La Chronique du vice-président du PDCI-RDA Kobenan Tah Thomas : « Au rythme des scandales à l’ivoirienne ! »

La Chronique ‘’Les Actualités Politiques Ivoiriennes’’, numéro 39 du mercredi 13 Juillet 2022 du vice-président du PDCI-RDA, Kobenan Tah Thomas.

Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.

Il y a moins d’une semaine, par les ondes d’une chaîne de télévision, nous apprenions que l’Agence Emploi Jeune (AEJ) avait accordé 700 millions de FCFA à un jeune entrepreneur ivoirien pour implanter 50 salons de coiffure franchisés. L’affaire ainsi portée au grand jour ne pouvait que susciter étonnement chez bon nombres de nos concitoyennes et concitoyens qui peinent à faire valider leurs dossiers de demande de financement pour des projets plus modestes. Le refus de rembourser les fonds alloués a conduit l’AEJ à poursuivre l’entrepreneur devant les juridictions compétentes.

Quelques jours plus tard dans la foulée, l’entrepreneur concerné fera savoir que son projet a débuté bien avant le financement de l’AEJ. Mieux, son affaire porte sur 17 salons de coiffure. L’on apprendra plus tard qu’il s’agit plutôt d’un montant de 790 millions de FCFA. Beaucoup d’encre a coulé sur l’affaire. Et l’on se rend compte que la politique d’appui à l’entreprenariat jeune est loin d’être maitrisée.

Cette affaire montre qu’il n’existe pas de montant plafond et que l’AEJ a privilégié la pertinence ( il y a lieu de s’interroger sur ce fait) des projets soumis plutôt que l’impact des financements disponibles pour un nombre plus important de jeunes. En sus, si l’AEJ s’autorise à accorder des financements de plus de 1,2 million de dollars US à un entrepreneur, ne serait-ce pas une forme de concurrence déloyale vis-à-vis des banques commerciales et des établissements financiers dont le métier et la vocation sont de vendre de l’argent à des conditions homologuées ?

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Il y a une historique sur la politique publique du financement de l’entreprenariat jeune en Côte d’Ivoire. Elle avait été mise en place au temps du président Bédié. Elle a eu la prudence d’avoir mis certaines balises, des normes d’éligibilité et une forme de collaboration avec les banques et les établissements financiers et un système de garanties (aval) ; ce qui a permis d’ailleurs d’effectuer des recouvrements sous la primature de Me Ahoussou Jeannot Kouadio mais surtout de mettre les ressources de ces Fonds à la disposition des jeunes de toutes les catégories (rurales, urbaines). Nous ne préjugeons pas que Les Fonds Sociaux avaient accompli des miracles mais ils ont le mérite d’avoir exploré un domaine et l’idéal aurait été que notre gouvernement exploite tous les acquis qui en sont issus. Mais bref ! Ça fait scandale !

49 soldats de l’armée ivoirienne ont été interpelés à l’aéroport de Bamako au Mali le dimanche 10 juillet 2022. Ils sont accusés d’être des mercenaires en mission pour déstabiliser l’Etat malien. Les autorités de la Transition malienne ont pris le lead en matière de communication sur cette affaire avec un communiqué officiel du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation – Porte-parole du gouvernement dès le 11 juillet. Un tweet du Chef de la Transition fait état d’un échange avec le Secrétaire Général des Nations Unies sur le cadre global de l’accompagnement du Mali par la communauté internationale. La première intervention des officiels ivoiriens arrivera le 12 juillet à la suite d’un Conseil National de Sécurité (CNS) avec une injonction de « libérer sans délai les militaires ivoiriens injustement arrêtés« .

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Dès le 13 juillet, RFI rapporte que la mission multidimensionnelle de l’ONU au Mali contredit le CNS (réuni en session extraordinaire sous la présidence du Chef de l’Etat Alassane Ouattara)  et fait savoir que les militaires ivoiriens en question n’ont pas le statut d’éléments nationaux de soutien (NSE) en contrat avec Sahel Aviation Service (SAS).

Notre sentiment est que pour les besoins d’une paix durable, il serait bon de faire l’économie d’une escalade. Espérons bien qu’au-delà du communiqué du Secrétaire exécutif du Conseil National de Sécurité, les bons offices permettront de vider cette affaire aux contours « clairs-obscurs ».  En attendant, ça fait scandale !

Il y a également une semaine, notre décryptage de la finale de Miss Côte d’Ivoire faisait de l’intermède musical de Bébi Philip un discours hautement politique et ce malgré son auteur qui est d’ailleurs resté le musicien qu’il est, tout simplement. Son mérite est d’avoir peut-être contribué à faire sortir notre premier ministre sur la question de la cherté de la vie.

Il faut souligner que par déférence au régime ivoirien, certains niaient la réalité de l’inflation économique. D’autres encore disaient qu’il s’agit d’une crise mondiale. Tout compte fait et c’est un bon début, le Chef du gouvernement ivoirien a confirmé les faits de la cherté de la vie sauf que pour lui, le Covi-19 et la guerre ukrainienne justifieraient l’inflation mondiale et l’hyperinflation ivoirienne. Au total, les justifications de monsieur le Premier ministre sont loin de convaincre la majorité des populations ivoiriennes.

Par-delà tout, l’une de ses phrases nous laisse un peu perplexe : « Sans les subventions, les prix auraient triplé. Nous allons moderniser l’agriculture pour produire ce que nous consommons ». il parlait ainsi des prix du super et du gasoil ! Selon lui, pour l’heure, nous devons nous estimer heureux de la magnanimité du gouvernement qui reste bien entendu le seul à savoir le prix de ses propres efforts pour rendre la vie moins chère en Côte d’Ivoire ! Hum ! L’on n’est pas loin du scandale en tout cas ! Tout compte fait, il sera fastidieux de faire la somme de tous les scandales qui ont cours actuellement.

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Merci et à la semaine prochaine.