Cherté de la vie/ Kobenan Tah Thomas Vice-Président du PDCI : « Bébi Philip, un génie politique malgré lui ! »

La Chronique Les Actualités Politiques Ivoiriennes, numéro 38 du mercredi 06 Juillet 2022.

Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.

Une minute ou peut-être moins, aura suffi à Bébi Philip, artiste du coupé-décalé, pour porter le message sur la cherté de la vie, là où bon nombre des personnes vivant en Côte d’Ivoire auraient souhaité que ce message soit porté. Et pourtant, à coups de gueule, de plume, de papyrus s’il l’eut fallu, de mots savants et bien choisis, du haut des estrades de nos tribunes les plus syndicales et politiques, nous avons rarement fait mouche !

Ce bref discours improvisé devant un parterre de spectateurs amusés aura en définitive dessouché plus d’une querelle ! Il met aujourd’hui face à face deux camps. D’une part, il y a ceux qui pourfendent le gouvernement de Côte d’Ivoire, l’accusant d’être indifférent, si ce n’est qu’il en rajoute aux malheurs des populations avec des postes à péage taxés au prix le plus fort en plus des denrées hors de portée. D’autre part, il y a ceux qui s’érigent en défenseurs inconditionnels de la mandature du Chef de l’Etat.

Sans consulter les uns et les autres, sans prendre parti, si ce n’est celui de la réalité quotidienne des populations ivoiriennes sans distinction, Bébi Philip a lancé son plaidoyer à l’endroit du décideur ivoirien.  Sa tonalité n’était pas vindicative comme l’est habituellement celle des tribuns revendicateurs ! Elle a emprunté la dérision, le trait d’esprit peut-être, mais par-delà ceci, la candeur de l’artiste qui recherchait ses marques pour communier du mieux qu’il pouvait avec son public, dans une ambiance de fête de la beauté.

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Ceux qui coulent au pilori Bébi Philip, génie politique d’une soirée festive, oui, génie politique malgré lui, lui reprochent justement d’avoir dit une chose en un endroit, à une occasion qui n’est pas l’endroit le plus indiqué. Ce n’est donc guère le message qui serait mauvais mais autre chose que le message. Sa déclaration avait-elle une motivation politicienne ou une portée politique ? On l’aura noté, selon la posture qui est la sienne, les uns vont dénoncer la teinture politicienne et calomnieuse du bref discours de Bébi Philip, quand les autres excuseront un discours simple qui n’a « fait que dire la vérité » (Les Gaous). Donc en définitive, personne n’en veut à l’artiste d’avoir dit ce qu’il a dit, on lui reproche d’avoir été opportuniste sur le canal de diffusion et l’effet du message. Notre bébé devrait savoir que chaque chose en son temps et qu’il y a des plaisanteries qui ne siéent pas à la bouche des enfants ! N’est-ce pas ?

Mais, personne n’aura noté le paradoxe de notre monde. La soirée était consacrée à la célébration de la beauté, instants de loisirs, instants de vente de féérie, de rêverie…qui contrastaient avec  la viande de porc bon marché apprêtée dans les maquis populaires de Yopougon…arrosée généralement de seaux d’eau (une certaine bière très grosse ou du « gros grain », cette marque de vin qui n’a qu’une seule couleur. Comprendra qui comprend ! Dans ce sens-là, Bébi Philip en appelait au réalisme, à la (con)-science du parterre de décideurs, d’user de leurs pouvoirs, au-delà du loisir, pour impacter ceux qui n’ont plus droit aux loisirs de luxe, à la coquetterie, à la maroquinerie…

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Soit, il y avait des restrictions sur la liberté des artistes invités à prester au cours de la finale du concours de Miss Côte d’Ivoire ; dans ce cas, les sanctions de toutes natures telles que prévues dans la clause de restriction pourront s’appliquer à  Bébi Philip. Soit encore, il n’y avait aucune balise, aucune restriction et il faudra alors arrêter de harasser l’artiste, sinon, toute cette campagne médiatique et les censures (s’il y en a eues !) s’apparenteraient à une violation de sa liberté d’expression ! Souvenons-nous, dès que le politique réprime l’art, il tue le génie, il musèle le peuple. Et ça, c’est loin d’être bon ! « Sciençons » donc !

Merci et à mercredi prochain.