Gouvernance foncière à Beoumi/André Silver Konan s’engage aux côtés de l’ONG AIDD pour la conquête des terres des ex-villages AVB
Toutes les parties prenantes se sont réunies le samedi 30 avril 2022 à la salle des fêtes de la mairie de Béoumi pour valider les résultats de l’étude commanditée par l’Ong Agir, Innover pour le Développement Durable (AIDD). A cette occasion, l’entrepreneur de cause et patron de presse, André Silver Konan s’est engagé à soutenir l’ONG AIDD. Il a plaidé pour un accord autour des terres des ex-villages déguerpis du département de Béoumi.
Le Discours intégral du journaliste André Silver Konan
Madame le préfet
Monsieur le Secrétaire général de préfecture
Mesdames et messieurs les sous-préfets
Messieurs les députés
Monsieur le représentant du maire
Monsieur le président de l’ONG AIDD
Augustes chefs de villages et de communautés,
Chers parents de Béoumi
Excellences, mesdames et messieurs,
Nous sommes en 1970. Dans une Côte d’Ivoire en pleine réflexion stratégique pour son développement. En plein essor économique aussi. Des populations rurales vivant d’agriculture et de pêche, installées sur leurs terres depuis des siècles, sont priées de céder celles-ci, ici à Béoumi, à la demande de l’Etat incarné par le Président Félix Houphouët-Boigny. Celles-ci obéissent avec certes des poches de résistance, conscientes qu’elles sont de leur participation à l’œuvre gigantesque commune de construction de cette Nation. Le Président Houphouët-Boigny n’a pas pris cette décision pour punir, mais il était convaincu qu’elle était nécessaire pour le développement de la Côte d’Ivoire. Nous n’avons donc pas le droit de le condamner aujourd’hui et je ne le ferai pas.
Ces populations rurales qui ont accepté de partir, avaient conscience de servir de modèle d’espérance promise à l’humanité comme le proclame notre hymne national. C’était un devoir patriotique, que dis-je, c’était un sacrifice patriotique, un don de soi pour la Nation en construction. 52 ans plus tard, beaucoup d’eau du Bandaman a coulé sous le pont du gigantesque projet d’Aménagement de la Vallée du Bandaman (AVB).
Les populations rurales qui vivaient autant d’agriculture que de pêche, se sont multipliées, les enfants de leurs enfants voient de moins en moins de poissons dans les eaux du Bandaman, ce fleuve majestueux, qui, contrairement aux prévisions apocalyptiques n’est jamais sorti de son lit pour envahir des villages environnants.
Nous sommes aujourd’hui en 2022. Les enfants des enfants de ces braves paysans qui ont accepté de consentir ce sacrifice patriotique ; sont face non seulement à la pression démographique, mais à une triple réalité. Un : la rareté de l’emploi. Deux : l’existence de terres préservées depuis des décennies, dont certaines sont exploitées à leur détriment, alors qu’eux, les détenteurs légitimes sont interdits d’exploitation. Enfin trois : le projet de l’AVB est mort.
La question légitime qu’on pourrait, qu’on devrait se poser est donc : que faire ? L’inaction face à la faim qui tenaille nos parents, à la pauvreté qui frappe de plus en plus cette région qui dort pourtant à côté de son propre or vert, à savoir cette forêt jadis exploitée par les pères de leurs pères ; ne saurait être une option. C’est pour cette raison que j’ai choisi de soutenir l’initiative pacifique, réfléchie, coordonnée de l’ONG AIDD de mon cher ami et frère, le jeune Dr Charles Yocolly. Une initiative courageuse destinée à restituer des milliers d’hectares, voire des dizaines de milliers de forêt à des dizaines de milliers de braves paysans.
C’est une initiative du devoir, qui mérite d’être soutenue, Excellences mesdames et messieurs, madame le préfet, mesdames et messieurs les sous-préfets.
C’est une initiative de dignité qui mérite d’être encouragée, messieurs les élus et c’est pourquoi je suis fier que l’Honorable Jean Blessy Chrysostome et de son collègue, Dr N’Guessan, soient aux côtés de leur jeune frère, Dr Charles Yocoli.
C’est une initiative légitime qui mérite, chers parents et chères populations de Béoumi d’être poursuivie, sans faiblesse, mais aussi et surtout, sans arrière-pensée ni tribale, ni régionaliste, ni exclusionniste, ni politique. En ce qui nous concerne, nous ne ménagerons aucun effort pour porter ce message, ce cri de détresse, de douleur de nos parents de Béoumi auprès des hautes autorités qui ont le pouvoir de la décision, et qui, en disant un mot, un seul mot, pourrait libérer ces dizaines de milliers de Béoumifouê. « Andjran kéklé ! ». Dieu nous la bonne compréhension !