La chronique de Kobenan Tah Thomas/Ça ne va pas ; la vie est chère.

La Chronique ‘’Les Actualités Politiques Ivoiriennes’’ numéro 22 du mercredi 23 Février 2022, du vice-président du PDCI-RDA, Kobenan Tah Thomas.

Cette semaine, l’actualité nationale en Côte d’Ivoire est dominée par une sorte de levée de boucliers sur un sujet très embarrassant ; c’est celui de la flambée des prix des denrées sur les marchés. Il va sans dire que tous les réseaux sociaux en font leur chou gras actuellement. Espérons que ce soit eux seulement.

Déjà en juillet 2021, le Premier ministre ivoirien avait réactivé les actions du Conseil National de Lutte contre la Vie Chère (CNLVC). A cette période, il avait fait un lien entre la survenue de certains « évènements successifs…, notamment la Covid-19 et les questions liées à la pénurie circonstancielle d’électricité… » et une attitude opportuniste de certains acteurs qui ont procédé à « des augmentations inconsidérées et inacceptables ».

Il avait été très rassurant en rapportant que le gouvernement avait reçu instruction du Président de la République « pour mettre fin aux dérapages observés et de ramener les prix à des niveaux raisonnables et compatibles avec le pouvoir d’achat des populations ».

Huit mois après juillet 2021, cinq membres du gouvernement, soit celui de l’Agriculture, celui du Commerce, celui de la Communication, celui des Ressources Halieutiques et celui du Transport sont allés sur le terrain pour, disent-ils, « essayer de comprendre la flambée des prix » !

Le premier ministre n’est plus sur le terrain et apparemment, le diagnostic qu’il a posé il y a huit mois n’est plus d’actualité. La Covid-19 ne sévit plus tant que ça et l’électricité est régulière… En revanche, les prix sont plus que jamais à des niveaux très déraisonnables et incompatibles avec le pouvoir d’achat des populations ivoiriennes, toutes tendances confondues ! Les cinq membres du gouvernement essayeront certainement de mieux éclairer la lanterne du premier ministre en rentrant de cette mission de diagnostic rapide opéré sur les marchés.

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Tout compte fait, la sortie des membres de notre gouvernement peut s’interpréter de deux manières. Soit le gouvernement se moque du peuple. Puisque par exemple, personne n’a besoin de se rendre au marché pour comprendre que le super sans plomb a connu une augmentation de 20 FCFA au litre à la pompe. Soit, la sortie du gouvernement n’est rien d’autre qu’une offensive de communication plus qu’une sortie  qui vise à résoudre le problème de ces groupes de femmes et d’hommes parfois qui crient à travers certaines rues et aux abords de certains marchés contre une augmentation excessive des prix ; de tous les prix. Certaines de ces vidéos sont devenues même virales sur la toile. Ce serait inquiétant que notre gouvernement dise qu’il ne voit rien de ces faits sur Internet ! Bref !

A priori, monsieur tout le monde parle d’inflation. Et les politiciens ajouteront la formule d’adversité, « inflation galopante ». Mais il est certain que les puristes de la science économique se retiendront d’aller vite en besogne. Il est vrai que dans leur immense majorité, les populations ivoiriennes ont perdu leur pouvoir d’achat. Il est vrai qu’on note une montée incontrôlable de l’ensemble des prix et l’on note aussi que plusieurs secteurs de l’activité économique sont touchés. Mais il reste à déterminer toutes les causes dont la flambée des prix que nos ministres essaient de comprendre n’est qu’un effet. Il reste à vérifier l’étendue du phénomène aussi dans le temps.

Et notre conviction est que certains signaux d’une inflation sont là mais il serait précoce de conclure à une inflation. En revanche, il reste très probable que pour assurer le maintien du niveau des recettes budgétaires prévues, notre Etat soit dans l’obligation de jouer sur certains leviers. Augmenter subtilement les taxes par exemple. Et cela équivaut à faire payer le peuple.

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Or, certains dysfonctionnements commerciaux dont l’arrêt de l’utilisation de nos ports par certains pays de l’hinterland ouest-africain par exemple, constituent des menaces contre la performance habituelle de certaines régies financières de l’Etat. C’est une autoflagellation que de vouloir asphyxier certains pays ! L’effet boomerang est là ! Et il ne reste plus qu’à souhaiter aux populations ivoiriennes une sortie rapide de cette période difficile.

Merci et à mercredi prochain.