé un appel à candidatures pour ses militants désireux d’être candidats aux élections locales à venir. Le délai court jusqu’au 31 juillet, avez-vous déjà déposé votre dossier ou est-ce que vous comptez le faire ?

Pour les municipales, j’ai l’obligation de faire acte de candidature, j’estime que c’est un devoir parce que je suis un militant. Je ne suis pas sûr d’être retenu mais je m’alignerai sur la décision du parti. Et en tant que militant qui a des idées et qui veut les faire valoir, je me dis qu’il faut que je sois candidat. Maintenant, c’est au parti de donner les conditions de choix. Faire triompher les couleurs de mon parti est plus qu’important à mes yeux. S’il y a des candidatures qui sont meilleures que la mienne, qui ont plus de chances de prospérer et de remporter les élections, je me plierai. Je ne fais pas de ma présence comme tête de liste Pdci-Rda, un problème de survie.

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Le président  du Pdci-Rda Henri Konan Bédié  et le Vice -Président  Alfred Jérémie N’gouan.

L’information circule au sein de votre parti que pour ces prochaines élections, il n’y aura pas de candidats parachutés. Ce sera à la base de faire le choix des candidats. Partagez-vous cette démarche ?

Oui, ce ne sont que des modalités, mais sachez que dans ce genre de choses, on a beau arrêter les grands principes, on fait toujours des exceptions et c’est bon que ce soit la base qui choisisse.

Des bruits de bottes se font entendre, notamment les décisions du Président Bédié qui sont contestées par la jeunesse. Avez-vous un mot à l’endroit des militants de votre parti ?

On a été pendant longtemps dans l’opposition, on a fait un peu de compagnonnage avec certains partis. Ça n’a pas continué. Bon, je dirai que c’est normal qu’il y ait remise en cause de certaines choses, notamment de la part de la jeunesse. Il nous revient de savoir gérer cela et il nous revient aussi de faire en sorte que les jeunes puissent comprendre notre message.

Le règne du parti unique, c’est fini, le règne de la pensée unique est terminé. C’est normal que les jeunes contestent un tant soit peu certaines décisions. C’est aussi normal que les gens ne soient pas toujours d’accord avec nous, mais il faut prendre le temps de les comprendre, de discuter avec eux, de leur expliquer. Et puis, à un moment donné, lorsqu’on doit trancher, la majorité l’emporte et le débat est clos.

Il y a un bureau politique qui est annoncé pour très bientôt ainsi que le congrès pour le renouvellement des instances. Est-ce qu’à votre niveau, pourriez-vous donner une consigne aux militants d’Aboisso ?

Non, pas pour le moment, car c’est trop tôt-et en plus, je sortirais de mon rôle. Il y a des délégués, – j’ai l’honneur d’être vice-président, je dois quand même avoir une certaine distance, prendre le pouls de la situation, jauger ce qui se passe et non pas me jeter dans l’arène aussitôt. Ce serait maladroit de ma part parce que de même que je disais – qu’il doit avoir débat, je souhaite qu’avant le bureau politique ou avant le congrès, la base mène ce débat aussi. Et c’est en fonction du débat de la base et des idées directrices qui vont sortir que nous allons porter ses idées. C’est la base qui doit décider.

Toujours au service de son parti, le Pdci-Rda

Récemment, le Pdci-Rda s’est mis en alliance avec le parti de Laurent Gbagbo. Certains ont cru voir une union pour revenir au pouvoir en 2025. Pensez-vous que cette union peut être efficace… ?

Il y a dans la politique ivoirienne trois (3) pôles. Je suis heureux de savoir que le parti du président Laurent Gbagbo et le nôtre, partage un certain nombre de choses en commun. Nous devons travailler sur notre base conceptuelle, travailler ensemble sur ce qui nous lie, et puis voir ce que nous pouvons faire ensemble.

Le plus important, ce n’est pas tellement de dire que tel parti est allié à tel autre… mais plutôt de dire « quels sont ceux qui peuvent faire le bonheur de l’Ivoirien ? ». C’est cela la vraie question. Quels sont ceux qui peuvent faire en sorte que tout en restant un pays tourné vers l’avenir, un pays tourné vers la mondialisation, nous ayons un certain nombre de valeurs de nos sociétés qui persistent. Quels sont ceux qui peuvent faire en sorte que cette entente, cette paix qui a toujours prévalu sur le président Houphouët-Boigny subsiste et reste notre credo. Quels sont ceux qui peuvent faire en sorte que la réconciliation soit une réalité et que les Ivoiriens se regardent en frères. Quels sont ceux qui peuvent faire en sorte qu’on dise, finalement, il fait bon vivre en Côte d’Ivoire, un pays où on peut se soigner, nos enfants peuvent aller à l’école, et que notre pays, tourné vers l’avenir participe à la mondialisation et fait avancer le monde, c’est cela qui est important.

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Il y a un débat qui est en cours au sein de votre parti – sur la candidature de son président en 2025. D’aucuns estiment qu’il doit se présenter pendant que d’autres demandent qu’il laisse la place à la jeune génération. De quel côté vous situez-vous ?

Je pense qu’un parti est un ensemble cohérent et on a besoin de tout le monde. Le président du parti a joué un rôle très important, il joue encore un rôle très important et il n’est pas, à mon avis, très habile de procéder comme on veut le faire dire qu’il doit partir.

Le débat c’est d’abord asseoir les instances et créer les conditions pour que le parti puisse – désigner son candidat qui sera, je l’espère un fédérateur. Mais beaucoup de choses ne vont pas dans ce sens et à ce stade, je préfère ne pas en dire plus. Je pense que le débat doit être mené autrement. J’estime tout à fait légitime que les gens aient des ambitions.

C’est normal, peut-être moi-même j’en ai mais je ne vais pas oser le dire, il faut penser aux principes que j’ai évoqués, c’est-à-dire, la reconstitution de nos valeurs, la réconciliation (…) Est-ce que chacun de nous estime qu’il est le meilleur ? Je vous ai fixé le cadre, à vous de voir qui peut y entrer.

Votre opinion sur une militante de votre parti, la députée Yasmina Ouégnin qui fait beaucoup de remue-ménage au sein du parti ? Parce que d’’aucuns la jugent rebelle 

Non, je ne pense pas qu’elle fasse beaucoup de remue-ménage au sein du parti. Yasmina Ouégnin n’est pas rebelle. Les anciens comme nous diront, « vous savez le président Bédié aussi, à un moment donné, a été traité de rebelle ». Ça fait partie de l’ADN du Pdci-Rda. Il faut qu’il y ait des gens qui ne soient pas d’accord et qui s’expriment. Mais Yasmina Ouégnin est une dame que je connais très bien, elle a beaucoup de qualités.

Et puis, est-ce que dans ce paysage très masculin, il n’est pas bon que les femmes viennent exprimer une différence, une manière de voir différemment. En plus, elle incarne une certaine jeunesse du parti. – Il ne faut pas étouffer les gens. Il faut plutôt laisser tout le monde s’exprimer en prenant surtout le temps de les écouter. Je vous assure que si on prend le temps d’écouter les gens, dans une heure de propos, il y a dix (10) mn qui peuvent nous enrichir. On s’enrichit de l’expérience des autres en les écoutant. On s’enrichit même plus en écoutant nos adversaires.

Pendant les élections du président de l’Assemblée nationale, l’un des députés de votre parti, Amankou Jean-Michel, est allé contre les directives du Pdci-Rda pour se porter candidat contre l’actuel président Adama Bictogo. Comment avez-vous vécu cette situation et quel est votre regard sur son attitude ?

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Je n’ai pas suivi cela de près parce que, comme vous le savez, je ne suis plus à l’Assemblée nationale. Mais, je voudrais rappeler qu’en 2018, lorsque le président Soro Guillaume a démissionné, j’ai été choisi pour être le candidat de l’opposition.  Ça été une expérience très enrichissante et j’en garde un très bon souvenir.

Je ne connais pas Monsieur Amankou Jean-Michel et je ne sais pas pour quelle raison, il a fait cela, mais comme je le dis, je n’ai pas suivi l’affaire dans le détail. Je ne peux pas juger ; je dis que c’est une expérience très enrichissante d’être candidat à la présidence de l’Assemblée nationale. Je l’ai vécu en son temps et j’en tire beaucoup de fierté. Autant j’en tire la fierté, autant cela m’inspire beaucoup d’humilité. Et je dirai que dans notre politique, ce qui ferait du bien à tous, c’est un peu d’humilité.

 Quel regard portez-vous sur la cherté de la vie qui est décriée par l’ensemble des Ivoiriens ?

C’est une préoccupation réelle. Quand vous allez au marché, comme moi ça m’arrive souvent, vous voyez que le coût de la vie augmente, ce n’est pas facile. Je ne veux jeter la pierre à personne. On est dans un système libéral et c’est un peu trop facile parfois d’accuser le gouvernement d’être à la base de l’augmentation du coût de la vie. De même que c’est un peu facile de dire que c’est la guerre en Ukraine qui est la cause de toutes les augmentations. Il faut garder une certaine lucidité et être objectif dans ce genre de choses.

C’est vrai que le coût de la vie augmente, c’est vrai qu’il faut faire des choses pour que les Ivoiriens ne paient pas très chers, mais c’est vrai aussi que toutes les décisions qui appartiennent aux autorités doivent être prises pour que le coût de la vie n’augmente pas, c’est un problème pour lequel, je reste très réservé et prudent.

Toujours à l’écoute de ses administrés

La construction du pont à péage sur l’autoroute de Bassam est diversement analysée et fait débat. Aboisso est directement impacté puisque cet ouvrage est situé sur la voie qui mène dans votre localité. Avez-vous un avis à porter sur ce sujet ?

Je ne connais pas le problème dans ses détails. Je ne sais pas dans quelles conditions, le tarif de 1000 F pour les véhicules légers a été fixé ; mais si je me mets dans la situation de quelqu’un qui vit à Grand-Bassam et qui doit aller à Abidjan tous les jours, ça fait vraiment lourd dans le budget de la personne. Il y a quelque chose à faire et il serait bon que dans notre pays émergent, des associations de consommateurs fassent leur boulot. – Quel est le coût exact de la construction de cette autoroute ? Pourquoi on a mis ce péage ? Pourquoi on a attendu si longtemps pour le mettre ? Il y a beaucoup de questions qu’on se pose aujourd’hui. Je pense que dans certaines circonstances, les explications qui ont été données ne me semblent pas suffisantes pour justifier le coût de 1000 F pour chaque passage.